Gazettescope

Gazettescope : l’écriture inclusive en entreprise ? Une discussion sur le sexe des anges !

L’écriture inclusive, cela vous parle ? Il s’agit d’une forme sémantique visant à mettre sur un pied d’égalité les femmes et les hommes. Est-ce applicable en entreprise ? Pour ? Contre ? La Gazettescope n’a pas tranché et a opté pour l’abstention - sport très à la mode -. Enfin, pas tout à fait…

Une écriture, trois principes. Rappel. En 2015, le Haut conseil à l'égalité entre les femmes (HCE) et les hommes avait publié un guide incitant les pouvoirs publics à adopter une communication «sans stéréotypes de sexe». Plusieurs ministères, institutions, collectivités et universités se sont depuis engagés à appliquer ces recommandations. L’écriture inclusive est décrite comme un «ensemble d’attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les hommes et les femmes». Trois principes donc la régissent : accorder les fonctions, les métiers mais aussi les titres et grades en fonction du genre. On écrira ainsi une «pompière», «une maire», «une auteure», «une professeure». Au pluriel, le masculin ne l’emporte plus sur le féminin. Il faut inclure les deux sexes grâce au point milieu. On écrira donc «les électeur·rice·s», «les citoyen·ne·s», «les directeur.rices.s», «les salarié.es.s». Enfin, ne plus employer les mots "homme" et "femme" mais utiliser des termes beaucoup plus universels comme «les droits humains» (à la place des «droits de l’homme»). 

Pour !

Dès lors, faut-il faire grandir cette écriture inclusive au sein des entreprises ? Oui. Pour la bonne raison que l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes est un objectif essentiel et cela passe aussi par des marqueurs culturels. C’est justement le but de l’écriture inclusive, dont les règles de syntaxe consistent à ne jamais favoriser le masculin sur le féminin. Bien sûr, c’est une contrainte de forme : pour les ressources humaines qui proposent des offres d’emploi avec des fonctions systématiquement féminisées pour le service communication appelé à publier des communiqués non genrés ou pour tous les collaborateurs que l’on invitera à rédiger des mails truffés de mots avec le fameux point milieu («client·e»). Mais l’écriture inclusive peut contribuer à faire évoluer les mentalités. Pour la hiérarchie, c’est une façon de prendre en compte l’attente des plus jeunes. 

Contre !

Non. Selon un sondage Ifop, un tiers des Français savent ce que signifie l’écriture inclusive. Dans ce cas, pourquoi se faire des nœuds au cerveau pour disserter - et souvent polémiquer - pour une pratique qui n’intéresse pas grand monde, pour tout dire, personne ? Cette mode bien-pensante ne motive qu’une petite marge de la population qui se veut avant-gardiste. On peut être pour l’égalité homme-femme au travail sans verser dans cette novlangue qui crée des contraintes inutiles. Si un service l’applique mais pas les autres, c’est toute la communication de l’entreprise qui est bancale. Enfin, il y a déjà suffisamment de salariés en délicatesse avec l’orthographe traditionnelle. Inutile de leur compliquer l'existence avec des règles d’écriture plus complexes, nécessitant d’ailleurs un minimum de formation. Par exemple, connaissez-vous les raccourcis clavier sur Windows ou Mac pour taper un point milieu ?… Dans la même veine, on aurait aussi pu évoquer dans ces lignes le pronom «iel». Cette forme de troisième personne au singulier permet de désigner les individus, sans distinction de genre. Il n’y aurait ainsi plus de femmes et d’hommes en entreprise… En guise de conclusion, nous avouerons franchement. Nous préférons rester familiers de Molière, Bernard Pivot ou maître Capello, sans triturer notre belle langue et ses subtilités que le monde entier nous envie.