Billet

Retrouver le sens du collectif...

Les élections législatives à venir interrogent notre société sur son avenir. En ces instants graves et ces choix décisifs, le monde de l’entreprise sera forcément impacté.

Les dimanches 30 juin et 7 juillet, nous serons appelés aux urnes à l’occasion des élections législatives anticipées. 577 députés seront à élire dans les circonscriptions. Sans doute le scrutin le plus important de la Ve République, même de l’après-guerre. Notre pays, ne nous le cachons pas, est engagé sur la mauvaise pente. Ce n’est pas d’aujourd’hui. Ce serait se mettre des œillères que de l’ignorer. La litanie monotone des sondages désormais journaliers semble dessiner un bien mauvais et angoissant scénario. Celui d’une Assemblée nationale où la majorité se disputerait avec perte et fracas entre extrêmes droite et gauche. La conséquence majeure et directe d’une société multi fracturée, en perte de sens et de repères, orpheline d’un dessein collectif, se réfugiant trop souvent dans un déni sur tant de questions. Comme si notre corpus biberonné au tout loisir, à la surconsommation, souvent dans les limbes de l'individualisme, était chloroformé face aux urgences et aux défis de notre époque incertaine et dangereuse. On pense au dérèglement climatique. Et aux guerres. Fermer les yeux est sans doute bien plus confortable que d’accepter d'arpenter un chemin moins aisé qu’est celui des difficultés à affronter face à face. 

Revenir au fonds des choses 

Notre modèle républicain a vu ces dernières années l’un de ses socles fondamentaux s’effriter : que chacun et chacune puisse vivre dignement de son travail. Parlez en au salarié qui est à découvert le 10 du mois et à l’artisan qui est assommé de charges. Quand on observe le débat politique, sur les bancs de l’Assemblée, ou lors de ces derniers jours qui ont montré toute la caricature des jeux de boutiquiers et de carriérisme, on ne peut qu’être désolé d’un tel spectacle. Dans un climat d’invectives, de bruit et de fureur verbale, d’outrances, difficile d'être audible pour ceux et celles qui prônent une hauteur de vue, un discours de modération, raisonnable, de lucidité constructive. Sans doute, devrions nous davantage écouter les élus locaux, urbains ou ruraux, expérimentés, ancrés, eux, dans les réalités des territoires qui sont celles des femmes et des hommes qui y habitent, plus que les stars des plateaux télé ou des émissions de divertissements, à l’heure où le débat public se déporte sur les réseaux sociaux, s’éloigne du fonds, devient affaire de communication en tout temps et en toute chose. Quand on se penche sur quelques unes des propositions programmatiques populistes et simplistes, c’est un peu le mât de Cocagne : baisse des taux de TVA sur l’essence, l’alimentation, le gaz et l’électricité, suppression de l’impôt pour les moins de 30 ans, SMIC porté à 1 600 nets, + 10 % pour le point d’indices des fonctionnaires, retour à la retraite à 60, 62 ans – on ne sait plus très bien -. 

Retrouver l'intelligence collective

Reste à savoir si ce type de programmes est réellement applicable et comment réagirait les marchés dont la France dépend pour se financer. Pour rappel, le pays doit emprunter 270 milliards d’euros en 2024 en émettant des obligations d’État pour financer son train de vie. A coup sûr, notre déficit public se creuserait de plusieurs points de PIB. C’est une vérité économique : quand on fait des choses aberrantes sur le plan financier, on explose les taux d’intérêt, pour la dette souveraine, mais aussi pour les ménages qui ne peuvent plus emprunter. Les entreprises, les moyennes et petites particulièrement, qui ne sont pas des coquilles hermétiques aux troubles actuels, ne seraient pas épargnées. Les promesses de lendemains qui chantent, de grands soirs, se terminent rarement de la meilleure des façons. Plus sûrement dans le chaos. Après tout, certes, les promesses n’engagent que ceux qui les croient. N’empêche. Il est urgent de redevenir sérieux. Urgent de retrouver le sens de l’intelligence collective. C’est une affaire de conscience et de responsabilité : celle de chacun et de chacune d’entre nous. Il existe sur nos territoires de magnifiques exemples de dévouement multiple, à tous les échelons, dans nos villes, villages, qui bâtissent notre précieux vivre ensemble. Parions sur ces leviers qui sont ceux de l'avenir, emboîtons leur le pas, pour enrayer notre délitement démocratique. D'un côté, le pragmatisme et le réel. De l'autre, la démagogie et l'illusion. Mieux ne vaut pas se tromper...