Plus que jamais, la Capeb 57 dans l'action face à la conjoncture incertaine

Inflation comme rarement atteinte depuis 40 ans, difficultés d’approvisionnement, hausse des prix des carburants et de l’énergie, pénurie de matériaux. Ces derniers mois, la barque est plutôt chargée pour les artisans du bâtiment. La situation en Moselle ne diffère en rien de celle du pays. Sans tomber dans un catastrophisme ambiant, la réalité est là : point de doute que les mois à venir seront compliqués pour cette économie de proximité, si importante dans le giron local, tant pour l’attractivité des territoires, que pour le dynamisme de l’emploi. Pragmatique, le président de la Capeb 57, Émilien Gangemi, note, lucide : «En fait ce sont tous les postes qui augmentent au sein des entreprises. Rien n'est épargné.» Lui, sait de quoi il parle, car gérant de sa propre entreprise, et le vivant au quotidien. 

Prix qui flambent, marges qui fondent

La Capeb 57, en ces temps complexes et incertains, se positionne, plus que jamais, mobilisant ses équipes et ses services, au contact direct de ces artisans, pour les soutenir et les guider vers les dispositifs, parfois complexes, qui peuvent les aider. «On se situe dans une période où les marges se réduisent. Ce qui impacte financièrement le particulier, qui doit revoir ses projets de travaux, de construction ou de rénovation, impacte aussi l’entreprise», poursuit Émilien Gangemi. Pour bien comprendre la réalité des artisans du bâtiment mosellan, il faut avoir ce chiffre en tête : 30 %. C’est la proportion des dépenses courantes que les matériaux représentent pour une entreprise artisanale du bâtiment. Ces matériaux ont grimpé de 27 % entre janvier 2022 et janvier 2023. Aucune entreprise n’en sort indemne, avec cette conséquence directe : 9 sur 10 répercutent cette hausse à leurs clients. Le niveau de la hausse des prix par familles de métiers : + 25,8 % en électricité, + 28,7 % en menuiserie et serrurerie, 28 % en aménagement-décoration-plâtrerie, 24,6 % en couverture-plomberie-chauffage-, 26,6 % en maçonnerie-entreprise générale. Émilien Gangemi souligne la période charnière dans laquelle nous nous situons ce début février : «Au dernier trimestre 2022, la croissance de l’activité de l’artisanat du bâtiment était toujours positive. Mais, nous sommes à un point de bascule. Beaucoup d’artisans nous répercutent leurs inquiétudes et nous alertent sur un ralentissement observé. Il faudra voir en mai les conséquences réelles des premiers mois de l’année. Tout le monde est un peu dans le flou actuellement.»

Les ratés de MaPrimeRénov'

Malgré cette conjoncture défavorable, le président de la Capeb 57 ne perd pas le moral, loin de là : «Nous devons rester combatifs et collectifs. Il y a des signes positifs. La transition énergétique et le marché de la construction des logements sont des atouts pour les carnets de commandes qui restent élevés.» Depuis ce 1er février, la Capeb 57 dédie l’un de ses services à la réalisation de dossiers, tant pour ses artisans adhérents que pour leurs clients. Une statistique de la Capeb nationale nous apprend que le montant moyen des besoins de trésorerie d’une entreprise artisanale du bâtiment est de 21 000 € (contre 20 000 € un an auparavant). Un écueil vient percuter le secteur - un de plus -. En effet, le dispositif MaPrimeRénov’ connaît de sérieux dysfonctionnements, du fait des difficultés rencontrées par l’ANAH, opérateur en charge de la gestion et de la logistique de la distribution de cette prime. Conséquence directe : les entreprises artisanales et les particuliers sont aujourd’hui en attente de paiement de ces primes censées doper la rénovation énergétique des logements et éradiquer les passoires thermiques. Nous reviendrons plus en détail ultérieurement sur cet épineux dossier qui fragilise des trésoreries déjà à flux tendu. Un couac qui s'ajoute à celui, plus récent du guichet unique des formalités des entreprises. 

La problématique du recrutement

Dans ce panorama entre gris clair et gris foncé, il est un sujet qui semble accompagner l’artisanat du bâtiment depuis des années, crises ou pas crises : la pénurie de main-d’œuvre. On connaît par cœur la problématique de tant de chefs d’entreprise mis face à dilemme de postes à pourvoir et qui mettent tant de temps, voire jamais, à trouver des candidats motivés. Émilien Gangemi, à l’instar de nombre de ses collègues, le déplore, sans vraiment trouver de débouchés et solutions : «Nos métiers ne sont pas reconnus suffisamment. Ils pâtissent d’une image trop négative. Cela vient de bien loin, de cette époque où on a dénigré, mis de côté, les métiers manuels. Vous connaissez beaucoup de jeunes qui veulent actuellement aller dans le bâtiment ? Demandez aux familles… Pour beaucoup, c’est sans doute trop dur, nécessite des efforts. Eh, oui, il faut travailler… Ce n’est peut-être pas tendance par les temps qui courent. Pourtant, nous y croyons toujours. Nous multiplions les actions de sensibilisation, dans les collèges et à travers des événements et des rencontres.» Quant à l’état d’esprit qui anime Émilien Gangemi, il tient en un mot : combativité. «Ce n’est pas parce que nous nous situons dans une situation compliquée qu’on ne doit pas avoir de projets. Il faut innover, ne pas rester statique, aller de l’avant.» On l'a compris, les équipes de la Capeb 57 font front et abordent 2023 avec volontarisme. À un moment où 6 entreprises artisanales sur 10 estiment que leur niveau d'activité demeurera stable au premier semestre, contre 4 qui anticipent une baisse. Entre mauvaises nouvelles et éclaircies économiques, cette année devrait ressembler à un labyrinthe où il va falloir faire preuve d'agilité et de clairvoyance pour trouver la bonne sortie. Cela comporte une certaine dose de risques et de changements de process. Après tout, ceci est un peu d'ADN du chef d'entreprise... aventurier de nos temps modernes.

. La Capeb 57 organise le samedi 25 février, en partenariat avec le FC Hagondange et la PRO BTP, un événement de promotion des métiers du bâtiment au stade de foot d'Hagondange nommé Batifoot.