La Gazettescope

Chronique du temps qui passe…

De plus en plus délaissés, les distributeurs automatiques de billets n’ont plus la cote, dépassés par la dématérialisation inexorable des échanges. Leur déclin n’est pas sans rappeler celui des cabines téléphoniques. C’était il y a à peine 20 ans… Les Mosellans qui font la jonction entre deux mondes n’ont pas oublié… Quant aux plus jeunes, tout cela est sans doute affaire de musée ! Après tout, il faut bien vivre avec son temps et le progrès !

Un geste du quotidien qui se raréfie de plus en plus.
Un geste du quotidien qui se raréfie de plus en plus.

Remémorons-nous ce passé pas si lointain, une vingtaine d’années, tout au plus. Nous sommes au début des années 90, avant l’ère du téléphone portable. Plus tout à fait «le 22 à Asnières» de Fernand Raynaud, mais pas encore entrés dans la connexion permanente. En 1997, la France compte quelque 300 000 cabines téléphoniques, dans nos villes et localités rurales. Deux époques se croisent, l’une va rejoindre les rangs des souvenirs, une autre s’ouvre. À ce moment, la téléphonie mobile débute son irrésistible ascension. Les usages changent rapidement, dès les premiers modèles mis sur le marché. Effet fulgurant : fin 2014, on ne compte plus que 66 250 cabines téléphoniques. Un an plus tard, la loi Macron, supprime l’obligation pour les communes de posséder une cabine téléphonique dès qu’elle dispose d’une couverture par le réseau 2G ou 3G, permettant à l’opérateur Orange de les désinstaller. En 2017, il restait en France un peu plus de 5 000 cabines téléphoniques pour une utilisation quotidienne moyenne de moins de dix secondes, soit une baisse de 95 % de communication en 20 ans. Un an plus tard, on se situe à 28 secondes… par mois. Il resterait ainsi moins d’une vingtaine de cabines aujourd’hui, situées dans des zones blanches.

Une évolution des usages

Curieuse similitude que ce rappel de la destinée de cet objet, il n’y a pas si longtemps courant, désormais appartenant au passé, avec l’actualité récente relative aux distributeurs automatiques de billets. Sont-ils appelés à subir le même sort ? Un constat s’impose : ils sont de plus en plus délaissés, au profit de moyens de paiement beaucoup plus pratique. Quelques statistiques pour comprendre le phénomène : plus de 40 % d’entre nous font moins d’un retrait par mois en moyenne. 7 % n’ont même jamais recours à ce que l’on nomme les DAB. En moins d’une décennie, nous sommes passés de 55 000 distributeurs à moins de 48 000. Pendant longtemps, il était peu concevable de ne pas avoir de monnaie sur soi. Les choses ont changé. En 2023, 98 % des consommateurs utilisent une carte bancaire pour effectuer leurs achats. Le sans contact s’impose rapidement dans les nouveaux modes de paiement, accéléré par les nouvelles habitudes nées de la crise sanitaire : 81 % d’entre nous y ont recours régulièrement. Mais, le moyen de paiement le plus populaire actuellement est bien le paiement mobile, via son smartphone ou sa montre connectée : c’est le cas pour 40 % des personnes âgées de 18 à 34 ans. Comme un choc de générations ? Pas tout à fait : 10 % des plus de 66 ans ont adopté le paiement mobile. Avec tous ces nouveaux moyens de paiement, l’avènement du dématérialisé, les distributeurs automatiques subissent un logique déclin. L’arrivée imminente de la gratuité des virements instantanés devraient confirmer la tendance. Après tout, pourquoi s'en inquiéter ? Au fil du temps, combien d'objets usuels ont été remisés au placard, pour laisser place à d'autres ? Le bottin, le Minitel... Ce n'est que la logique évolution du progrès... Finalement, un petit ou grand rituel.