Entreprises

Résilient, le tissu entrepreneurial mosellan résiste aux crises

En cette fin d’année, la conjoncture de l’entrepreneuriat est contrastée. L’impact des crises successives, depuis celle de la Covid-19, est bien réelle et fragilise le tissu local mosellan. S’il sait s’adapter, il n’est pas épargné par la hausse des défaillances. Avec, tout de même, un solde de créations de nouvelles entreprises supérieur à la moyenne nationale dans le département. Quelles perspectives à l'approche de 2024 ?

L'activité immobilière est l'une des plus impactées par la hausse des défaillances.
L'activité immobilière est l'une des plus impactées par la hausse des défaillances.

Le récent baromètre national des entreprises établi par le Conseil national des tribunaux de commerce et l’Institut Xerfi Spécific dressent ces jours-ci une conjoncture économique peu encourageante pour l’entrepreneuriat. En effet, sur le plan hexagonal et la base des six millions d’entreprises immatriculées au Registre du commerce et des sociétés, si le décrochage apparaît ralentir sa chute par rapport aux trimestres antérieurs, le troisième trimestre reste inquiétant. Le nombre d’entreprises en difficulté a augmenté de + 22 % par rapport à la même période l’an passé. Le nombre de radiations baisse de 14 % par rapport au 3e trimestre 2022. Sur un espace de trois mois, du 1er juillet au 30 septembre, plus de 10 000 entreprises ont fait l’objet d’une ouverture de procédure collective, élevant à 35 000 le nombre de procédures ouvertes depuis le début de cette année.

Tous les secteurs impactés

Ces procédures collectives impactent en particulier plusieurs secteurs : les activités financières et d’assurance (+ 38 % sur le 3e trimestre 2023, comparé au même trimestre 2022), celles de conseil et les services aux entreprises (+ 37 %), le secteur de l’information et de la communication (+ 35 %), l’enseignement, la santé et l’action sociale (+ 28 %), la construction (+ 26 %) et l’hébergement et la restauration (+ 21 %), et, à un degré moindre, le commerce (+ 16 %), le transport et l’entreposage (+ 13 %), les activités immobilières (+ 11 %). Aucun secteur d’activité n’est épargné par cette tendance haussière des défaillances. L’âge moyen des entreprises au moment de l’ouverture de la procédure collective selon les secteurs est de 8 ans et deux mois. Selon les principaux statuts juridiques, la SARL (9 ans et 7 mois) et la SCI (9 ans et 9 mois) semblent avoir de meilleurs gages de solidité que l’entreprise individuelle (9 ans) et la SAS (6 ans). À un an d’intervalle, 7 723 liquidations judiciaires ont été enregistrées (+ 18 %), 2 434 redressements judiciaires (+ 38 %) et 275 procédures de sauvegarde (+ 33 %). Les premières représentent 74 % des ouvertures de procédures collectives selon le type de jugement. Ici, les secteurs les plus fragilisés sont les agences immobilières, les entreprises de nettoyage courant des bâtiments, celles liées au travaux de maçonnerie générale et gros œuvre du bâtiment qui subissent le repli de la construction neuve.

Prévenir les difficultés

Au cours du 3e trimestre 2023, plus de 106 000 entreprises ont été détectées comme étant en difficulté, soit un recul de 15 % par rapport au 3e trimestre 2022. Presque 80 % des ouvertures de procédures préventives se font par convocation suite à des informations internes. Les demandes d’entretien spontanées représentent 15 % de l’ensemble des dossiers de prévention étudiés, lesquels débouchent, pour 45 % d’entre eux, à une ouverture de procédure préventive. Il est intéressant de croiser ces chiffres nationaux avec ceux émanant de la Moselle. Dans le département, le nombre d’entreprises en défaillance s’est élevé au 3e trimestre à 114. C’est + 28 % par rapport au même trimestre 2022. Sur les huit premiers de l’année, 451 entreprises ont été enregistrées comme en difficulté (+ 39 % par rapport à 2022). Cela dans le contexte où la région Grand Est (hors Alsace) est l’une des plus touchées par cette hausse des procédures collectives.

Être collectif

Si la Moselle se situe au-dessus des moyennes nationales, elle fait néanmoins mieux sur le plan des créations d’entreprises. Quand, sur le plan hexagonal, ce nombre, entre juillet et septembre 2023, baisse de 2,5 %, il augmente de 9 %, dans le périmètre mosellan. Sur les neuf premiers mois de l’année, en Moselle, 8 742 entreprises ont été créées, c’est + 4 % par rapport à 2022, et - 1 %, à 2021. Dans ce paysage bien contrasté, que sera le court terme ? Dans un climat économique fluctuant, il convient d’aborder avec la plus grande prudence. On l’a vu depuis quatre ans, les crises se succèdent. Les chefs d’entreprise savent faire preuve d’adaptabilité et de résilience. Il n’empêche. La réalité est là : elle est celle, immédiate, des trésoreries et de la capacité à se projeter. Dessiner un proche avenir teinté à l’eau de rose serait utopiste. Annoncer un cataclysme économique tous les quatre matins, également. L’entreprise a besoin de stabilité et de vision. D'optimisme également. Par les temps présents, cela ne peut pas faire de mal, et être un bon moteur pour avancer, avec volontarisme et pragmatisme. Enfin, le sens collectif doit battre en brèche l'individualisme et le repli sur soi. La route est longue pour recouvrer la route de la confiance. Il s'agit là d'un défi immense.

Les secteurs enregistrant la plus forte croissance du nombre de liquidations judiciaires à un an d’intervalle (évolution sur la période du 1er juillet au 30 septembre 2023 par rapport à la même période en 2022) :

+ 175 % : agences immobilières

+ 132 % : activités des sociétés de holding

+ 124 % : programmation informatique

+ 102 % : conseil pour les affaires et autres conseils de gestion

+ 98 % : nettoyage courant des bâtiments

+ 90 % : travaux de maçonnerie générale et gros œuvre du bâtiment

+ 87 % : boulangerie et boulangerie-pâtisserie

+ 86 % : travaux d'installation d'eau et de gaz

+ 82 % : coiffure

+ 76 % : travaux de peinture et vitrerie