Entreprises

Le «quoi qu’il en coûte» en Moselle : jusqu’à quand ?

On n’a jamais eu à commenter de tels chiffres depuis plusieurs décennies en Moselle. En 2021, à peine plus de 300 entreprises ont été en défaillance. Alors qu’avant la crise sanitaire, la moyenne annuelle oscillait entre 600 et 700. Dans le même temps, les records de création ont été battus : plus de 10 000 nouvelles entités. Dès lors, la double et légitime question peut se poser : jusqu’à quand ce phénomène va-t-il se poursuivre ? Risque-t-on un douloureux atterrissage dans le retour au réel dans les mois à venir en Moselle ?

Quelque 300 entreprises ont été en défaillance en Moselle l'an passé.
Quelque 300 entreprises ont été en défaillance en Moselle l'an passé.

312. C’est le nombre de défaillances d’entreprises en Moselle en 2021, selon l’Insee. Un chiffre qui n’a jamais été aussi bas depuis plus de 30 ans. Ce cru hors normes venait suite à celui de 2020, avec 397 défaillances enregistrées. Pour situer la performance, il faut remonter à l’avant crise, en 2019. Cette année-là, 713 entreprises avaient été en défaillance contre 677 en 2018. Une étude récente du cabinet Altares confirmait la tendance mosellane dans le contexte hexagonal. L’an passé, ont été comptabilisées en France quelque 28 000 défaillances d’entreprises - pour une moyenne annuelle de 50 000 avant la crise sanitaire.

Le plan de relance gouvernemental a sauvé l'économie...

Constats et analyses conjoints des observateurs de l’économie : c’est bien la politique du gouvernement, le fameux «quoi qu’il en coûte» qui a permis à nombre d’entreprises de se maintenir, en Moselle, comme ailleurs. Celles fragilisées par la crise ont pu ainsi résister. Mais, ce plan massif de soutien qui accumule les milliards d’euros, a aussi gardé la tête hors de l’eau d’entités qui étaient déjà fragilisées avant la crise. On pourra voir cela comme une partie de l’économie mise sous assistance respiratoire. L’exemple le plus marquant concerne la branche de l’hôtellerie-restauration. Malgré des mois et des mois de fermetures, des contraintes drastiques, des effondrements d’activité et de chiffres d’affaires, il y a eu, an 2021, un tiers de liquidations en moins par rapport aux années précédentes grâce au fonds de solidarité, au chômage partiel, au PGE. Cela a permis à pléthore de sociétés, TPE, PME, artisans, de garder leur trésorerie et leur capital. Toutefois, dans ce panorama, qui, à bien des égards, tient de l’artificiel, la fin d’année 2021 a sonné comme une alerte d’un retour à la réalité pour les mois à venir. Cela correspond à cet instant où l'exécutif a commencé à débrancher progressivement les aides, mais aussi avec la reprise brutale de l’épidémie avec l’arrivée du variant Omicron qui a affecté l’activité des entreprises.

Une logique normalisation : combien de fermetures à venir ?

Comme dans l’Hexagone, les entreprises mosellanes les plus impactées sont celles de la construction, du gros œuvre, de la promotion immobilière, des travaux publics, voire de l’industrie. On commence à revoir quelques sociétés mettre la clé sous la porte. S’ajoutent pour de nombreuses filières, d’insurmontables difficultés à cause des problèmes d’approvisionnement, de pénurie de matériaux, de l’envolée des prix de l’énergie. Alors que plus de 2 000 contaminations par jour sont enregistrées en Moselle actuellement et près de 500 000 en France ce début de semaine, soit un record absolu depuis le début de la pandémie, le gouvernement semble enclin à réalimenter le «quoi qu’il en coûte». Certaines aides ont été réactivées pour aider les secteurs les plus affectés par cette vague : les restaurants, les cafés, l’événementiel. Une chose est certaine, les signaux ne sont pas bons. Si un tsunami de défaillances n’est pas en prévision au cours de l’année 2022, il est fort à parier néanmoins que le retour à des niveaux de défaillances d’avant-crise se paieront cash pour nombre d’entreprises, dans ce phénomène de normalisation. N'oublions pas, au-delà des chiffres, derrière la vitrine d'un commerce, la porte d'une entreprise, il y a des chefs et cheffes d'entreprise, des femmes et des hommes, qui bien souvent ont investi une partie de leur vie dans l'aventure entrepreneuriale. Une histoire individuelle au départ qui se mue en synergie collective, au service de l'économie et d'un certain idéal de faire, de bâtir, de progresser. Quelque part de servir son territoire, et plus largement, son pays...

10 480
C'est le nombre de créations d'entreprise en Moselle en 2021. Une donnée record. Dont les trois quarts sont des micro-entreprises. En 2020, elles étaient 8 136 entités nouvelles, contre 7 505 en 2019 et 6 382 en 2018. La statistique du même acabit datait de 2011 avec 10 914 entreprises créées dans le département.