L’emballage écologique est-il économique ?

Les contraintes écologiques en matière d’emballage représentent-elles un surcoût potentiel pour les entreprises ? D’après des professionnels du secteur, c’est loin d’être forcément le cas, même s’il s’agit d’un défi qui peut remettre en cause des habitudes bien établies.

Les contraintes écologiques en matière d’emballage représentent-elles un surcoût potentiel pour les entreprises ?
Les contraintes écologiques en matière d’emballage représentent-elles un surcoût potentiel pour les entreprises ?
Les contraintes écologiques en matière d’emballage représentent-elles un surcoût potentiel pour les entreprises ?

Les contraintes écologiques en matière d’emballage représentent-elles un surcoût potentiel pour les entreprises ?

Se tourner vers des emballages plus écologiques peut-il se révéler aussi source d’économies pour les entreprises ? C’est en ce sens qu’ont argumenté des professionnels du secteur, réunis lors de la table ronde, «Éco-conception et pragmatisme, concilier les impacts écologiques et les impacts économiques des emballages, est-ce possible ?» Ce débat était organisé dans le cadre du salon Creativ’Pack, consacré au packaging, qui s’est tenu à Paris, les 3 et 4 avril. En matière d’optimisation de leurs emballages, les entreprises disposent d’une belle marge de progression, car elles ont pris de mauvaises habitudes. Et cette optimisation peut avoir des effets bénéfiques à la fois pour l’environnement et pour les finances de la société. C’est ce que soutient Philippe Deygas, directeur d’Alizon Industrie, entreprise spécialisée dans la distribution et le conseil. À ce titre, l’entreprise est experte dans les emballages dits «secondaires» et «tertiaires», qui s’ajoutent au packaging initial prévu par le fabricant du produit, pour protéger les objets lors des transports, par exemple.

Contraintes légales plus coûteuses

«Souvent, on suremballe les produits. Il faut penser à en mettre le moins possible (…) On fait souvent de la surqualité dans l’emballage», juge Philippe Deygas. Autre piège dans lequel tombent facilement les entreprises, d’après Philippe Deygas : une mauvaise évaluation des coûts réels d’une solution d’emballage, un emballage plus cher à l’unité peut se révéler plus économique, si l’on s’applique à prendre en compte le coût global qu’induit son utilisation (espace de stockage, poids à transporter…) «Il faut prendre en compte le coût, et pas le prix», précise Philippe Deygas, pour qui «c’est avant tout un état d’esprit : il faut mettre en place un vrai projet, et ne pas prendre le problème par petits bouts (…) À condition de tout remettre en cause, on peut réaliser jusqu’à 40 % d’économies». La remise en cause pourrait se révéler d’autant plus utile que la législation existante est appelée à se durcir, et le coût des emballages non écologiques devrait s’alourdir. «De nouvelles normes vont arriver», annonce Philippe Schiesser, directeur d’Écoeff, bureau d’étude et de conseil spécialisé dans l’éco-conception. Aujourd’hui, déjà, les directives européennes et d’autres textes règlementaires, rendant le producteur responsable des produits qu’il met sur le marché, imposent de prendre en compte l’éco-conception des produits.

L’éco-conception déborde

Exemple avec les cafés Malongo, PME française cliente d’Écoeff : c’est la totalité du processus qui est repensée : les dosettes en plastique qui contiennent le café ont été substituées par des dosettes en fibre de cellulose, dont l’aptitude à conserver la saveur a été prise en compte. Autre exemple, «Lucide», fabricant de parfums qui se veut «éthique et écologique», explique Olivier Blanc, designer industriel, représentant de la marque qui produit des parfums à base de fleurs naturelles, depuis 2010. Dans ce secteur, la question de l’emballage est primordiale : «Quand on vaporise un parfum, on en gaspille énormément. Or, il faut des champs entiers de fleurs cultivées pour le produire, de l’arrosage…», alerte Olivier Blanc. L’entreprise a donc mis au point un mode d’application beaucoup plus économe : quand un vaporisateur traditionnel disperse 50 ml, lui en dépose directement 8 ml sur la peau, d’après les évaluations de l’entreprise. «C’est une application directe sur la peau avec du feutre naturel en laine de mouton (…) c’est très doux, très agréable.». Même les entreprises centenaires innovent : c’est le cas du groupe pharmaceutique familial Guerbet. L’entreprise fabrique des produits de contraste, qui sont injectés dans le sang d’un individu qui passe un IRM, par exemple. Les contraintes qui s’appliquent à ses emballages sont donc forcément très strictes. Pour faire évoluer un emballage «c’est très lourd», témoigne François Bemer, responsable du développement packaging de l’entreprise. La société est toutefois passée du flacon en verre à la poche en plastique. Contrairement aux apparences, d’après François Bemer, «c’est mieux écologiquement, car la poche est composée d’un seul matériel, ce qui est mieux en termes de recyclage».