Reprendre une entreprise Bon plan ou galère ?

Plus simple de reprendre une entreprise que d’en créer une? Pas évident, expliquent un témoin et des professionnels du secteur, lors d’une table ronde organisée par l’Ajpme. L’enjeu : quelque 300 000 emplois chaque année.

Reprendre ou créer une entreprise ? La question est toujours délicate même si l’urgence de la transmission d’entreprise pourrait pousser les potentiels créateurs à reprendre.
Reprendre ou créer une entreprise ? La question est toujours délicate même si l’urgence de la transmission d’entreprise pourrait pousser les potentiels créateurs à reprendre.
Reprendre ou créer une entreprise ? La question est toujours délicate même si l’urgence de la transmission d’entreprise pourrait pousser les potentiels créateurs à reprendre.

Reprendre ou créer une entreprise ? La question est toujours délicate même si l’urgence de la transmission d’entreprise pourrait pousser les potentiels créateurs à reprendre.

«Je ne me suis jamais réveillé un matin en me disant : Eureka, j’invente un truc», raconte Franck Vasseur. Il a donc préféré racheter une entreprise. Ce fils d’agriculteur qui a exercé des responsabilités chez des éditeurs de logiciels importants, après avoir effectué une école de commerce, a raconté son parcours lors d’une table ronde sur la reprise d’entreprise organisée par l’Ajpme, l’Association des journalistes spécialisés dans les PME, et la Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP), le 15 novembre, à Paris.

Un face à face compliqué

A 35 ans, Franck Vasseur est un peu plus jeune que les repreneurs d’entreprise tels que les décrit Maxime Amieux, chef de produit et responsable du réseau «Passez le relais», à la CCIP. «850 repreneurs sont accompagnés chaque année en Ilede- France. Ce sont souvent des cadres supérieurs de grands groupes internationaux et ils ont 45 ans en moyenne (…), un profil financier, marketing, commercial… 30 à 40% de ceux qui viennent nous voir aboutissent. Ils ont souvent fait des études supérieures», explique Maxime Amieux. De l’autre côté de la table de transaction, les cédants «sont la plupart du temps des autodidactes, qui ont créé eux-mêmes leur affaire. Vers 60 ou 65 ans, ils se retrouvent face à des repreneurs qui ont un profil diamétralement opposé. Qui c’est ce financier, se demande parfois le cédant qui cherche un peu le gendre idéal», ajoute-t-il. De façon générale, l’offre et la demande ont du mal à se rencontrer : en Ile-de-France, 90% des entreprises à céder comptent moins de 10 salariés. Et 90% des repreneurs cherchent des entreprises de plus de 10 salariés. Le cédant de «L’autre rive» est atypique : «il avait 41 ans, un profil très créatif, mais n’avait pas voulu dupliquer les points de vente, car il n’était pas prêt à prendre le risque», explique Franck Vasseur, qui connaissait le secteur funéraire pour l’avoir étudié en école de commerce.

Deux capitaines

Jean-Pierre Robin, membre du conseil d’administration des Cédants et repreneurs d’affaires (CRA), l’association qui accompagne environ 1 500 repreneurs et 600 cédants chaque année, est soucieux du devenir de celui qui, vendant son entreprise, risque de se retrouver sans avoir rien à faire du jour en lendemain, après des décennies d’hyperactivité. Pour lui, «le cédant a un carnet d’adresses formidable qui peut lui permettre de rester utile, en continuant à contribuer au développement commercial de l’entreprise». Anne Guérin, directrice régionale d’Oseo en Ile-de-France, est beaucoup moins enthousiaste. «Il faut passer le relais au niveau commercial et auprès des salariés pour que le repreneur soit présenté, et après, s’esquiver. La présence du cédant peut faire des dégâts. Cela doit être court, et très bien défini», estime-t-elle. Parmi les autres mauvaises surprises que peuvent rencontrer les repreneurs d’entreprise, ajoute Anne Guérin, «il peut y avoir des fournisseurs payés à 90 jours suite à un accord avec l’ancien patron, et qui remettent en cause ce délai».

Capital et contacts

Pour pallier ce type d’imprévu, la professionnelle préconise donc de prévoir de la marge financière dans le plan de reprise de l’entreprise. «Acheter au bon prix va permettre de garder un peu de cash disponible pour faire face aux aléas. Quand on a des grosses charges de remboursement, cela peut empêcher de réaliser des investissements, par exemple. Il faut faire attention à la dette. Autrement, au lieu de passer son temps à développer l’entreprise, on se soucie de la trésorerie», met en garde Anne Guérin. Franck Vasseur, lui, a emprunté 400 000 euros sur sept ans, auprès de la Caisse d’épargne, après avoir mis en concurrence quatre établissements. Et il a ajouté 200 000 euros d’apport personnel. En sus du banquier, d’autres professionnels sont indispensables pour réaliser une reprise d’entreprise. Franck Vasseur a dépensé quelque 30 000 euros en ce sens. Pour lui, l’expert-comptable s’est révélé «très utile». De l’avocat, il retient surtout l’addition… Mais, aussi, l’entrepreneur s’est adossé au réseau Entreprendre pour disposer d’un accompagnement. «C’est très utile. Toutes les trois semaines, on a rendez-vous avec un parrain, des experts… Ce sont des ouvertures indispensables», conclut-il. «Celui qui ne s’est entouré d’aucun conseil… cela nous inquiète un peu», confirme Florent Lamoureux, directeur du marché des professionnels à la Caisse d’Epargne.