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En Moselle, la branche des services de l’automobile affiche son dynamisme

En termes de formation et d’emploi, la branche des services de l'automobile est bien orientée ces derniers mois. Autant dans le périmètre de la région Grand Est que dans l’espace mosellan. Ses métiers évoluent et séduisent à nouveau les jeunes. La mutation du parc automobile vers le véhicule électrique est ici un facteur majeur d’attractivité. Regard sur quelques chiffres et tendances. Les indicateurs sont positifs.

Répondant aux mutations sociétales de notre temps, les métiers des services de l'automobile évoluent sur bien des points.
Répondant aux mutations sociétales de notre temps, les métiers des services de l'automobile évoluent sur bien des points.

«On a trop longtemps considéré nos métiers comme une voie de garage. Il est heureux de constater qu’auprès des jeunes, de leurs familles, les mentalités changent, les lignes et les codes bougent», constate Sylvie Albrecht, responsable territorial Grand Est de l’ANFA, dont on rappellera ici les finalités. L'organisme est chargé par la Commission paritaire de la branche des Services de l’automobile de la mise en œuvre des dispositifs relevant de sa politique nationale de formation. L’ANFA anime l’Observatoire des métiers des services de l’automobile, tend à apporter une expertise dans le cadre de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) de branche, intervient sur le champ de la certification, assure la promotion des métiers et développe l’apprentissage, notamment par les réseaux des CFA pilotes.

La mobilisation des acteurs socio-économiques et d'insertion

Dans cette branche, le regain de l’alternance ne doit rien au hasard, comme l’analyse Sylvie Albrecht : «Le long et patient travail des acteurs de la branche, des professionnels, des enseignants pour promouvoir nos métiers auprès des jeunes, ce dès le collège, commence à porter ses fruits. À nos côtés, l’implication des missions locales, de l’École de la 2e chance est déterminante.» À l’échelon régional, 6 547 jeunes étaient inscrits à la rentrée 2022 dans une formation - du niveau CAP à celui d’ingénieur - de la branche des services de l’automobile et de la mobilité. Dont 52 % en alternance. Le nombre de ces alternants a progressé de 48 % depuis 2017, de 9,6 % de 2021 à 2022 (un taux équivalent à celui de la Moselle). 66 % des apprentis sortants de formation en 2021 étaient en emploi dans les six mois. «C’est une bonne nouvelle pour les entreprises qui rencontrent souvent des difficultés pour recruter de nouveaux talents», poursuit Sylvie Albrecht. Le panorama de la branche en Grand Est : 34 780 salariés, 14 889 entreprises, dont 6 652 établissements avec salariés. 96 % de ces entreprises sont des TPE de moins de onze salariés, lesquels, pour 90 % occupent un CDI. Les secteurs comptant le plus d’actifs sont ceux de la réparation automobile, du commerce automobile, du commerce et de la réparation de poids lourds. Les métiers de l'automobile regroupent l'ensemble des activités engendrées par la durée de vie d'un véhicule, de la conception à la vente en passant par la réparation, soit une kyrielle de métiers, dont carrossier, mécanicien, contrôleur technique, mais aussi designer industriel, dessinateur en construction mécanique, ingénieur en automatisme, soudeur, ingénieur calcul, aérodynamicien…

Une féminisation qui se cristallise

Sylvie Albrecht observe : «Nos métiers restent en tension et font face à une pénurie de candidats. Celui de carrossier figure parmi les 20 plus en tension tous métiers confondus. En cela, l’apprentissage nous aide beaucoup pour y faire face. De plus, nous constatons une féminisation de nos métiers qui progresse. Certes, elles ne sont que 3 % de nos effectifs, mais il n’est plus rare de trouver des carrossières peintres, par exemple.» Les métiers de l’automobile, comme d’autres, comme l’apprentissage d’ailleurs, ont été trop longtemps minorés dans les parcours d’orientation et le choix des familles. Un mal culturel bien français. Si des progrès sont ici notables, du chemin reste à parcourir pour une meilleure reconnaissance. Sylvie Albrecht fait cette remarque : «L’image du mécanicien les mains pleines de cambouis va laisser place dans les années futures à un technicien en blouse blanche. Ce qui ne veut pas dire que l'on aura plus besoin du premier.» Il est un facteur déterminant à ses yeux, que les employeurs ne peuvent occulter : «La jeunesse change, elle n’a plus du tout la même vision du monde du travail et ne cherche plus forcément le CDI, comme les générations précédentes y prétendaient. C’est une clé majeure : l’entreprise doit recruter. Mais cela ne suffit plus. Il lui faut fidéliser. Cela passe par un parcours d’intégration, une montée en compétences durant toute une carrière, avec des formations constantes.» En somme, rendre l'entreprise attractive et ne plus la voir seulement comme lieu d'exécution d'une tâche.

Regarder l'avenir avec optimisme

Plus spécifiquement à la Moselle, la concurrence du Luxembourg est bien réelle. En termes de salaire particulièrement. La chance de la branche automobile est certainement la mutation de son parc. En 2022, en Grand Est, les immatriculations de véhicules neufs étaient au nombre de 114 195. 15,8 % portaient sur un véhicule électrique. La part des motorisations alternatives dans le parc automobile régional était de 4 % (contre 57 % pour le diesel et 39 % pour l’essence). Pour Sylvie Albrecht «ce sont l’ensemble des métiers de l’automobile qui sont amenés à s’adapter. Tous les acteurs de la chaîne sont concernés. Cela va demander aux entreprises des investissements de formation. Le vendeur en concession que nous connaissons va devenir un conseiller livraison vente. D’autres métiers vont ainsi évoluer.» Ce changement de paradigme entraîne une question essentielle. Face aux multiples adaptations à venir, les garages de proximité, les plus petits en premier lieu, ceux qui jouent un rôle d’interaction sociale indéniable dans nos communes, en ruralité notamment, auront-ils les reins assez solides, en termes de structures et de moyens financiers pour absorber cette révolution ? Rien n’est moins sûr. Au demeurant, les métiers de l’automobile ont ouvert les portes de leur futur. Sur bien des points, il est passionnant...