Entreprises

La Moselle bien partie pour battre son record de créations d’entreprises

On pensait avoir atteint l’an passé un plafond de créations de nouvelles entreprises dans le département. Le chiffre dépassait les 10 000. Après un léger tassement printanier et estival, la courbe est repartie à la hausse. Si la tendance se confirme sur le dernier trimestre, la Moselle atteindra un nouveau pic en fin d’année.

Le nombre de créations d'entreprises est toujours orienté à la hausse. Un phénomène qui s'ancre.
Le nombre de créations d'entreprises est toujours orienté à la hausse. Un phénomène qui s'ancre.

Les différentes crises et difficultés traversées depuis celle de la Covid-19, au printemps 2020, n’infléchissent pas la courbe. Bien au contraire, les Français ont de plus envie d’indépendance et sont toujours plus nombreux à se lancer dans l’entrepreneuriat. Un changement de paradigme observé dans pléthore d'enquêtes avec des marqueurs forts et des mots symboles : quête de sens, souhait de reconnaissance, d'un équilibre accru entre vie professionnelle et vie privée, effritement de la prédominance du CDI dans les aspirations. En somme, nombre de nos compatriotes expriment un désir d’avenir de travailler autrement. Les Mosellans ne différent en rien dans ce paysage sociétal bousculé par qui s’apparente à une lame de fonds et vient bouleverser en profondeur, et sans doute pour longtemps, la notion et la place du travail dans nos quotidiens. C’est une certitude, que certains expliqueront par un «déblocage psychologique», «une désinhibition du facteur risque», accélérée par les crises sociale (gilets jaunes), sanitaire (pandémie), financière (inflation), géopolitique (guerre en Ukraine).

Franchir le Rubicon

En somme, beaucoup franchissent le Rubicon avec des motivations claires, autour d’une idée maîtresse, d’un projet central, émanant d'un projet trop longtemps enfoui pour des raisons diverses, autant personnelles que conjoncturelles, ou d'une soudaine opportunité et révélation : posséder sa propre activité souvent moins soumise aux bouleversements des marchés financiers. En quelque sort, être maître de son propre destin. Ceux qui se situent un peu à mi-chemin entre les deux rives complètent leur emploi de salarié par un statut de micro-entreprise. Les courants et les mutations qui traversent la société portés par les questions environnementales et de valeurs humaines sont des motivations majeures dans cette tectonique des plaques. Ce faisceau de circonstances, leurs conséquences, se traduisent en statistiques. En Moselle, l’an passé, 10 355 entreprises nouvelles avaient vu le jour, selon les chiffres de l'Insee. Elles sont autant de trajectoires de femmes et d’hommes, aussi différents les uns des autres, mais mus par cette ambition entrepreneuriale. Un chiffre jamais vu dans le département. Dès lors, on se posait la question, ce phénomène allait-il perdurer en 2022 ? Si le rythme de création restait soutenu sur les premiers mois de l’année, un léger fléchissement intervenait au printemps et en été. Signe d’un ressac ? Les données de l’Insee en septembre viennent infirmer ce début de pronostic dans un climat général gris clair, gris foncé.

Quid de 2023 ?

En effet, la Moselle a vu naître durant ce 9e mois de l’année 1 073 entreprises. C’est tout simplement le second - après mars dernier - en termes de créations et seulement le 6e mois où le nombre de créations d’entreprises dépasse le millier depuis trois ans. Bien entendu, largement supérieur aux données d’avant Covid. Sans surprise, comme une confirmation, ce sont les micro-entreprises qui tirent vers le haut ces relevés de créations d’entreprises. En la matière, avec 682 unités créées sous ce statut, septembre 2022 est un très bon cru. En proportion, la micro-entreprise représente aujourd’hui 62 % du total des créations en Moselle. Les créations de type société restent une valeur sûre. 24 % des créations en septembre dernier. Sur le même mois, c’était 20 % un an auparavant et 22 % en 2020. Le dernier trimestre de l’année, les premiers mois de 2023, toujours sous le sceau des incertitudes socio-économiques, aura-t-elle une influence directe sur le nombre de créations en Moselle ? Assistera-t-on à une stagnation, voire un recul, dictée par la prudence ? Ou au contraire, la vague créatrice continuera-t-elle à monter ? On ne lit pas dans le marc de café ni dans la boule de cristal économique. N’empêche, c’est bien à un changement des mentalités que l’on observe. La propension collective est poussée par une forte envie d’entreprendre… Pas raison que cela s'arrête. C'est bien plus qu'une évolution, davantage une révolution philosophique... La Moselle n'y échappe pas.