Entreprises

La Capeb 57 alerte les pouvoirs publics sur la fragilité du tissu artisanal

Dans la continuité de ses communications récentes, la Capeb interpelle les pouvoirs publics et les décideurs sur la situation incertaine de l’artisanat du bâtiment, dans le contexte d’une crise internationale aux conséquences locales. Sur le territoire mosellan, la Capeb 57 est la caisse de résonance de cet appel national.

L'artisanat du bâtiment est en souffrance actuellement.
L'artisanat du bâtiment est en souffrance actuellement.

Entre le constat quotidien fait sur le terrain et le réceptacle du désarroi de nombreux professionnels face aux incertitudes de l’avenir, la Capeb 57 alerte ces jours-ci les décideurs mosellans sur la situation délicate de nombreux artisans et TPE du bâtiment local. En réponse à une demande exprimée par plusieurs acteurs du bâtiment et des travaux publics, les pouvoirs publics ont mis en place, au cours du 1er trimestre 2021, un comité de crise du BTP qui a permis, en particulier, de mobiliser et d’inciter fortement les acheteurs publics à faire preuve de compréhension et de souplesse dans l’application des règles des marchés publics (intégration systématique de clause de révision et sur la base d’index adaptés, non application des pénalités de retard en cas de difficultés d’approvisionnement, réduction du délai de publication des index BT de révision...).

De hausses en hausses

Or, en dépit des prévisions, les hausses des prix et les difficultés d’approvisionnement perdurent en 2022, voire se renforcent, et restent totalement imprévisibles pour les entreprises. Nombre d’enseignes et d’industriels se refusant même à s’engager désormais sur les prix et les délais de livraison. Aux hausses découlant de la crise sanitaire, s’ajoutent désormais les hausses des coûts de l’énergie et des matières premières liées à la guerre en Ukraine qui amplifient ces hausses sans oublier le coût de certains composants électroniques et celui de la décarbonation des process de production et de fabrication. Cette situation inquiète les professionnels car le marché ne pourra continuer à subir des hausses de coûts aussi importantes. Sans solutions concrètes, ces hausses brutales pourraient mettre, à court terme, en péril l’activité du secteur du bâtiment, et donc le tissu local des artisans et TPE.

Le feu de la crise couve sous les braises...

Le Premier ministre vient de présenter, dans le cadre du Plan de Résilience Économique et Sociale, un certain nombre de dispositions pour atténuer les impacts de la crise (hausse des coûts des matières premières, de l’énergie et difficultés d’approvisionnement) sur les entreprises. Pour la Capeb, parmi les signataires de la présente déclaration, les dispositions de ce plan sont insuffisantes face à la situation que connaît le secteur du bâtiment. Face à une problématique majeure, il s’agit de faire front communément pour préserver le niveau d’activité dans le bâtiment. Des trésoreries et des effectifs sont en jeu. Si le nombre de défaillances d'entreprises a atteint l'année dernière un plus bas depuis 35 ans, le 4e trimestre 2021 a néanmoins soulevé un point de vigilance, avec une remontée des procédures. C’est le cas en Moselle, comme dans de nombreux autres départements. Les voyants sont ainsi repassés au rouge pour le secteur de la construction, lequel pèse à lui seul 25 % de l’ensemble des procédures. Bâtiment et Travaux Publics pèsent sur le reste de l'économie hexagonale avec leurs 7 509 défaillances enregistrées sur toute l'année. Soit une hausse de 0,4 %, mais qui englobe une augmentation plus importante (+ 4,2 %) des liquidations judiciaires. Le second œuvre a été le seul segment d'activité bénéficier encore d'un recul des défauts (- 5,5 %), alors que le gros œuvre retombait pour sa part dans le rouge (+1,1 %). La maçonnerie générale tenait bon (- 1,4 %) mais la construction de maisons individuelles bondissait à elle seule de 10 %. Les travaux publics rechutaient également, avec une progression de 9,1 % des défaillances, portée par les chantiers de terrassements courants (+ 17 %).

Le basculement ?

Après de nombreux mois où presque tous les indicateurs économiques des entreprises françaises étaient au vert, leur santé financière serait-elle en train de basculer ? Certes, avec 28 371 faillites d'entreprises en 2021 en France, le nombre de procédures a atteint l'année dernière son niveau le plus bas depuis ces 35 dernières années. Le phénomène a chuté de 12 % par rapport à 2020, et même de 45 % par rapport à 2019, une période pourtant antérieure à la crise du Covid et à tous ses bouleversements économiques et sociaux. Cette situation s'explique bien sûr par les dispositifs d'aide mis en place par l'État pour justement contrer les effets de la pandémie (Fonds de solidarité, Prêts garantis par l'État, exonérations ou reports de cotisations, activité partielle), ainsi que par une reprise économique nationale et même internationale vigoureuse. Ceci dit, la fin progressive des mesures de soutien, les difficultés d'approvisionnement en matières premières et l'inflation notable ont fragilisé les trésoreries des entreprises. Depuis quelques mois déjà, les professionnels du bâtiment mettaient en garde sur ce possible retour des vents contraires, qui a semblé s'amorcer au 4e trimestre 2021. C’était il y a 4 mois. Depuis, la Russie a envahi l’Ukraine. Avec toutes les conséquences économiques encore insoupçonnées. 4 mois. Déjà une autre époque. Celle qui s’ouvre ne porte assurément pas les graines de la sérénité…