Entreprises

La Moselle pas épargnée par une poussée des défaillances d’entreprises

Le contexte électoral hexagonal incertain et complexe a tout pour fragiliser les entreprises. Elles n’en ont sûrement pas besoin actuellement, les défaillances étant en hausse. Décryptage.


L'illisible contexte politique actuel ne favorise pas le climat de confiance pour les entreprises.
L'illisible contexte politique actuel ne favorise pas le climat de confiance pour les entreprises.

Les défaillances d’entreprises augmentent en France. Sur les six premiers mois de l’année, le nombre de défauts a progressé de 18 % par rapport au premier semestre 2023, selon la note de conjoncture publiée par les administrateurs et les mandataires judiciaires. Près de 33 500 défaillances ont été enregistrées. Un chiffre supérieur de 20 % à celui observé avant la crise sanitaire. Les indicateurs convergent : cette fragilité économique touche en premier lieu le commerce et la construction. On se situe là au-delà d’un simple rattrapage post-Covid. Si la vague semble ralentir ces dernières semaines, il n’empêche, le niveau de sinistralité reste très élevé, supérieur à ce qu’il était avant la pandémie. Tendance que l’on retrouve d’ailleurs dans la plupart des pays de la zone euro. Ce sont quelque 105 000 emplois qui sont menacés dans notre pays. Avec la fin des aides d’urgence massives mise en place par l’État pour sauvegarder le tissu entrepreneurial, la remontée des défaillances n’est pas une surprise. L'après «quoi qu'il en coûte» fait figure d'atterrissage brutal. Les difficultés impactent les activités immobilières, le secteur du transport et de l’entreposage, les activités financières et d’assurance.

«Ne pas revenir sur les politiques en faveur des entreprises»

Croissance ralentie en France, consommation atone, investissements en panne, hausse des coûts de production, durcissement des conditions de financement, le tout dans un contexte de déficits publics persistants, d’incertitudes sur les marchés et sur le plan politique intérieur. Les entreprises qui périclitent sont celles qui sont les plus endettées : si les taux d’intérêts français devaient être plus élevés, la situation risque de s’aggraver. Pléthore d’entreprises qui entrent en défaillances ont été asphyxiées par le remboursement trop rapide des prêts garantis par l’État (PGE). Horizon fin 2024, le niveau des faillites pourraient atteindre 70 000 : un chiffre de cette ampleur plus observé depuis la crise financière mondiale de 2007-2008. Cette tendance se confirme en Moselle. Depuis le début d’année, 396 entreprises ont été en défaillance sur les six premiers mois. C’est + 5 % par rapport à la même période en 2023 et + 69 % par rapport à 2022. Sur douze mois, en cumul glissant, 697 entreprises ont fait défaut dans le département contre 597 en 2023 et 371 en 2022. En cet été, on retrouve des niveaux vus avant la crise sanitaire. Les représentants et forces vives du monde patronal, dans ce conglomérat de difficultés, sont unanimes : «il ne faut surtout pas revenir sur les politiques en faveur des entreprises depuis dix ans et qui ont permis une forte hausse de l’emploi, de l’apprentissage et de l’investissement. Si on ne poursuit pas le travail de réalignement de la compétitivité des entreprises françaises sur le reste de l’Europe, la France sera très affaiblie.» Aux incertitudes hexagonales s’ajoutent un contexte mondial marqué à la fois par des tensions géopolitiques et la concurrence des États-Unis et des pays asiatiques. Cela fait beaucoup pour ne pas ajouter des difficultés aux difficultés. Le champ entrepreneurial n’est pas un jeu de dominos : il demande constance et stabilité. Surtout pas des coups de menton et de brusques virages économiques...