Territoires

L’Agglo thionvilloise et l’ARS renforcent leur politique de santé publique

L’articulation du Projet Régional de Santé (PSR) a donné corps, sur le territoire de la communauté d’agglomération Portes de France-Thionville, à un Contrat Local de Santé (CLS), conclu avec l’Agence Régionale de Santé (ARS). Retour sur cet acte majeur dans cet espace mosellan. Au cœur de cette volonté synergique des acteurs engagés dans le dispositif : l’accès à la santé, au droit et aux soins. Un enjeu de société primordial. 


La Covid-19 a accentué les fragilités psychologiques chez beaucoup : il faut répondre à cet élément de santé publique.
La Covid-19 a accentué les fragilités psychologiques chez beaucoup : il faut répondre à cet élément de santé publique.

Pléthore d’études, de rapports, d’enquêtes le démontrent en 2023. La santé ne dépend pas uniquement de facteurs biologiques ou d’attitudes individuelles, mais aussi des conditions et des milieux de vie. Les facteurs sociaux, environnementaux, économiques et politiques ont un rôle essentiel dans l’état de santé des populations. Incontestablement, les politiques publiques menées dans ces milieux de vie modèlent les conditions de vie de leurs habitants. Cette problématique est le fil rouge, l’ADN, du Contrat Local de Santé conclu entre la communauté de l’agglomération Portes de France-Thionville et l’Agence Régionale de Santé Grand Est. Il s’inscrit dans le champ du Projet Régional de Santé (PRS). Cette seconde convention couvre la période 2023-2025, renforce les initiatives menées entre 2019 et 2022, tout en développant et portant de nouveaux axes sur ces trois années à venir.

Rétablir une démographie médicale pour tous

L’accès à la santé est l’un des enjeux majeurs de notre société actuelle, qu’il soit géographique ou administratif. La crise sanitaire a eu ici un effet grossissant sur nos atouts et nos points faillibles. De cette période hors norme, il ne faut pas oublier le quotidien : de nombreuses personnes renoncent à se soigner par souci économique quand d’autres n’ont plus accès à des professionnels de santé faute d’un nombre suffisant, avec l’apparition ces dernières années de nombreux déserts médicaux. L’orientation choisie par les signataires du CLS dans le giron thionvillois vise à rétablir sur le territoire une démographie médicale favorable et de permettre à chacun d’y avoir accès, notamment pour les populations les plus fragiles, qu’elles soient âgées ou plus jeunes. Car, cette précarité est bien intergénérationnelle. Un diagnostic de territoire a mis en exergue plusieurs points cruciaux : 52 % des médecins généralistes ont plus de 55 ans et 33 % ont plus de 60 ans, 9,5 % des patients de plus de 17 ans n’ont pas de médecin traitant, 11 communes sur les 13 que comptent la communauté d’agglomération Portes de France-Thionville sont en manque de professionnels de santé : un arrêté de l’ARS Grand Est de 2022 a classé 10 Communes de l’intercommunalité en zone d’action complémentaire (ZAC) (toutes à l’exception de Terville et Illange). La commune de Tressange est, quant à elle, classée en Zone d’Intervention Prioritaire (ZIP). On mesure, à la connaissance de ces quelques données, l’importance de ce CLS.

Santé mentale et tabagisme

Afin de répondre à cette problématique, la communauté d’agglomération Portes de France-Thionville s’est engagée à aider les professionnels de santé qui souhaitent s’installer sur le territoire et à attirer de nouveaux praticiens. L’aide proposée est destinée à la primo-installation de professionnels de santé sur le territoire, pour laquelle il est proposé d’appliquer un taux d’intervention de 50 % au montant hors taxe de tout investissement réalisé par le praticien, dans la limite de 10 000 €. Cette aide est portée à 15 000 € s’il s’installe dans un quartier dit prioritaire au titre de la Politique de la Ville. Elle porte sur l’acquisition d’équipement et de mobilier nécessaire à l’adaptation de l’activité médicale et l’acquisition de matériel informatique nécessaire à l’exercice. Cette aide est cumulable avec les autres dispositifs visant à enrayer les processus de désertification médicale dans les territoires sous dotés, fragiles et déficitaires, notamment ceux mis en place par l’ARS et la région Grand Est. Outre l’accès aux soins, plusieurs axes stratégiques ont été défini suite au diagnostic santé établi sur le territoire thionvillois : le bien-être et la santé mentale (+ 4,2 % de taux d’affections psychiatriques de longue durée entre 2014 et 2019, on imagine sans peine que cette donnée a bondi depuis la Covid-19), les maladies métaboliques, cardiovasculaires et les cancers chez les adultes (1/4 des quelque 80 000 habitants de la communauté agglomération Portes de France-Thionville sont ici en Affection de Longue Durée) et la lutte contre le tabagisme, lequel demeure en France la première cause de mortalité en France, avec plus de 70 000 morts annuels liés. Dans notre pays, on recense 10 millions de fumeurs réguliers ou occasionnels, chiffre en baisse régulière depuis quelques années. L’âge moyen d’initiation à la première cigarette est de 14,4 ans. Le coût social du tabac est estimé à 120 Mds€ en France. À l’échelon local, le CLS établi entre l’ARS Grand Est et l’intercommunalité thionvilloise est assurément un levier primordial quant à ces questions de santé publique qui demandent des réponses urgentes.