La Gazettescope

Au travail, français, anglais ou franglais ?

Les termes anglais envahissent nos courriels, conversations, réunions. Dans la sphère professionnelle, y échapper est quasiment impossible. Pourtant, bien souvent, leur équivalent existe dans la langue de Molière. Alors, pourquoi ? Faut-il s’en inquiéter ? La Gazettescope se penche sur la question.

 Plus de 6 000 mots sont équivalents en français et en anglais.
Plus de 6 000 mots sont équivalents en français et en anglais.

Asap, brainstorming, deadline, feedback, tech, meeting, call, pitch, openspace, workshop, update… On pourrait multiplier ainsi les termes anglais qui jalonnent notre journée de travail. Pourtant, leur équivalence existe en français : plus de 6 000 mots sont équivalents dans les deux langues. Ce type d’emprunt à la langue anglo-saxonne n’est pas nouveau mais tend à s’accentuer dans les entreprises. Emprunter des mots d’une langue à une autre est en somme normal. C’est un flux, il n’y a là pas de frontière. On peut plutôt s’interroger de savoir pourquoi avoir recours à ces anglicismes plutôt qu’à des mots de nos proches voisins italiens, espagnols.

Le pouvoir de choisir

Les explications sont nombreuses. D’abord, impossible de nier que l’anglais est la langue des affaires - et une marque de professionnalisme -. Quand une entreprise possède des filiales de par le monde ou travaillent avec des partenaires ou des fournisseurs étrangers, les échanges se sont naturellement dans cette langue. L’un des défis de l’entreprise est que chacun comprenne ces anglicismes en interne. Et, il faut bien se l’avouer, les mots en français ne semblent pas toujours le même effet, quand il s’agit d’attirer des salariés à un événement, des candidats à un poste. La tendance actuelle, c’est le franglais : où quand une réunion téléphonique devient une «conf-call». Dans un monde globalisé, où la communication se fait en un clic, où l’information voyage à la vitesse de la lumière, comme les échanges, quoi de plus logique que cela finalement ? Il n’y a finalement rien d’effrayant. L’essentiel n’est-il pas de garder notre faculté de choisir ? De nous approprier les mots que nous employons, sans tomber dans les automatismes et obligations ? Il ne s’agit pas d’interdire les anglicismes, mais davantage, de manière presque ludique, de trouver les synonymes le plus souvent possible. Ainsi, en nous interrogeant entre un «call» et «un appel», nous gardons notre liberté de choisir entre des options différentes. On se préserve d’une «novlangue», décrite par Georges Orwell, dans son roman «1984» : un langage avec moins de mots, moins de syllabes, moins de liberté de penser. Le pouvoir des mots, voilà une réflexion universelle, encore plus aujourd'hui, devant les potentialités encore inexplorées de l’Intelligence Artificielle et la duplication du modèle de start-up nation, hérité des racines de la Silicon Valley.