Conjoncture

La conjoncture freine beaucoup de nouveaux projets entrepreneuriaux

Le Baromètre national des entreprises, réalisé par le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce et Xerfi Specific, confirme l’augmentation du nombre d’entreprises en difficulté et le ralentissement de la création d’entreprise. Mise en perspective de ce panorama hexagonal avec la réalité mosellane entrevue des derniers jours.

Les procédures collectives se multiplient depuis 2022.
Les procédures collectives se multiplient depuis 2022.

Voilà quelques jours, nous avions porté l’éclairage sur la situation mosellane des entreprises en 2023 et esquissé ce que pouvait être l’année qui débute (lire notre article du jeudi 4 janvier (https://www.gazettemoselle.fr/article/defaillances-d-entreprises-en-moselle-apres-les-perfusions-des-actes). Dans ce panorama départemental, un élément apparaissait explicitement. D’une part, la montée régulière des défaillances au fil des mois (plus de 600 en 2023) et le maintien dans une tendance haussière des créations (plus de 11 000). Sur la première variable, la Moselle se situe dans ce qui observé au niveau national. Sur la seconde, le département reste dynamique et ne connaît pas la baisse hexagonale. 

Situation dégradée

Le baromètre du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce (CNGTC) atteste d’une situation morose pour les entreprises françaises sur les onze premiers mois de 2023. 2024 démarrera sur des bases fragiles, avec une croissance prévue faible. Malgré la baisse de l’inflation, l’année sera marquée par les effets de l’augmentation des taux d’intérêt et le retournement de la courbe du chômage. Bien que les entreprises maintiennent leurs investissements malgré un contexte financier défavorable, la plupart des indicateurs montrent une dégradation de la situation, notamment traduite par l’augmentation impressionnante des procédures collectives. En effet, le nombre d’entreprises en difficulté bondit de 35 % par rapport à 2022. Plus de 46 000 entreprises ont été recensées. Parmi les secteurs les plus impactés : l’hébergement et la restauration (+ 44 %), qui pâtit d’une difficulté à recruter du personnel et d’une saison estivale plus timide que prévu ; l’information et la communication (+ 43 %) ; la construction (+ 38 %), souffrant principalement de l’augmentation du prix des matières premières. 80 % des procédures collectives aboutissent à une liquidation judiciaire, un chiffre en hausse de 31 % par rapport à 2022.

Les entreprises récentes vulnérables

Parmi ces liquidations , les secteurs du bâtiment et d’immobilier sont les plus exposés à cause de l’atonie du marché immobilier liée à l’inflation et l’augmentation des taux d’intérêts. Le nombre des créations d’entreprises connaît quant à lui un certain recul (- 5 % par rapport à 2022), démontrant que la conjoncture actuelle agit négativement sur les projets entrepreneuriaux. Ce recul touche notamment les secteurs de l’immobilier (- 26 %), l’enseignement, la santé et l’action sociale (- 15 %). Sur un volet plus encourageant, le baromètre indique à l’inverse une baisse du nombre de radiations (- 19 %) sur l’année 2023. Elle touche l’ensemble des secteurs économiques, qui viendrait démontrer que la remise à niveau succédant aux années perturbées de l’après-Covid est en voie d’achèvement. 55 % de ces radiations sont d’ailleurs des radiations volontaires, là où les radiations d’office (- 35 %) ou faisant suite à une procédure collective (- 25 %) reculent fortement. 40 % des radiations recensées entre le 1er janvier et le 30 novembre 2023 concernent par ailleurs de jeunes entreprises créées depuis 2020, mettant en évidence la vulnérabilité des structures les plus récentes, mais qui relève aussi d’un phénomène de «dégonflement» de la bulle des créations dans la foulée de la crise Covid.

Davantage de dossiers de prévention

Ces radiations touchent particulièrement des services prédominants pendant la pandémie, notamment la livraison (9 801 radiations), la vente sur internet (8 293) ou la restauration rapide (4 205). L’âge moyen des entreprises soumises à une ouverture de procédure collective entre le 1er janvier et le 30 novembre 2023 est de 8 ans, avec des disparités selon les secteurs. Par statut juridique, une SARL en procédure collective avait une moyenne d’âge de 9,8 ans, contre 6,1 ans pour une SAS, 8,8 ans pour une entreprise individuelle, 12,8 ans pour une société civile - dont SCI . En 2023, en France, 432 860 dossiers d’entreprises en difficulté ont été ouverts sur les onze premiers mois (- 11 % par rapport à 2022 et - 4,5 % par rapport à 2021. Ce total excède toujours le niveau d’avant pandémie de 8 %. Les dossiers de prévention, très minoritaires en nombre (12 251 dossiers, soit 2,8 % du total) enregistrent, à l’inverse, une progression notable de 15,6 % sur un an d’intervalle, comme en 2022.