Gazettescope

Les stéréotypes de genre en entreprise, on en sort ?

Les stéréotypes, les clichés, sont partout dans la société, complexifiant notre vivre ensemble. Qu’en est-il en entreprise ? Les femmes y seraient ainsi «plus organisées, managers plus efficaces, plus carriéristes que les hommes» quand ceux-ci seraient «plus leader, charismatiques, individualistes, courageux que leurs homologues féminines.» La Gazettescope a déroulé la pelote de laine de ces idées toutes faites… ne reposant sur rien.

Sortir des clichés pour des relations apaisées.
Sortir des clichés pour des relations apaisées.

Les clichés ont encore de beaux jours devant eux. Deux semaines après la parution d’une étude du Haut Conseil à l’Égalité sur l’état des lieux du sexisme en France - résultats dont on n’a pas à se réjouir -, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) s’est penchée sur la persistance des stéréotypes de genre dans la société. L’étude publiée le 8 février dernier révélait que la majorité des Français les rejetait pris dans leur ensemble. Cependant certains clichés demeurent tenaces. Parmi les personnes ayant répondu aux questions de la Drees en 2020 et 2022, plus d’une sur deux rejette les stéréotypes de genre (13 % les rejettent fortement, 41 % y sont modérément opposées). À l’inverse, elles sont 26 % à y adhérer, 9 % de manière marquée et 16 % modérément. Les 21 % restantes se situent dans une position ambivalente.

Une panoplie de clichés

Si on pose la loupe sur les stéréotypes en entreprise concernant les deux sexes, on tombe vite dans les caricatures qui n'ont aucun fondement. Cela peut paraître drôle. En réalité, pas vraiment, surtout pour celles et ceux qui les subissent. Par définition, un stéréotype est cette manière de généraliser à tout un groupe de personnes quelques caractéristiques sans tenir compte des spécificités, du caractère, du vécu de chaque individu. Le danger du stéréotype est qu’il engendre une propension à nommer, à promouvoir quelqu’un par rapport à son genre plutôt qu’à son potentiel et à ses résultats. Quels sont donc ces stéréotypes dans la sphère travail pour les femmes ? Sous l’angle positif, elles seraient «meilleurs managers que les hommes», «plus organisées, plus rigoureuses et plus empathiques.» Côté négatif, elles «manqueraient d’ambition», «n’auraient pas envie d’avoir des postes élevés.» Il ressort «que plus une femme fait carrière, plus elle sera considérée comme carriériste.» Chez les hommes, sur le versant positif, ils seraient «plus leaders» et «plus charismatiques», «plus courageux», «sauraient davantage commander.» Rayon négatif, «plus individualistes», «plus autoritaristes», «plus maladroits en échanges.»

Accepter plutôt que juger à l'emporte-pièce

Être conscient des stéréotypes qui nous entourent est une façon de s’en débarrasser, ou du moins les atténuer. Jauger une personne selon son ambition, sa motivation, sa disponibilité peut paraître évident. Dans les faits, cela l’est beaucoup moins. Nos a priori nous envahissent vite… De manière générale, les hommes de 65 ans ou plus, les immigrés, les moins diplômés sont plus susceptibles d’adhérer aux stéréotypes de genre, selon la Drees. Au contraire, les femmes et les personnes diplômés du supérieur sont surreprésentées parmi les personnes les rejetant. Si un haut niveau d’éducation semble jouer dans le rejet des clichés de genre, le phénomène s’inverse quand on se focalise sur le niveau de revenus des sondés. Ainsi, les plus élevés sur l’échelle de niveau de vie sont plus enclins à adhérer à certains stéréotypes, notamment ceux concernant de supposées différences d’aptitudes professionnelles entre hommes et femmes. On le voit, un long chemin reste à parcourir pour considérer son vis-à-vis tel qu’il est, plutôt que l’on croit ce qu’il est (et ce que nous voudrions qu'il soit). L’acceptation de l’autre, un inépuisable sujet… Une cure de tolérance et de bienveillance... cela ne peut pas faire de mal... Surtout en ces temps de climat sociétal peu serein, voire électrique.