Entreprises

Être entrepreneur à moins de 30 ans…

L’Urssaf Lorraine vient de présenter son enquête sur l’activité professionnelle des jeunes. Zoom sur ces données vues sous l’angle du travail indépendant et de l’entrepreneuriat. Instructif à plus d’un titre. À mettre en perspective qui compte quelque 176 000 individus âgés de 15 à 29 ans, soit 16,7 % de la population du département : les sillons d'où germera l'entrepreneuriat de demain dans le département.


Le nombre croissant de micro-entreprises est une conséquence de la propension de nombreux jeunes à se lancer dans l'aventure entrepreneuriale.
Le nombre croissant de micro-entreprises est une conséquence de la propension de nombreux jeunes à se lancer dans l'aventure entrepreneuriale.

L’Urssaf Lorraine, de par ses missions, est un acteur engagé dans l’accompagnement des jeunes créateurs. Elle dispose aussi, en tant qu’organisme collecteur des cotisations sociales, de données statistiques sur l’activité des jeunes en tant que salariés du secteur privé, indépendants et entrepreneurs.

Indépendant et salarié

Le premier élément à relever dans cette étude tient à l’état des lieux des travailleurs indépendants lorrains dits «classiques» (non micro-entrepreneurs). 6,5 % d’entre eux ont moins de de 30 ans, soit une population de 3 076 individus. 15,2 % exercent des activités paramédicales et de sages femmes, 15,7 % des activités sportives et 10,8 % une activité de commerce de détail non spécialisé. Les indépendants de moins de 26 ans (836 personnes) sont 12,2 % à exercer par ailleurs une activité salariée dans le secteur privé. Chez les 26-29 ans, cette part de cumul d’activité se réduit à 7,9 %. Les revenus professionnels des travailleurs indépendants évoluent avec l'âge : le niveau de revenu est globalement croissant avec l'ancienneté. En 2020, les travailleurs indépendants de moins de 26 ans ont déclaré un revenu moyen annuel de 16 024 € contre 44 062 € pour l'ensemble des travailleurs indépendants.

La micro-entreprise, revenu complémentaire

Sur le volet des micro-entrepreneurs, on le sait, statut qui a «explosé» ces dernières années, 18,9 % ont moins de 30 ans (3 689 individus). Le secteur des livraisons à domicile (activité de poste et de courrier) est majoritairement représenté par les jeunes de moins de 30 ans (65 %). A contrario, dans le BTP travaux de finition, 8,4 % sont de jeunes micro-entrepreneurs. La part de cumul d’activité chez les jeunes micro-entrepreneurs est significative puisque 29,2 % des moins de 26 ans (1 152 personnes) et 25,5 % des 26-29 ans (941 personnes) cumulent une activité salariée dans une entreprise privée. Concernant la rémunération des micro-entrepreneurs, les 26-29 ans déclarent 5 735 € annuels, soit un revenu légèrement inférieur à celui observé sur l'ensemble des micro-entrepreneurs (5 902 €). En revanche, ce revenu est réduit chez les moins de 26 ans (3 301 €), ce qui s'explique en partie par la forte proportion de jeunes entrepreneurs dans les activités peu rémunérées, notamment les activités de livraison à domicile. Ce secteur a connu un fort pic d’activité durant la crise Covid-19.

Pas de sens sans rigueur...

Enfin, relativement aux néo-créateurs d’entreprise, en 2021, 3 438 travailleurs indépendants «classiques» et 16 344 de micro-entrepreneurs s’étaient immatriculés. Chez les premiers, 30,4 % ont moins de 30 ans, contre 37,5 % chez les micro-entrepreneurs. Au regard des données de la création, en Lorraine, comme en Moselle, qui demeure soutenue ces deux dernières années, mais plus aussi forte qu’au plus fort de la crise pandémique en 2020 et 2021, les ambitions d’accès à l’autonomie professionnelle des moins de 30 ans ne se dément pas. Beaucoup franchissent le Rubicon. Mais ce louable volontarisme, cette quête de sens et d'idéal, ne doit en rien faire oublier l’essentiel : l’entrepreneuriat ne doit rien aux lois du hasard. Il se prépare en amont, avec un solide accompagnement. Savoir-faire et savoir-être constituent un savant dosage : les clés de la réussite. Cela dépasse les clivages générationnels d'ailleurs...