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Créations d’entreprises en Moselle : un record à pondérer...

Le nombre de créations d’entreprises a battu tous les records en 2022 en France. La Moselle n’échappe pas au phénomène. Plus de 6 sur 10 sont des micro-entreprises, dont les chiffres d’affaires sont parfois très bas. Par ce statut, le nombre de créations ne cesse d’augmenter depuis huit ans. Un record à relativiser. L’euphorie des chiffres cache souvent une réalité moins exaltante.

La micro-entreprise contribue à faire progresser le taux d'entrepreneuriat. Elles ont représenté l'an passé un tiers du total des créations d'entreprises en France.
La micro-entreprise contribue à faire progresser le taux d'entrepreneuriat. Elles ont représenté l'an passé un tiers du total des créations d'entreprises en France.

Le 20 janvier dernier, l’Insee publiait les chiffres de créations d’entreprises en France sur l’ensemble de l’année dernière. Un nouveau record était atteint avec 1,072 million d’immatriculations en 2022. Soit une hausse de 2 % par rapport à l’année 2021. Quand on regarde les données à l’échelon mosellan, c’est aussi un nouveau record établi : 11 327 immatriculations l’an passé. Une progression moindre cependant sur un an : + 0,63 % (11 255 immatriculations en 2021). L’observation hexagonale, comme locale, dégage cette tendance : en 2022, la création a été surtout portée par le secteur des services aux entreprises et les activités liées au design. Un secteur a particulièrement connu une baisse de ces immatriculations : celui des transports et de l’entreposage. Ces activités avaient connu une forte croissance au début de la pandémie, avec les services de livraisons à domicile. Trois ans après, depuis la levée des restrictions sanitaires, elles semblent à la peine.

Stabilité pour la création hors micro-entreprises

Derrière ce record d’immatriculations se dévoile une réalité. En France, 61 % sont des micro-entreprises (656 000 créées en 2022, loin devant les sociétés et les entreprises individuelles classiques). Même phénomène observé en Moselle. En 2022, 7 146 micro-entreprises ont vu le jour dans le département, soit 63 % du global des créations. En 2013, la part de micro-entreprises était de 47 %. 56 % en 2019. Si l’on scrute les cinq dernières années, on note, que hors micro-entreprises, le nombre de créations d’entreprises progressent peu en Moselle : 4 125 en 2019, 4 162 en 2020, 4 316 en 2021 et 4 181 en 2022. C’est même une régression sur les deux derniers exercices comparés. Sur la période directement antérieure à la crise sanitaire, cette donnée oscillait autour des 4 000 créations/an. Ainsi, on s’aperçoit des chiffres relativement stables sur la dernière décennie.

La réalité d'un statut

Il est une autre réalité, corroborée par un faisceau d’études socio-économiques et sociologiques. Le micro-entrepreneuriat est souvent un statut précaire. On peut le voir comme une zone grise du travail. En effet, les micro-entrepreneurs travaillent souvent en sous-traitance ou pour créer leur emploi, car ils n’en trouvent pas. On se situe ici dans un entrepreneuriat de contrainte. Les données de l’Urssaf faisant ce constat : près de la moitié des micro-entreprises n’ont en réalité aucune activité. Le chiffre d’affaires moyen d’un micro-entrepreneur est de 1 569 € par mois, nettement en dessous du revenu disponible moyen de 1 837 € pour une personne seule. Apparu en 2008, le micro-entrepreneuriat permet de se construire des compétences, de se créer un réseau, de se tourner vers une activité plus stable. Il contribue également à réduire les chiffres du chômage. En définitive, les statistiques annuelles du record de créations d’entreprises doivent être lues avec mesure. Elles ne renseignent en rien sur deux items primordiaux quant à ces formes d’entreprises poussant comme des champignons : le bien-être de leurs créateurs et la réelle performance économique mesurée de ces entités nouvelles...