Le reconfinement va radicaliser les trajectoires diverses des secteurs économiques

Le reconfinement va radicaliser les trajectoires diverses des secteurs économiques

Depuis le début de la pandémie, les secteurs et les types d’activité subissent inégalement la crise. Le deuxième confinement devrait encore accroître le fossé entre les activités qui s’en sortent le mieux et celles qui en pâtissent le plus, d’après les analystes de la Banque de France.

En terme d’impact sur les secteurs économiques, « le deuxième confinement ne ressemblera pas au premier », prévient Olivier Garnier, directeur général des études et des statistiques et des relations internationales à la Banque de France. Le 5 novembre dernier, il présentait une étude sur la manière dont les secteurs et activités traversent la crise actuelle, lors d’un webinaire sur « Les Impacts de la crise du Covid 19 », tenu dans le cadre de la convention annuelle des correspondants TPE-PME.

A la base, les secteurs subissent la succession de confinements de manière très différenciée. Aujourd’hui, « certains secteurs, qui ont été peu impactés par le premier confinement, connaissent une activité proche de la normale », analyse Olivier Garnier. Parmi ceux-ci figurent notamment l’industrie pharmaceutique, la chimie, le bois, les secteurs industriels, mais aussi des services aux entreprises qui peuvent exercer une activité en télétravail ( juridique, informatique, conseil, comptabilité, gestion… ). D’après la Banque de France, ces secteurs devraient connaître une évolution comparable durant le deuxième confinement. A l’opposé, « une partie importante des secteurs les plus touchés par le premier confinement devraient rechuter », poursuit Olivier Garnier. Pour la plupart, ce sont aussi ceux qui ont le moins rebondi entre les deux confinements, tels l’hébergement ou la location de voitures, par exemple. L’aéronautique constitue un cas à part : « ce secteur pourrait être moins touché que la première fois, mais l’amélioration de son activité devrait rester lente, car elle est structurellement affectée par les événements mondiaux », estime-t-il.

Une activité en dents de scie

Le commerce de détail suit une logique particulière. Mis à part certaines activités spécifiques, (alimentaire, pharmacie…), il a été très touché par le premier confinement. Par exemple, en avril dernier, le commerce de détail de l’automobile neuve a connu une baisse de volume de près de 80%, par rapport à avril 2019. Pour les meubles, la chute a été d’environ 90%, et le petit commerce des chaussures s’est quasiment arrêté. La rentrée, plus favorable, n’a pas permis de compenser cette évolution négative. En septembre, le commerce de détail de l’automobile neuve a vendu moins de 5% de plus que le même mois de l’année précédente, par exemple. Et le constat est le même pour les secteurs qui ont connu un net rebond à l’automne. C’est par exemple le cas du bricolage ( + 15%), des appareils électroménagers et du matériel de sport, dans des proportions comparables. Pis, certains secteurs qui avaient perdu une grande partie de leur activité en avril dernier, comme le textile et l’habillement, la parfumerie et l’hygiène, ainsi que la presse papeterie, n’ont connu aucun regain de leur activité à l’automne. Quant au livre, il a retrouvé un niveau équivalent (très légèrement supérieur), à celui de septembre 2019. Aujourd’hui, en dépit de la compensation que pourra apporter la vente à distance, la Banque de France s’attend à une nouvelle baisse marquée dans ces secteurs. Au total, l’actuel confinement- avec ses modalités différenciées- devrait radicaliser encore la diversité des trajectoires entre les secteurs qui s’en sortent, et ceux qui vont plonger encore davantage.

Ressource : les correspondants TPE -PME de la Banque de France

102 correspondants de la Banque de France sont disponibles pour aider les entrepreneurs sur le territoire. Leur rôle : « accompagner les dirigeants dans toutes les phases de leur entreprise et sur tous les sujets, pour identifier leurs besoins et les orienter vers les organismes professionnels les plus adaptés », explique David Fouet, Chargé de mission national Accompagnement des TPE et PME.

Anne DAUBREE