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Yoann Szwec, la belle histoire d'un Mosellan globe-trotter

Le Mosellan Yoann Szwec a fait de sa trajectoire professionnelle une aventure. Après pléthore d’expériences, cet infatigable globe-trotter a lancé l’été dernier l’entreprise Maison La Carrière, à Montigny-lès-Metz. Credo : du mobilier haut de gamme et design à base de pierres rares venues du monde entier et façonnées par des artisans locaux. C’est beau et porteur de valeurs authentiques : les siennes. La Gazette Moselle a rencontré ce personnage hors normes. Yoann Szwec, c'est un peu «no limit».


Yoann Szwec dans son atelier montignien.
Yoann Szwec dans son atelier montignien.

«Je suis capable de coups de folie, j’aime cette sensation de régresser, à avoir moins ce que j’ai dans l’instant, pour me débrouiller ensuite, afin de rebondir. Je me tiens toujours prêt», assure Yoann Szwec. À bientôt 32 ans, il les aura le 22 décembre, le Mosellan de racines s’est forgé une trajectoire à tiroirs. Résumer le parcours de ce passionné de la vie, c’est comme ouvrir une série de poupées russes. Une évolution succède à une autre qui prend la suite de l’autre, etc. Dès lors, on le devine aisément, cette course, sorte de quête vers un absolu insaisissable, est jalonnée de rencontres humaines. Un mot campe ce chemin atypique : l’abnégation.

Le chemin d'un travailleur

Celui qui réside à Scy-Chazelles est un bosseur acharné, du genre à ne jamais lâcher le morceau, animé par le sens du beau. «Très tôt, en parallèle de mes études, je travaillais en boulangerie. Les week-ends et durant les vacances scolaires», explique-t-il. Après une licence marketing, il prend un virage, à 24 ans. «J’avais besoin de faire le point avec moi-même. Je ne parlais pas anglais et je suis parti durant neuf mois à Londres.» À la question de savoir si ce soudain désir d’outre-Manche a pu un instant inquiéter ses proches, Yoann Szwec sourit : «Ils savent quel est mon caractère. Ils n’ont pas été surpris.» Après ce temps d'introspection, ce bail ressourçant, le voilà de retour dans l’Hexagone, employé à Thionville comme technico-commercial paramédical chez Adam Orthopédie. Nous sommes en 2015 et déjà son esprit est ailleurs. Car la suite coule de source. Limpidement, il conte la genèse des mois suivants : «À 15 ans, je voulais monter ma boîte. Je recherchais déjà cette liberté de faire, de m’accomplir.»

Tout part d'un vécu du quotidien...

2017 : Yoann Szwec largue une nouvelle fois les amarres, citant le soutien de Pôle emploi à ce moment de sa carrière. Il crée son entreprise Carmela Trading. Process : accompagner les entreprises françaises dans leur développement à l’export. «Jai rejoint Globallians, réseau de sociétés indépendantes expertes en accompagnement international et spécialisées. Ainsi, je suis présent dans une quarantaine de pays.» Avec cette opportunité, ô combien intéressante, on aurait pu le croire rassasié. Mais, Yohann Szwec a une ligne de conduite : avancer, avancer, toujours avancer. Hors des sentiers battus bien volontiers. «J'étais à la croisée des chemins. Mon travail me plaisait, mais essentiellement développé en ligne et via les réseaux sociaux. Avec ces contacts virtuels et continus, la présence humaine m'a manqué. Ma nouvelle idée m’est venue à l’esprit l’an passé. Avec ma compagne, nous cherchions pour notre domicile une table à manger avec un plateau de pierre. En vain. Nous ne trouvions rien. J’ai pris contact avec un marbrier et un métallier que je connaissais pour la faire fabriquer selon nos souhaits. De fil en aiguille, j’ai été attiré et motivé pour développer tout un concept à partir de cet exemple initial.»

Des pierres rares du bout du monde...

