Entreprises

«Rien ne change et tout change en même temps»

Alizé Scheibel vient de reprendre la Clinique de la machine à coudre à Marly. Après six années comme salariée, la jeune femme réalise enfin son rêve de devenir chef d’entreprise.

Le beau parcours d'Alizé Scheibel. © Clinique de la Machine à coudre.
Le beau parcours d'Alizé Scheibel. © Clinique de la Machine à coudre.

«Une bonne vendeuse est capable de tout vendre.» Cette phrase prononcée par son papa accompagne Alizé Scheibel depuis ses premiers pas dans le monde du travail. Il faut dire que c’est bien 1 001 vies qu’elle a testées comme commerçante non sédentaire, directrice d’un parc d’attractions, poissonnière… mais avec toujours cette envie d’être au contact des clients. Alors en juin 2018 quand elle prend connaissance d’une offre d’emploi pour devenir salariée de la Clinique de la machine à coudre, elle fonce, sans se poser de question, même si elle avoue, à cette époque-là, ne jamais avoir eu une machine à coudre entre ses mains. Peu importe. Son enthousiasme et son contact facile auront vite fait la différence. Après avoir été formée par ses anciens patrons, puis avoir pris ses marques, elle se rappelle une date clef. En septembre 2020, elle se retrouve seule à gérer la boutique : elle s’occupe alors de l’accueil des clients, de la prise de rendez-vous, de la commande de pièces. «Tout sauf la mécanique, les réparations sont confiées au gérant», précise-t-elle. Et en 2023, il a voulu lever le pied. Elle saisit alors l’opportunité de se positionner pour reprendre l’enseigne mosellane. Depuis quelques jours, c’est désormais officiel. Elle est à la tête de cette entreprise spécialisée dans la vente et la réparation de machines à coudre et qui a su rebondir au moment du Covid. Si la crise sanitaire a mis un coup d’arrêt dans de nombreuses entreprises, ce n’est pas du tout le cas pour la Clinique de la Machine à coudre qui a connu un vrai renouveau. Auparavant, seules les «grands-mères» utilisaient leur machine à coudre pour réparer ou concevoir, mais en 2019, de nombreuses personnes se mobilisent et décident de fabriquer des masques en tissus au cours notamment du premier confinement.

Une clientèle renouvelée et diversifiée

Ces couturières n’ont depuis plus quitté leurs nouvelles habitudes de consommation. Les jeunes générations, avec des convictions écologiques, sont de plus en plus nombreuses à promouvoir le 0 déchet avec des couches jetables et autres lingettes fabriquées à la main et réutilisables à souhait, sans compter ceux qui se battent contre le «made in china» et ont fait le choix de consommer différemment en concevant leurs vêtements. S’il y a encore cinq ans, les machines à coudre avaient une image quelque peu vieillotte, c’est désormais moderne pour ne pas dire tendance de les manier, même pour les néophytes. «On assure des formations individualisées pour chaque achat de machine. Les clientes peuvent venir autant de fois à la boutique qu’elles le souhaitent pour apprendre à utiliser leurs machines», explique Alizé Scheibel. Après une année record en 2020, les chiffres 2024 pourraient être encore supérieurs. Les premiers bilans vont ainsi dans ce sens, à l’image du salon Creativa qui a eu lieu en février et qui a très bien fonctionné. Au-delà de la vente de nouvelles machines, les couturières savent qu’elles peuvent aussi venir faire réparer leurs machines à Marly. Certaines ont 50 voire 60 ans, mais elles fonctionnent toujours très bien. «Pour le moment, l’ancien gérant assure les réparations et aussi longtemps que ce sera nécessaire, mais l’objectif est que je recrute prochainement un salarié qui s’occupera de la vente mais aussi des réparations. Le but est évidemment que je sois autonome et disponible pour toutes les formations que nous proposons», confie la trentenaire, heureuse d’avoir franchi un nouveau pas dans sa vie professionnelle, ajoutant finalement : «Rien ne change et tout change en même temps.»

A.M.