Résultats satisfaisants et inquiétudes pour le futur

Avec 2,4 milliards d’euros d’adjudications (hors frais) en France en 2012, les ventes aux enchères ont connu une croissance de près de 2% par rapport à l’an dernier. Mais les résultats sont inégaux selon les secteurs, et certaines évolutions du marché hexagonal inquiètent les professionnels.

Les ventes aux enchères affichent une croissance de 2 % l’an passé dans l’Hexagone avec de fortes disparités sectorielles.
Les ventes aux enchères affichent une croissance de 2 % l’an passé dans l’Hexagone avec de fortes disparités sectorielles.
Les ventes aux enchères affichent une croissance de 2 % l’an passé dans l’Hexagone avec de fortes disparités sectorielles.

Les ventes aux enchères affichent une croissance de 2 % l’an passé dans l’Hexagone avec de fortes disparités sectorielles.

Les professionnels des ventes volontaires aux enchères publiques étaient heureusement surpris. Fin juin à Paris, le Conseil des ventes volontaires (CVV) présentait son rapport d’activité annuel. «Nous nous attendions à ce que l’année ne soit pas très bonne, à cause des répercussions de la crise mondiale. Or, le marché est relativement constant, à hauteur de 2,42 milliards d’euros. Ce qui nous a le plus surpris, c’est que ce n’est pas le marché des arts et des collections qui a permis cette progression légère, mais celui des véhicules», analyse Catherine Chadelat, la présidente de l’autorité de régulation de la profession. De fait, le secteur «véhicules d’occasion et matériel industriel » qui pèse environ 1 milliard d’euros, a progressé de 6,5 % en une année, et représente à présent 45 % du montant total des adjudications. La tendance s’inverse dans le secteur «arts et collections», qui constitue la moitié de l’activité globale. Il a subi une légère baisse, avec 1,2 milliard d’euros d’adjudications, soit 1,8 % de moins que l’an dernier. Les «arts et antiquités» au sens strict représentent les deux tiers de cette catégorie, soit 825 millions d’euros d’adjudications, en baisse de 5 %. Le reste est constitué d’articles comme la joaillerie, les alcools ou encore les objets de collection. Quant à l’art contemporain, «il stagne en France, alors qu’il continue d’exploser les ventes à New York», remarque Catherine Chadelat. Sur le plan international, c’est l’un des évènements de l’année : New York est redevenu la première place mondiale en termes de ventes, avec 4 milliards d’euros de produits de ventes, en 2012. Au total, dans le monde, 24,5 milliards d’euros d’adjudications (frais inclus) sont comptabilisés en 2012, soit une baisse de 6 % environ par rapport à 2011.

Faiblesses hexagonales

Certaines caractéristiques du marché hexagonal inquiètent les professionnels. En 2012, la France compte 412 opérateurs de ventes aux enchères volontaires, un chiffre en augmentation de 4 % par rapport à l’an dernier. On dénombre 623 commissaires-priseurs, soit 2 % de plus qu’en 2011 et 2 565 salariés. «Je trouve que cela pose un problème de voir que le nombre de sociétés a augmenté. En France, il n’y a pas de constitution de pôle de vente aux enchères un peu fort, avec des moyens renforcés au niveau financier et commercial, en face des grandes sociétés anglo-saxonnes et des pays émergents», analyse Philippe Limouzin- Lamothe, conseiller, maître à la Cour des comptes, membre du CVV. Le Conseil des ventes pointe une autre difficulté, «les ventes atypiques, qui se développent de plus en plus», ajoute Catherine Chadelat. Exemple : le Code civil expose clairement que le corps humain n’est pas commercialisable. Toutefois, dans le cas des reliquaires, «Estce un objet d’art ? Un morceau de corps humain ? Peu de professionnels ont le réflexe de nous saisir sur des ventes qui peuvent poser question», regrette la présidente du CVV. Or, les cas potentiellement litigieux sont légions, comme dans la vente d’objets provenant du débarquement en Normandie, qui comprenaient des costumes de SS. De plus, «nous nous trouvons face à des revendications croissantes qui ont trait à des objets appartenant au passé historique d’une communauté», ajoute Catherine Chadelat. Ce fut le cas pour la vente des masques Hopis, contestée par la tribu amérindienne qui a tenté de faire annuler la vente devant les tribunaux, arguant de la valeur sacrée de ces objets. Et des pays d’Amérique centrale sont de plus en plus actifs pour contester certaines ventes, invoquant par exemple du caractère illicite de leur provenance. Pour le CVV, cette sorte de vente doit être soigneusement préparée, pour éviter de potentielles catastrophes financières.