Les châteaux peuvent-ils nous aider à sortir de la crise ?

La valorisation des châteaux et moulins historiques peutelle contribuer à dynamiser l’économie ? Ou, au contraire, ce patrimoine va-t-il tomber en ruines, victime de coupes budgétaires ? Inquiétudes et avis partagés, au récent Salon international du patrimoine culturel.

Le Salon international du patrimoine culturel de fin novembre a mis en avant plusieurs inquiétudes de la part des professionnels de la restauration de monuments.
Le Salon international du patrimoine culturel de fin novembre a mis en avant plusieurs inquiétudes de la part des professionnels de la restauration de monuments.
Le Salon international du patrimoine culturel de fin novembre a mis en avant plusieurs inquiétudes de la part des professionnels de la restauration de monuments.

Le Salon international du patrimoine culturel de fin novembre a mis en avant plusieurs inquiétudes de la part des professionnels de la restauration de monuments.

«Les restrictions économiques font que certains projets peuvent être remis en question», admet Isabelle Maréchal, chef du service du patrimoine à la Direction générale des patrimoines du ministère de la Culture et de la Communication. C’était lors du débat «Face à la crise, le patrimoine historique se présente-t-il comme un héritage trop lourd à supporter ou comme un levier économique ?», qui s’est tenu mi-novembre 2012 lors du Salon international du patrimoine culturel, à Paris. L’événement réunissait restaurateurs de tableaux, spécialistes de la céramique, architectes spécialisés dans la remise en état des vieux châteaux… qui ont des raisons d’être inquiets. Peu après son entrée en fonction, la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a annoncé l’abandon de plusieurs grands projets. Et les budgets consacrés à la restauration et à l’entretien du patrimoine ne sont pas épargnés non plus. «Il est certain que les crédits pour les budgets de restauration vont être en diminution. Ce n’est pas un effondrement, mais il va falloir revoir certains projets», précise Isabelle Maréchal.

La quête aux mécènes

«En période de crise (…) on se dit que le patrimoine peut attendre (…) De plus il est en partie pris en charge par les collectivités locales qui récupèrent une large partie des charges sociales. Il est donc en compétition avec d’autres dépenses», analyse Françoise Benhamou, économiste du patrimoine. Certains placent leurs espoirs dans d’autres sources de financement. En 2011, d’après ses estimations, la Fondation du patrimoine a accompagné 2.330 projets, engagé des travaux pour 215,5 millions d’euros, et ainsi contribué à créer ou maintenir quelques 6.345 emplois. Concernant l’appel au mécénat des particuliers, «ces trois dernières années, on a constaté que cet appel à la générosité n’était pas impacté par la crise. En 2011, la collecte a été de 30 % supérieure à celle de 2010. Pour 2012, on constate un tassement», commente un représentant de la Fondation du Patrimoine. Celle-ci veut aussi croire dans l’essor du mécénat des PME, pour les projets de proximité. Elle mise sur «le supermarché au bout de la grande rue, qui cherche à mettre en oeuvre sa responsabilité sociale d’entreprise et qui réalise que le patrimoine bâti est un terrain d’entente.»

Secteur économique en crise

Parmi les autres outils dont dispose la Fondation du patrimoine, figure également la délivrance d’un label à certains bâtiments détenus par des propriétaires privés. Ce sésame permet à ces derniers de défiscaliser entre 50 et 100 % de certains travaux effectués, à condition que leur bien soit visible par le public. «Derrière, des entreprises peuvent exercer leur savoir-faire, ce qui a un impact sur l’emploi (…) Nous nous efforçons d’aider les artisans à transmettre leur savoir-faire. La meilleure façon, c’est de les faire travailler», commente le représentant de la Fondation du patrimoine. Pour lui, moulins et bâtisses anciennes «font le charme du paysage. Mais pas seulement. Ils sont aussi un élément majeur de la vie économique et sociale du territoire». Partant du fait, lorsque la Fondation distribue des subventions, grâce à une dotation que lui apporte l’Etat, «nous choisissons des projets qui impliquent des entreprises d’insertion dans leurs opérations de rénovation». Isabelle Maréchal va dans le même sens. «Certes, il y a un peu de flou dans l’évaluation des effets économiques du patrimoine, mais, on peut intuitivement constater que les travaux de restauration non délocalisables, qui emploient des matériaux locaux sont une opération dont les bénéfices sont injectés dans le tissu économique proche», explique-t-elle. A ce titre, l’avocat Alain De La Bretesche estime que plus de flexibilité dans l’emploi serait profitable au secteur. Autre piste, «il serait intéressant de faire le lien entre cette économie solidaire et celle du patrimoine», commente l’avocat. Il est vrai que les chiffres sont alarmants : d’après les professionnels, le nombre d’entreprises et d’emplois des métiers d’arts ne cessent de diminuer. En 2002, ce secteur représentait plus de 72.000 entreprises, contre 55.000 en 2011… Françoise Benhamou souligne, elle, la pertinence d’un travail commun entre le ministère de la Culture et celui en charge des PME, qui constituent l’essentiel du secteur.