Conjoncture

L'activité de l'artisanat du bâtiment confirme son ralentissement

La note conjoncturelle de la CAPEB, pour le second trimestre, confirme le ralentissement amorcé depuis l’année 2022. Le volume d’activité des entreprises artisanales du bâtiment recule pour la première fois depuis trois ans. En Moselle, les professionnels sont en première ligne et font face. Il faudra un retournement de tendance fort et des mesures d'urgence d'ampleur pour voir le bout du tunnel... qui n'est pas dans l'immédiat.

Le ralentissement amorcé depuis 2022 se confirme en cette année 2023.
Le ralentissement amorcé depuis 2022 se confirme en cette année 2023.

En cette rentrée, l’artisanat du bâtiment mosellan s’inscrit dans une conjoncture économique incertaine, peu épargné par les crises successives et leurs effets systémiques. La note conjoncturelle de la CAPEB permet de le jauger quant à la situation en région Grand Est. Laquelle voit le nombre de permis de construire cumulés sur une période d’un an, allant de juin 2022 à mai 2023, reculer de 10 % par rapport à la période (juin 2021 à mai 2022). À la fin mai 2023, le cumul sur une année des permis de construire était de 29 300. Sur le volet des logements mis en chantier, sur les mêmes périodes observées, 24 200 étaient effectifs. En un an, ils ont reculé de 0 à 10 %.

Besoins en trésorerie à 25 000 €

Le niveau des carnets de commandes représente 79 jours de travail au 2e trimestre, soit 22 jours de moins qu’un an auparavant : il se rapproche des niveaux de 2019 (76 jours en moyenne). Après avoir conservé un niveau élevé depuis le début 2021, la tendance baissière vue depuis 2022 se confirme. En entretien-amélioration, comme en neuf, comme pour les entreprises de moins de 10 salariés et celles de 10 à 20 salariés, les soldes d’opinion sont négatifs. Les tensions sur les trésoreries, elles, se stabilisent : 16 % des entreprises déclarent une détérioration en la matière, 10 % une amélioration. Au 2e trimestre, 15 % des entreprises font état de besoin en trésorerie. Parmi elles, 68 % déclarent un besoin supérieur à 10 000 €. Le montant des besoins en trésorerie s’établit à 25 000 €. Au niveau des marges, 29 % des entreprises indiquent une baisse quand 10 % une hausse.

Moins de créations, plus de défaillances

Quant à la démographie des entreprises dans le BTP, elle est source d’inquiétudes : - 6,3 au premier trimestre 2023 par rapport à son homologue de l’année précédente et + 48,3 % de défaillances. D’autres indicateurs sont symptomatiques de la période que nous vivons comme cette hausse toujours visible des coûts et prix des travaux dans l’ensemble des postes. Ceux liés à la menuiserie, à la couverture, se situent respectivement, sur un an, à + 12,2 % et + 10,5 %. Plomberie, installation de chauffage et de conditionnement d’air, plâtrerie, peinture et vitrerie, revêtement des sols et des murs voient leurs prix grimper de 8 à plus de 9 %. Hausse moins prononcée pour les travaux d’installation électrique (+ 5,1 %). Parmi les indicateurs à noter : des montants de crédits à l’habitat pour les particuliers en baisse et une légère érosion du taux d’épargne des ménages.

Emploi en pointillés

Quant à l’emploi dans le BTP, il est ici aussi en pointillés : stagnation de l’emploi salarié et recul du taux de recours à l’intérim. Au premier semestre 2023, les entreprises artisanales sont 27 % à avoir cherché à recruter. Environ la moitié est parvenue à le faire. Les intentions d’embauche pour le second semestre étaient en augmentation par rapport aux intentions d’embauche du premier semestre, passant de 13 % à 19 % des entreprises. Toutefois, une proportion plus importante envisage de licencier ou de ne pas renouveler de contrats. Qu’attendre pour cette fin d’année ? Point de miracle. Un ralentissement de l’inflation pourrait redonner une timide croissance à l’activité du bâtiment. Mais elle demeure fragilisée. Pour répondre aux problématiques actuelles, de logement, de décarbonatation et d’accessibilité, les entreprises artisanales attendent des pouvoirs publics que la simplification des procédures et réglementations leur permette de déployer toutes leurs capacités, ainsi qu’une pérennisation du soutien à la demande des ménages et des investisseurs. Le «quoi qu’il en coûte» a permis de garder la tête hors de l’eau de nombreuses entreprises sur le court terme, et en même temps, de ne pas détériorer le moyen terme. Ses effets se sont estompés. Pour garantir l'avenir de l'artisanat du bâtiment, un «plan Marshall» dédié serait plus qu'opportun, pour cette branche qui pèse lourd dans notre économie et socialement.