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Chômage en Moselle : derrière le miroir des chiffres…

L’insertion professionnelle sera l’un des grands thèmes des désormais proches échéances électorales. Sur le sujet, on entend un peu tout et son contraire. Les bons chiffres du chômage sont encourageants mais à pondérer. Quid de la réalité de l’adéquation entre offre et demande ? De nombreuses entreprises cherchent désespérément de la main-d’œuvre. On fait le point en Moselle en ce début d’année.



A l'heure du contexte pandémique, nombre d'entreprises cherchent leur personnel.
A l'heure du contexte pandémique, nombre d'entreprises cherchent leur personnel.

Quand les chiffres du chômage seront définitivement consolidés pour l’année 2021, la Moselle s’inscrira sans doute dans la tendance nationale. Le nombre de demandeurs d’emploi diminue. Mais exposer une donnée positive, à moins de vouloir faire de la communication, ne suffit pas à comprendre précisément le panorama du moment et à déceler ce que sera l’avenir. Surtout dans le contexte pandémique actuel qui laisse planer bien des incertitudes sur le plan économique, même si le «quoi qu’il en coûte» a permis de garder la tête hors de l’eau de nombreux secteurs et entreprises, mais a, pour longtemps, plombé encore un peu plus la dette publique de la France. En décembre, selon l’Insee, elle s’élevait à 2 834 Md€, soit 116,3 % du PIB. On souhaite, sans ironie, tout le courage du monde aux générations futures, sur cette thématique, comme sur tant d’autres, comme l’environnement ou les retraites. Tous ces sujets seront au cœur des prochaines élections présidentielles d’avril prochain.

Une kyrielle de métiers en tension en Moselle

En Moselle, à la fin d’année 2021, le taux de chômage sera en dessous de 8 %. C’est encourageant, mais pas exceptionnel. Après tout, il était de 6,5 % fin 1982, de 7,3 % fin 1990. C’est mieux toutefois que fin 2010 (9,5 %) ou fin 2019 (8,2 %). Quand la courbe tend à s'infléchir, nombre d’employeurs du département tiennent un discours similaire : «Nous voulons recruter, mais nous ne trouvons pas la main-d'œuvre.» Face à ce constat de terrain, les besoins en main-d'œuvre déposés par les entreprises auprès de Pôle emploi en 2021 nous donnent la physionomie de ces métiers ayant du mal à pourvoir des postes pourtant disponibles. Ainsi, pour la Moselle, 27 760 projets de recrutement étaient recensés dans le département, dont 54 % étaient considérés comme «difficiles à pourvoir», soit près de 15 000. Dans la kyrielle de métiers en tension, ceux arrivant en tête de liste : aides à domicile et aides ménagères, aides-soignants, infirmiers, maçons, agents de services hospitaliers, peintres, éducateurs spécialisés, couvreurs, plombiers, électriciens, ingénieurs et cadres d’études, informaticiens, coiffeurs, employés libre-service, médecins, apprentis de cuisine, employés de restauration, serveurs… La liste est très étendue et les carences créent de vraies difficultés à nombre de filières.

Où trouver le personnel manquant ?

Les raisons ? Elles sont multiples, allant des conditions d’exercice aux salaires. On retrouve souvent ces métiers comme ceux ayant été désignés durant la crise «comme ceux de la 1ère ligne». À ces difficultés à recruter pour les chefs d’entreprise, il est intéressant de mettre en parallèle les métiers les plus recherchés par les chômeurs. Sur la base des demandes d’emploi formulées par les personnes inscrites à Pôle emploi en Moselle en novembre 2021, plusieurs domaines ressortaient : nettoyage de locaux, assistance auprès d’enfants, vente en habillement et accessoires de la personne, secrétariat, mécanique, manutention, personnel de caisse, employé libre-service… Sur les quelque 8 000 personnes inscrites au chômage en Moselle, le nombre de demandeurs d’emploi par tranche d’âge dégage une réalité hexagonale : ce sont les jeunes les plus frappés par ce fléau endémique (15 % des 25-29 ans). Dernière analyse révélatrice, le niveau de qualification des personnes inscrites à Pôle emploi en Moselle. Ils sont 40 % dans la catégorie «employé qualifié », 20,7 % «employé non qualifié», 12,4 % «ouvrier qualifié», 9,4 % «ouvrier spécialisé». Les qualifications les moins touchées sont celles des cadres (3,6 %), des manœuvres (2,9 % et des agents de maîtrise (1,8 %). Entre la volonté de recruter «local» et le manque de personnel récurent, nombre d'employeurs sont tentés de chercher leurs potentiels salariés ailleurs, y compris hors de nos frontières. Car, c'est une réalité depuis toujours, l'immigration de travail est une chance pour notre pays. Là aussi, ce sera un sujet des futurs débats politiques. S'il pouvait être abordé et réfléchi avec apaisement, cela ne serait pas plus mal. Pour une fois...

26 %
C'est le taux de personnes âgées de 50 ans et plus inscrites à Pôle emploi en Moselle en novembre 2021.