Entreprises

Les entrepreneurs mosellans face au défi du recrutement : il y a urgence

L’Union des Entreprises de Moselle vient de lancer un premier cycle de réunions d’information dénommé «task force recrutement». Objectif : brainstormer et trouver des pistes de solutions convergentes pour faire face aux difficultés en recherches de compétences de nombreux chefs d’entreprise. Un mal endémique français, auquel n’échappe pas la Moselle. Forces vives entrepreneuriales et managériales du département ouvrent ici une nécessaire synergie d’idées.

L'Union des Entreprises de Moselle a lancé un champ de réflexion quant à la recherche des compétences. (c) UE57.
L'Union des Entreprises de Moselle a lancé un champ de réflexion quant à la recherche des compétences. (c) UE57.

C’est une action pilote développée par l’Union des Entreprises de Moselle. Elle vise à fédérer les idées et initiatives de l’écosystème entrepreneurial local pour répondre à cette question décisive dans le chemin de vie d’une entreprise : «comment et où trouver les ressources en compétences quand le développement économique de sa société le demande ?» Une interrogation peu aisée à résoudre pour nombre de dirigeants. L’actualité le montre. Les entreprises sont nombreuses à éprouver des difficultés de recrutement. Malgré une croissance qui repart, une économie qui reprend du souffle, un taux de chômage orienté enfin à la baisse, un dirigeant sur deux témoigne de problèmes à trouver le bon candidat. Les exemples sont pléthore au sein des TPE et PME mosellanes.

Le triangle des Bermudes des freins au recrutement

Dès lors, ressurgit, un vieux serpent de mer très hexagonal : l’inéquation entre l’offre et la demande. On touche là une problématique beaucoup plus large quant aux compétences des dits candidats face aux exigences des recruteurs. On le mesure en s’intéressant aux statistiques des offres déposées à Pôle emploi. Nombre de secteurs en Moselle cherchent leurs salariés. En vain, souvent. On connaît par cœur la liste de ces secteurs et métiers en tension. Comme le chômage de masse, les difficultés de recrutement des entreprises sont de nature structurelle. Cela ne date pas d'aujourd'hui. Dès l'entame de 2022 semble se rejouer le lassant refrain des problèmes maintes fois évoqués et au final jamais résolus. Pour trois raisons essentielles : la pénurie de main-d’œuvre, les lacunes des candidats en termes de compétences et le manque d’attractivité des postes à pourvoir en termes de salaire, de conditions d’emploi et de travail.

Pas qu'une affaire de salaires...

Les enquêtes se succèdent sur le sujet, livrant souvent des conclusions identiques : les difficultés varient en fonction de la nature du contrat, du type de poste, du secteur d’activité. Elles sont ainsi plus importantes pour les recrutements en CDI, sur des postes qualifiés. Une chose est certaine. Plus de 70 % des chefs d’entreprise déplorent que l’absence de main-d’œuvre qualifiée constituent un frein majeur à l’embauche. L’augmentation du salaire d’embauche n’est pas une solution forcément privilégiée par les employeurs, lesquels opteraient davantage vers une intensification de leurs efforts de recrutement, un assouplissement de leurs exigences vis-à-vis des candidats et une modification des caractéristiques du poste. La réforme de l’assurance chômage, la facilitation de la mobilité géographique et professionnelle et accroissement de la formation sont ici les clés des compétences. Une vraie urgence face à un défi colossal : la mutation des emplois dans les années à venir en raison de la transformation technologique et numérique et de l’automatisation. Une étude de l’OCDE notait : «À court terme, 30 % des emplois sont susceptibles de voir leur contenu évoluer. Un sur deux va changer dans les 10 ans et 16 % vont disparaître d’ici 2030.» La transformation digitale amène donc des compétences spécifiques. Plus qu’une simple adaptation, il s’agit en fait de changer le paradigme des process de recrutement des entreprises.

L'employabilité au centre du jeu

L’employabilité et le contrôle des compétences se placent au centre des ressources humaines. Cette évolution des métiers nécessite déjà une expertise plus poussée. L’avenir du recrutement ne sera plus avec le traditionnel CV. Savoir-être et intelligence émotionnelle seront de nouveaux critères d’embauche. Les soft skills, de plus en plus plébiscités par les dirigeants, se situent dans cette tendance innovante. Pour le chef d’entreprise, il faudra s’assurer que le salarié s’adaptera aux évolutions à venir dans son métier et soit à même de se former tout au long de son parcours. La dynamique peut être enclenchée par l’État, déclinée sur les territoires. Ce sont vers eux que les regards se tournent. Vers celles des expérimentations au niveau local. C’est tout le sens de l’action de l’Union des Entreprises de Moselle, via l’initiative «task force recrutement». Dont la première session a vu l’intervention de Fabrice Nourdin, directeur territorial de Pôle emploi Moselle, et de Valérie Fabing, responsable du service partenariat et entreprises. Les quelques dirigeants présents ont des accents de pionniers, ouvrant un chemin, où l’intelligence collective prévaut. Ensemble, trouver le sens recherché. Le meilleur gage de réussite et de progression.