Gazettescope

Gazettescope : l’entreprise n’est pas une crèche...

Pas d’autre choix que d’emmener son enfant au travail ? Que dit la loi ? Le Code du travail ne traite tout simplement pas cette question. Laquelle se situe entre le règlement intérieur de l’entreprise et la décision de son dirigeant. On a essayé d’y voir plus clair car tout n'est pas permis et c'est loin d'être simple !

Cela a été l’une des rares images sympathiques et rafraîchissantes des périodes de confinement et plus généralement de télétravail. Nombre d’internautes postaient sur les réseaux sociaux en commentaires ou même en visuels leur acrobatique situation de travailler de la maison, de répondre aux mails ou au téléphone, avec le petit dernier sur les genoux. Souvent, l’humour était là. Un côté humain dans ce temps où l'interaction sociale était réduite à portion congrue. Le retour au bureau effectué, la question est revenue. Que faire du petit dernier quand on est au travail en présentiel, loin du domicile ? Les vacances scolaires qui débutent, plus de place en centre aéré, une grève à l'école, la nounou en formation, l’enfant qui tombe malade sans mode de garde. Ces situations arrivent fréquemment aux parents qui travaillent. Parfois, la seule solution est d’emmener le petit au bureau. Mais est-ce autorisé par la loi ? L'employeur peut-il refuser sa présence ? Le Code du travail ne mentionne pas s’il autorise ou interdit la présence de l’enfant d’un salarié sur son lieu de travail. Généralement, les règlements intérieurs d’entreprise précisent que les locaux sont dédiés à un usage strictement professionnel et que les tiers ne sont pas admis. Le mieux alors est de se tourner directement vers son employeur pour obtenir une forme de dérogation à cette règle. C’est lui et lui seul qui délivrera l’autorisation de venir accompagné. La demande peut se faire par voie orale ou par écrit si cela implique une souscription à une assurance spéciale, comme cela peut être le cas si l’entreprise possède des machines, des outils, manipule des produits dangereux. La présence de l’enfant peut poser une question de sécurité. S'il est autorisé au sein de l’entreprise, il, cela paraît une évidence, ne doit aider papa ou maman dans son travail. En effet, cela peut faire sourire, mais ici c’est la loi. Un peu d’aide demandé à son enfant peut constituer un cas de travail dissimulé et coûter cher à l’employeur. Quelques coloriages, consoles de jeux, activités calmes devraient faire l’affaire pour lui faire passer le temps. Dans le cas où l’employeur interdit la présence de l’enfant, il existe des solutions : prendre l’un des trois jours de congés sans solde prévus par le Code du travail pour s’occuper d’un enfant de moins de 16 ans à sa charge, RTT, télétravail. Si l’enfant est souffrant, le congé d’absence pour enfant malade est adéquat. Des dispositifs particuliers peuvent prévoir la présence d’enfants au bureau (hors crèche d’entreprise). Ainsi, une mère a le doit d’allaiter sur son lieu de travail à raison d’une heure par jour jusqu’au un an de son enfant si une salle d’allaitement est mise à disposition. De plus, collégiens et lycéens sont admis en tant que mineurs et tiers, dans le cadre de leurs stages d’observation en entreprise, sous réserve qu’une convention ait été signée. On le voit, la présence d’un enfant en entreprise n'a rien d'anodine. À l’époque où la frontière entre sphère professionnelle et sphère privée a tendance à se rétrécir, c’est là une vraie question. N'oublions pas : si emmener son enfant au bureau peut faciliter la vie, cela peut compliquer celle de l'employeur !