Entreprises

L'immobilier de bureau mosellan en mutation

En Moselle, comme ailleurs, pour une entreprise, les bureaux représentent une charge très importante. C’est même le premier poste de dépenses après la masse salariale. Dans le contexte de crises à répétition, l’immobilier d’entreprise évolue. En cette rentrée, comment s’orientent les prix des bureaux en Moselle ? Comment s’esquisse le paysage des bureaux dans le département ? Le télétravail joue un rôle essentiel, même si, au demeurant, il n’est pas le Graal survendu il y a peu encore.

Entre présentiel et distanciel, nombre d'entreprises ajustent leur organisation et revoient la place du poste de travail dans leur process.
Entre présentiel et distanciel, nombre d'entreprises ajustent leur organisation et revoient la place du poste de travail dans leur process.

142. C’est le prix moyen (€ HT-HC/m²/an) en cette avant rentrée d’un loyer de bureau en Moselle. Un chiffre en augmentation de 13,7 % sur un an et de 5,7 % sur deux années. Pour l'entreprise mosellane, outre des coûts de loyers, s’ajoutent des charges locatives et de nombreuses dépenses supplémentaires inhérentes au fonctionnement (taxe bureau, taxe foncière…) alourdissant encore la part qu'elle représente sur le budget global. D’autant qu’avec les crises qui se sont succédé depuis 2020 et leurs effets systémiques, les chiffres d’affaires et les trésoreries ont été bien souvent fortement impactés. Beaucoup de TPE et de PME mosellanes ne voient pas encore le bout du tunnel.

Les limites du télétravail

Depuis la crise sanitaire liée à la Covid-19, la généralisation du télétravail a entraîné un «choc négatif de demande d’immobilier commercial.» Si cette tendance persiste, une dynamique durable de conversion de bureaux en logements pourrait s'enclencher, dixit les observateurs du marché. En 2021, 4 070 accords d'entreprises avaient été signés concernant le télétravail, passant de 8 % en 2017 à 21 % en 2021. Cette croissance n'a pas cessé, et en 2023 on estime le pourcentage du télétravail en entreprise à 56 %. Alors que 3 % des salariés télétravaillaient en moyenne un ou deux jours par semaine en 2019, ils étaient en 2022, 15 %. La conséquence des mesures de distanciation sociale appliquées durant la pandémie. Le déplacement du travail en dehors des bureaux entraîne un ralentissement économique dans l’immobilier commercial, avec une demande moindre qui se traduit par une baisse des prix. En 2023, l'arrivée de l'été a été plutôt bénéfique pour le marché de la location après un début d'année attentiste, marqué par les questionnements liés à la situation économique, géopolitique et aux changements dans l'organisation du travail. Beaucoup d’entreprises mosellanes doivent composer entre incertitude économique et des salariés oscillant entre vie au bureau et télétravail, même si celui-ci, trop longtemps vu comme le nouvel Eldorado de l’organisation a refroidi les ardeurs de beaucoup de dirigeants et managers, tant par sa complexité à le mettre en place que, par ses vives interrogations à incarner les valeurs et le socle humain nécessaires à tout projet collectif. L’individualisation à outrance a forcément là des aspects négatifs... et ses limites.

Repenser et innover

Dans cette complémentarité présentiel et distanciel, les entreprises doivent repenser leurs bureaux afin d’accompagner au mieux cette transformation à la fois humaine et organisationnelle et alléger le poids du locatif dans leurs charges pour générer des économies. Il est donc clair aujourd’hui que l’outil immobilier est un formidable levier d’optimisation budgétaire. Car, si l'organisation du travail en présentiel/distanciel permet aux entreprises de libérer de l'espace, elles doivent également opérer de nouveaux arbitrages pour rendre leurs bureaux utiles et attractifs pour leurs salariés mais également pour réduire ou modifier drastiquement les coûts liés à leur location. Bien sûr, elles peuvent tenter de renégocier leur bail afin d’obtenir une baisse de loyer et diminuer leurs coûts inhérents à la location de ces bureaux. Mais ce n’est pas une solution optimale et aisée, les propriétaires étant peu enclins, d’une manière générale, à revoir les termes des baux déjà signés. Pour les mois à venir, bien difficile de lire dans le marc de café. «Attendre et voir», pour exprimer dans la langue de Molière une célèbre expression anglo-saxonne.

La Moselle dans la France des bureaux 
La Moselle occupe le 36e rang dans le classement des départements hexagonaux quant au prix moyen d’un loyer de bureau (€ HT-HC/m²/an). Avec 142 €, le département se situe sur la même ligne que le Bas-Rhin, la Haute-Garonne, le Doubs, la Loire. Rien de comparable avec les prix affichés à Paris : 522 €. En un an, les prix en Moselle ont augmenté de 13,7 %. Soit la seconde plus forte hausse hexagonale, derrière celle observée dans le Gard (+ 15,5 %).