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Entreprises mosellanes : le CV est-il has been ?

À l’heure de tant de modifications actuelles et à venir dans la sphère travail lui ouvrent les portes d'autres modèles, accélérées par les conséquences sociétales de la crise sanitaire de Covid-19, et de l’inexorable avancée de la digitalisation, on peut se poser la question. Quelle place pour le CV dans le processus de recrutement dans un écosystème numérique ? La start-up messine Jobfist a trouvé sa solution : exit le CV… pour une solution innovante de matching par compétences et prérequis. Un changement radical de paradigme est amené à essaimer dans nos TPE et PME locales.

Dans la chaîne du recrutement, donner toute sa place au savoir-être.
Dans la chaîne du recrutement, donner toute sa place au savoir-être.

L’exemple nous vient des Pays-Bas et pourrait faire des émules en France, et le voir décliner au niveau local, pour les chefs d’entreprises mosellans. «Les CV, à la poubelle !» C'est en tout cas l'idée du projet derrière la société TestGorilla. La start-up hollandaise spécialisée dans les ressources humaines voulait trouver le moyen d'éliminer les préjugés, les biais des recruteurs lors de la sélection d'un profil. En somme, optimiser les recrutements et se débarrasser, au maximum, d'une grande part du hasard et des imprécisions quant à cette opération délicate pour un chef d'entreprise. La crise sanitaire fut le moment parfait pour se développer puisque les recrutements se faisaient massivement en ligne et sans passer par la traditionnelle rencontre physique.

Éliminer les biais

Dès lors, la place du CV dans le processus d'embauche était maximale. Alors sur quoi se baser à la place d'un CV ? TestGorilla a créé des tests assez courts (10 minutes) fondés sur une multitude d'informations selon le profil d'une société. La base de données des tests est plutôt vaste et comprend des questionnaires de personnalité, de culture, de langue, des capacités cognitives, de réaction situationnelle ou des compétences liées à un travail spécifique. Ces exercices sont établis par une équipe d'experts en psychométrie qui s'appuient sur un ensemble de données pour concevoir les tests. Ils sont ensuite réexaminés par des experts dans le domaine de l'exercice pour garantir leur exactitude et leur efficacité. Il est aussi possible de créer son propre test en fonction des besoins de son entreprise. L'algorithme crée un système de points et de classement pour départager les candidats, le recruteur n'a alors plus qu'à faire son choix. L'avantage indéniable à ces exercices est d'avoir le sentiment d'être jugé sur ses capacités réelles plutôt que sur un ensemble de variables comme les diplômes ou les expériences. Les biais sociaux, ethniques ou encore la beauté d'un CV font régulièrement pencher la balance même de manière inconsciente lors d'une embauche. Cette méthode permet de réduire drastiquement ces biais. Pour le candidat à un poste, c'est aussi un bon moyen de comprendre là où le bât blesse plutôt que de recevoir un simple refus, souvent sans explication.

Chronophage pour l'employeur...

Alors avec les nouvelles possibilités de données et d'analyse, le CV doit-il rester la norme pour obtenir un travail ? L'avenir nous dira si de plus en plus d'entreprises font ce choix. En tous les cas, l’alternative à cette méthode de recrutement qui peut paraître désuète à l’heure du numérique, l’entreprise messine Jobfirst en a fait son cheval de bataille. En France, a fortiori en Moselle, la pénurie de candidats, tous secteurs confondus, est de plus en plus importante. Ainsi, au second trimestre 2022, dans notre pays, 355 400 emplois étaient vacants, selon la Dares. Tendance à la hausse : + 91 % pour l’industrie, + 71 % dans le tertiaire, + 46 % dans la construction. Les recruteurs font face à des problèmes pour attirer des candidats répondant aux besoins de l’entreprise et pour traiter les candidatures en masse sur des postes peu qualifiés. Force est de constater que le recrutement «à l’ancienne» s’avère dépassé. Il fonctionne encore sur la base des CV… dont beaucoup sont enjolivés ou carrément quasiment inventés par les candidats. L’étude du CV est en plus chronophage pour l’employeur. Il faut retenir cette donnée, apparaissant paradoxale à l’heure de la digitalisation : 60 % des entreprises réalisant plus d’un million d’euros de chiffre d’affaires ne disposent pas de solutions de recrutement digitales.

Jobfirst : ça matche !

C’est à partir de ce postulat de départ que Philippe Valoggia, fort de 20 ans d’expérience en tant que DRH de grands groupes et fondateur d’un cabinet de recrutement, a décidé de lancer Jobfirst, avec deux associés, Maxime Belair et Samuel Eustachi, s’appuyant sur leur longue expertise de l’entrepreneuriat et des solutions digitales. Le process de Jobfirst : une plateforme de recrutement sans CV offrant une expérience mobile et gratuite pour le candidat et un outil d’aide à la prise de décision pour le recruteur, avec un focus sur les métiers opérationnels. Depuis sa création en avril 2020, elle compte 180 000 utilisateurs et a accompagné 24 000 recrutements. Aujourd'hui, pour accélérer son développement, et en complément de sa levée de fonds avec des business angels, Jobfirst offre la possibilité de rejoindre une levée de fonds participative avec Kriptown, dès 10€. PrepAcademy a par ailleurs conclu un partenariat avec Jobfirst pour développer sa partie emploi. Les 120 000 utilisateurs de PrepAcademy pourront profiter de l'expérience Jobfirst pour créer un profil professionnel sans CV et candidater aux offres d'emploi de ses partenaires. Du côté des candidats, et la pandémie a accéléré le phénomène, le CV mettant en lumière leur parcours et leurs compétences, puis répondre à une annonce, devient un frein dans la recherche d’opportunités professionnelles. Ils sont en quête de simplicité d’usage, de transparence, d’informations, de mise en relation rapide. Du côté des recruteurs, ils éprouvent des difficultés pour diffuser et créer des annonces, puis à qualifier aisément les candidats… s’ils en trouvent. Ils passent également une grande partie de leur temps à contacter ces mêmes candidats pour avoir des informations basiques comme le permis de conduire, la mobilité, les disponibilités horaires. L’entreprise messine Jobfirst se situe donc à ce point de rencontre, proposant et animant un écosystème générant une synergie entre candidats, recruteurs, centres de formation et écoles, en prenant en compte les aspirations de chaque partie, en facilitant la relation. En définitive, en lien direct et immédiat, un vrai circuit court du recrutement.

Pour aller plus loin :  
La campagne sur Kriptown : https://www.kriptown.com/project/jobfirst
Site web : https://jobfirst.io
LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/jobfirst