Lui qui se définit comme un «électron libre», n’hésite aucunement. À l’été 2021, après une solide étude de marché et toutes les étapes jalonnant une création, qu’il maîtrise, il lance sa seconde entreprise, en parallèle de Carmela Trading. Elle s’appellera Maison La Carrière. Avec un associé, il retape un local de 300 m², en retrait du centre-ville de Montigny-lès-Metz, fonctionnel et facile d’accès. C’est en cet endroit précis que va grandir Maison La Carrière. Le concept, l’intéressé le détaille : «Nous développons une gamme de mobilier comprenant tables à manger, de réunion, de bar, de restaurant, bureaux, guéridons, tables de chevet avec tiroirs, basse…» Le mobilier constitué se distingue par ses plateaux en pierre naturelle. Yoann Szwec poursuit : «Maison La Carrière ne travaille qu’avec des pierres rares, quartzites et granits, provenant d’Inde, du Brésil, de Namibie, d’Afrique du Sud. Notre choix se fonde sur la beauté des pierres, leur esthétisme, leur facilité d’entretien, leur durabilité. Chaque meuble raconte une histoire, quelque chose d’intime avec une personne ou un lieu, conçu avec soin et fait pour durer.» Les pièces reposent sur des structures confectionnées en acier refondu par un artisan ferronnier, lequel marie techniques traditionnelles et savoir-faire français.

... façonnées par l'artisanat lorrain

Sur le site web de l’entreprise, le client peut personnaliser son meuble et choisir parmi 14 pierres différentes et 7 couleurs de piétements. Les pierres, elles, sont façonnées à la main par un artisan marbrier qui les découpe, chanfreine, poli et traite, dans les règles de l’art. Dans ce cheminement, Yoann Szwec ajoute un argument auquel il tient énormément, comme la clé de voûte de son édifice : «Dès le début, j’ai voulu que Maison La Carrière adopte une approche globale de la durabilité afin de maîtriser son impact environnemental. Le packaging est 100 % recyclable, fabriqué par une entreprise locale labellisée FSC qui certifie que le bois provient de forêts gérées de manière responsable. L’emballage a été conçu de façon totalement novatrice. Plus globalement, dans cette recherche d’excellence écologique, nos fournisseurs possèdent des certifications attestant qu’ils respectent Hommes et Nature. L’idée est générée, à toutes les échelles de notre chaîne, un modèle vertueux. L’assemblage est réalisé dans notre atelier tout comme le design.» Quelle est la clientèle de Maison La Carrière ? «Ce sont des particuliers mais aussi des professionnels, comme les architectes, décorateurs d’intérieur, hôteliers, restaurateurs, entreprises, professions libérales comme les notaires, les dentistes, les médecins... J'espère bientôt collaborer avec des enseignes de meubles.»

Un défi, des défis...

Ce savoir-faire 100 % français, et même 100 % Grand Est, qui n’est pas du marbre, vaut assurément le détour et le coup d’œil pour en visualiser toute la qualité et la rareté. D’ailleurs, sur rendez-vous, les visiteurs sont les bienvenus à l’atelier. Dans sa galaxie, Yoann Szwec apparaît comme un navigateur, à rebours des us et coutumes et des modes de consommation actuelles. Quand trop d’items mettent en avant la volatilité et l’éphémère, lui répond durabilité et ancrage. Cela a assurément un côté rassurant et apaisant. Qui fait du bien, surtout en cette époque si tourmentée et incertaine. Lui n’oublie pas de mettre dans sa hotte de bienveillance ses remerciements celles et ceux l’ayant soutenu dans ce projet un peu fou, désormais sur les rails, particulièrement la personne chargée de la création artistique et de l’aspect communication. On peut être interrogatif : «Désormais, posé, Yoann ?» Ne se départissant jamais de son affabilité, il se projette : «Il est vraisemblable que dans 4 ou 5 ans, j’aurai une autre idée pour changer.» On ne se refait pas...

Pour aller plus loin :
https://maisonlacarriere.com/