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L’impérieuse nécessité de prévenir les accidents du travail sur les chantiers mosellans

Le 17 novembre prochain, la Capeb 57 organise le début d'une formation de sauveteur secouriste du travail (S.S.T.). Une nécessité quand on connaît les données inquiétantes des accidents du travail dans notre pays. Rappel de quelques éléments statistiques et du contenu de cette formation.

Sur les chantiers, les accidents de travail sont légion.
Sur les chantiers, les accidents de travail sont légion.

C’était en avril dernier. À l’occasion de la Journée internationale de commémoration des travailleurs et travailleuses morts ou blessés au travail, la Confédération européenne des syndicats (CES) publiait un manifeste pour mettre fin aux accidents du travail mortels d’ici à 2030 au sein de l’Union européenne. Les chiffres du document, reprenant les données d’Eurostat, notaient que les accidents mortels au travail avaient globalement diminué ces dix dernières années en Europe. Excepté en France, laquelle passait de 537 en 2010 à 803 en 2019. Si on rapporte ce taux au poids des activités dites «à risque» dans chaque pays, la France arrive deuxième derrière le Luxembourg. Si l’on extrapole sur les années futures, l’Hexagone devrait enregistrer près de 8 000 décès supplémentaires dus au travail dans les huit prochaines années. Bien sûr, comme tout chiffre, ce panorama doit être pris avec recul. Pour une raison évidente, les classements sont établis avec des critères et des politiques de reconnaissance des accidents du travail dissemblables selon les pays. Les économies, qui font plus ou moins de place aux secteurs à risques, sont structurées différemment.

Une prise de conscience individuelle et collective

N’empêche, ne nous voilons pas la face, en France, les données quant aux accidents du travail ne sont pas réjouissantes. Car la réalité est là : dans notre pays, deux salariés meurent tous les jours dans le cadre de leur activité professionnelle. C’est sans compter les accidents de trajet entre le domicile et le lieu de travail (283 morts en 2019 avec près de 99 000 accidents enregistrés) et les maladies professionnelles (175 pour 50 392 cas reconnus). Les secteurs les plus accidentogènes étant le BTP, l’industrie et les activités de service (santé, nettoyage). Si l’on regarde la répartition par type d’accidents de travail, l’un se dégage : la manutention (50 %). Les chutes de plain-pied, en hauteur, l’outillage à main sont aussi des facteurs à risques. À la lecture de ce bilan, on mesure toute l’importance de la formation lancée par la Capeb 57 les jours à venir. Elle débute le 17 novembre et déroule un programme de 33,5 heures. Pour les participants, il s’agit «de connaître et d’avoir conscience des principaux indicateurs de santé au travail (les accidents de travail en entreprise), de son rôle dans l’entreprise et en dehors, du cadre juridique de son intervention, de l’intérêt de la prévention des risques professionnels, de reconnaître sans s’exposer soi-même les dangers persistants pour protéger, de protéger et prévenir.» Lors de chaque séance pratique, la méthode de recherche des risques persistants et celle de l’examen rapide d’une victime est précisée. On notera, qu’en termes de tranches d’âge, les accidents chez les jeunes sont très fréquents. Rapportés à ceux qui sont déjà en emploi effectif, ils sont surreprésentés parmi les victimes.

Le BTP particulièrement concerné

Alors que le secteur BTP représente plus de 8 % des salariés inscrits au régime général (statistiques nationales de la sinistralité de l’Assurance Maladie - Risques professionnels), ce sont chaque année 8 millions de jours de travail qui sont perdus, en lien avec les accidents du travail et les maladies professionnelles. Pour les entreprises, c’est l’équivalent de 36 000 emplois à temps plein, pour un coût direct de plus de 1 milliard d’euros, versés au titre de leurs cotisations accidents du travail (AT) et maladies professionnelles (MP). De nombreuses maladies professionnelles sont en effet reconnues dans le secteur du BTP : troubles musculosquelettiques, pathologies liées à l’inhalation de poussières d’amiante, atteintes auditives… Au cours des 30 dernières années, un important dispositif de mesures de prévention des risques professionnels a réduit très nettement le nombre d’accidents du travail et des différents types de risques associés. Néanmoins, le BTP reste l’un des secteurs les plus sinistrés, avec 56 accidents du travail enregistrés pour 1 000 salariés (la moyenne de tous les secteurs est autour de 34). Des manquements en matière de sécurité et de protection de la santé continuent d’être constatés sur les chantiers, pouvant mener à des accidents graves. Le maître-mot, plus que jamais : la prévention. Tout le sens de la formation articulée par la Capeb 57.

Pour s’inscrire : 
http://capeb57.fr/agenda/register/id/553

+ 18,3 %
C’est le taux d’augmentation des accidents de travail des femmes depuis 2013 en France, d’après les données de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), quand, sur la même période, celui des hommes se situait à - 0,1 %.