Entreprises

En 2024, quel type de création entrepreneuriale en Moselle ?

Le ralentissement national de la création d’entreprise est bien mois prononcé à l’échelle de la Moselle, qui a battu, l’an passé, son record d’immatriculations. En revanche, la situation départementale rejoint la tendance hexagonale : pratiquement 7 entreprises nouvelles sont des micro-entreprises. Le constat tient du verre à moitié vide, à moitié plein, entre dynamisme observé et paupérisation de l’outil productif à ne pas négliger.

Depuis quelques années, on observe un basculement dans la typologie des créations d'entreprise.
Depuis quelques années, on observe un basculement dans la typologie des créations d'entreprise.

11 563. C’est le nombre de nouvelles entreprises immatriculées en 2023 en Moselle, selon la dernière pesée de l’Insee. C’est une augmentation de + 2,9 % par rapport à 2022, où 11 233 entités avaient été lancées, et + 2,7 % par rapport au cru 2021 (11 255). L’année 2023 de la création dans le département aura finalement été assez linéaire : 3 000 immatriculations au 1er trimestre, 2 700 au second, 2 955 au 3e et 2 908 au 4e. C’est cette dernière période qui voit différer la Moselle de la tendance nationale. Sur octobre, novembre et décembre, elle enregistre + 2,6 % par rapport au 4e trimestre 2022, et + 5 % par rapport au 4e trimestre 2021. Données intéressantes à mettre en perspective avec celles connues pour l’ensemble du pays. Au total, un million d’entreprises ont été créées en France l'année dernière, soit 10 000 de moins qu’en 2022. Le millésime 2023 était pourtant bon, mais le mois de décembre a altéré les chiffres annuels.

L'ascension de la micro-entreprise

La confiance a chuté en fin d’année en raison du climat général. La guerre au Proche-Orient qui s’est ajoutée à la guerre en Ukraine, la persistance des prix élevés de l’énergie qui pèsent sur la production et l'inflation générale ont eu raison de la confiance nécessaire pour investir et créer chez beaucoup de potentiels entrepreneurs. Une baisse nationale qui touche principalement les secteurs de l’immobilier et de la construction, quand on observe une stabilité dans le commerce et l’hébergement, et une hausse des créations dans l’information et la communication. Sous l’angle mosellan, comme hexagonal, l’une des statistiques les plus marquantes tient aux types d’entreprises concernées. En France, les créations sont en repli chez les sociétés traditionnelles (PME, ETI), alors que celles sous le régime de la micro-entreprise augmentent (+ 3 % en 2023) avec 667 000 unités. La Moselle est ici au diapason de la tendance nationale. On y observe une érosion des créations de PME-ETI de - 10 % de 2022 à 2023 (- 13,8 % de 2021 à 2023). Comme un principe de vase communiquant, c’est la forme micro-entrepreneuriale qui en bénéficie. L’écosystème économique mosellan a vu l’an passé 7 323 micro-entreprises nouvelles. Soit + 10,82 % par rapport à 2022 et + 12,73 % par rapport à 2021. Elles représentaient l’an passé 67 % du total des créations en 2023, alors que ce nombre était de 60 % en 2021. Et bien inférieur à 50 % les années ayant précédé les débuts de la crise pandémique en 2020. On peut s’interroger sur cette proportion ascendante.

Quel entrepreneuriat ?

Au-delà de la légitime aspiration à voler de ses propres ailes, à une certaine forme d’indépendance professionnelle, d’autres questions se posent légitimement quant à ce boom de la micro-entreprise. Entrepreneuriat souhaité ou contraint ? Entrepreneuriat éphémère ou durable ? N’est-ce pas là une configuration de paupérisation de notre tissu productif ? Être aujourd’hui micro-entrepreneur ne sous-entend-t-il pas une précarisation de l’emploi ? On pense ici à cette armada de livreurs ou de chauffeurs courant derrière un statut social, qui s’apparente à l’Arlésienne. Quant à ceux qui visent la création d’entreprises plus classiques, quelle que soit leur taille, ils réclament un allègement des formulaires et des procédures administratives, demandent une simplification des fiches de paie et des déclarations de cotisations, ainsi que l’adaptation des normes à la taille de leur société. Les jeunes créateurs veulent tout faire pour respecter la transition énergétique mais tout le monde ne peut pas répondre aux mêmes critères qu’une multinationale. Ces derniers jours, on a beaucoup entendu les termes «simplification», «déverrouillage», «débureaucratisation». Une chose est certaine, oser l’aventure d’un entrepreneuriat assumé et pérenne demande plus que des mots, plus sûrement, une vision, un cap, à long terme.