Gazettescope

Gazettescope : la vérité si je mens en vacances...

Voilà, elles finissent pour les uns, et sont pour les autres un souvenir déjà presque lointain. Elles, ce sont les vacances d’été. Avant de rejoindre la folle cavalcade de la rentrée, une question ultime demeure avant de clore cette période estivale. Faut-il raconter ses congés à ses collègues ? Et même un peu enjoliver la chose ? La vérité est cornélienne…

Le saviez-vous ? Selon une cohorte d’instituts de sondage et autres décrypteurs de nos modes de vie, les Français sont parmi les moins bavards à propos de leurs activités durant leurs congés d’été. Leur compte-rendu estival dure à peine vingt minutes. Pendant ce temps-là, nos voisins Espagnols content par moult détails durant plus de trente minutes leurs pérégrinations à leurs collègues. Bon, nous autres hexagonaux, ne sommes pas si timides en vérité. Car, nous aimons agrémenter - c’est de bonne guerre - cette plage de farniente de gros mensonges et de petits arrangements. C’est monnaie courante dans les récits vacanciers. La spécialité d’une vérité enjolivée made in France : le bronzage et le prix exorbitant du séjour. Car, c’est toujours très sérieux, 11 % d’entre nous mentent au sujet des congés pour rendre jaloux les collègues. Beaucoup vont ainsi s’inventer des activités extraordinaires, dignes de Koh-Lanta, alors que nous avons passé notre été allongé sur une serviette, à rôtir comme un steak ou une écrevisse, en lisant des magazines people, à la ligne éditoriale aussi mince qu’une échalote. Les Espagnols, encore eux, et les Italiens ont tendance à s’inventer de nombreuses rencontres, le fameux latin lover. Les Allemands mettront en avant l’incroyable hôtel dans lequel ils ont séjourné, quand les Anglais tenteront de persuader de leur impeccable bronzage. Alors, faut-il vraiment dire la vérité et rien que la vérité sur ses vacances à ses collègues ? La réponse est non. Car eux vous parleront de la piscine XXL - qui est bien moins large, en mode bassin modeste -. Trop honnête pour mentir au travail ? Mieux vaut abattre la carte de la sobriété en restant factuel. Les embouteillages ? «Ça allait.» La météo ? «Correcte.» La location ? «Propre.» Le lieu de villégiature ? «Pas mal.» En retour, on écoutera benoîtement ses collègues, sans être dupe. Comme la vie des réseaux sociaux, virtuelle et embellie. En fait, les vacances, et la façon dont on les raconte, sont un révélateur de personnalité. Et, on n’oublie pas que l’on est en période de crise. Modestie dans la démonstration requise. En clair, on évitera d’étaler son fabuleux voyage aux États-Unis ou cette île et ses plages paradisiaques face à des collègues rémunérés à mi-temps avec des chèques à trois chiffres. Quant à vouloir subjuguer son auditoire par ces vacances passées au fin fonds d'une campagne perdue, à se morfondre, on évitera, un rien kitch, voire ringard. Bon, à l’heure de conclure cette disgression, un rien forcée et aux traits grossis, on l’avoue, l’essentiel, au retour des congés d’été, est d’avoir fait le plein de tonus, l'esprit et le corps revigorés par pléthore de jolis souvenirs… Comme le parfum d'un slow d'été ou d'une balade au coucher de soleil en bord de mer... Été 2022, fermez le ban !