Entreprises

Au Cescom de Metz, comment lutter contre la pollution numérique en entreprise ?

«Comment limiter l’impact environnemental numérique de son entreprise ?» C’est le thème d’une Matinale d’Expertise organisée par Metz Techno’pôles. Rendez-vous le mercredi 17 janvier au Cescom.


La prise en compte de l'impact environnemental du numérique requiert une vraie stratégie managériale à chaque strate de l'entreprise.
La prise en compte de l'impact environnemental du numérique requiert une vraie stratégie managériale à chaque strate de l'entreprise.

En entreprise, on ne mesure pas toujours l’empreinte environnementale causée par nos activités numériques. Selon l’Ademe, le secteur informatique est responsable d’environ 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit l’équivalent d’un pays comme le Japon et quatre fois plus que la France. Il consomme également 10 % de l’électricité mondiale. Cette pollution numérique n’est pas toujours connue : ils seraient moins de 30 % de Français à en être informés. Alors, d’où vient la pollution numérique, en partie due du travail en entreprise ?

Ordinateurs, smartphones, tablettes...

D’abord du cycle de vie des appareils et équipements. De la fabrication à l’utilisation jusqu’à sa destruction, un ordinateur portable produit environ 170 kg en équivalent CO2, dont 124 kg sont produits avant même la première utilisation. Pour un smartphone classique, les émissions de CO2 sur le cycle de vie sont de 38 kg en équivalent carbone, dont 33 sont libérés juste pour la production et le transport. Il faut également savoir que la production d’un ordinateur portable de 2 kilos nécessite environ 800 kg de matières premières dont une part non-négociable est liée à l’extraction et l’exploitation de minerais rares et de matières non-renouvelables, souvent au prix de conséquences sociales et environnementales. En fin de vie aussi, le matériel informatique souffre d’une mauvaise performance écologique puisque entre 70 et 90 % des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) ne suivent pas les filières de recyclage réglementées au niveau international. Au-delà des conséquences environnementales liées à la production des smartphones, tablettes et ordinateurs, un autre problème majeur provient de nos habitudes de consommation d’équipements informatiques en entreprise. De nombreuses entreprises renouvellent très, voire trop fréquemment les flottes d’ordinateurs et de smartphones de fonction, ce qui, faute de prévention, vient significativement aggraver l’empreinte environnementale de ces entreprises.

Raisonner le stockage des données

Second paramètre de cette pollution numérique : le stockage des données. Avec le développement et l’adoption du cloud en entreprises, celles-ci se sont affranchies des contraintes physiques de l’utilisation de serveurs internes pour le stockage de données. De manière problématique, les entreprises ont pris l’habitude de stocker une quantité de données beaucoup plus grande sur des serveurs distants. C’est d’ailleurs tout le problème du cloud : le fait de ne pas stocker soi-même ses données ne fait que «déplacer» l’empreinte environnementale vers les immenses data-centers d’entreprises, extrêmement énergivores. Si le cloud pollue, il reste cependant une technologie très largement diffusée et quasi obligatoire pour les entreprises à l’heure actuelle : c’est donc davantage au niveau de l’utilisation raisonnée du cloud que les actions sont à mener.

Lutter contre l'obsolescence programmée

Troisième facteur : les échanges et pratiques numériques. La façon dont nous utilisons nos équipements informatiques et les services numériques qui y sont associés contribue également à notre empreinte environnementale. Dans le quotidien de notre environnement de travail numérique, ce sont notamment les e-mails, l’envoi et la consultation de vidéos et les requêtes serveur (cloud, recherches…) qui génèrent une pollution digitale qu’il est possible de diminuer. À titre d’exemple, l’envoi d’un seul e-mail avec une pièce jointe consomme autant d’énergie qu’une ampoule allumée pendant 1 heure. Les équipements informatiques, ordinateurs et smartphones représentent plus de 60 % de la pollution numérique en France. À l’échelle de l’entreprise, il existe pourtant des actions à mener pour en réduire l’impact écologique : lutter contre l’obsolescence programmée et modérer le renouvellement du matériel. Sachant que la production et la logistique autour de la fabrication des ordinateurs et des smartphones représentent le plus gros facteur de pollution, une pratique écoresponsable à fort impact consiste simplement à retarder l’échéance de renouvellement des équipements.

Reconditionner et pas jeter

En effet, en passant d’un renouvellement du matériel tous les 1 an et demi à tous les 3 ans, on diminue déjà de moitié l’empreinte carbone liée à l’approvisionnement en matériel informatique. Pour beaucoup d’entreprises, changer de téléphone de fonction tous les ans n’a en réalité pas beaucoup d’impact sur la productivité ni sur l’épanouissement professionnel : ce sont les fabricants qui nous ont habitué à des cycles d’innovation annuels qui ont pourtant des conséquences lourdes sur l’environnement. Il est donc nécessaire d’adopter une réflexion plus profonde sur les réels besoins en matériel informatique de vos employés pour en réduire la fréquence de renouvellement. Le même raisonnement peut être appliqué aux ordinateurs, tablettes, imprimantes et l’ensemble des équipements bureautiques et informatiques. En fin de vie, une bonne pratique consiste à faire reconditionner vos appareils électroniques plutôt que de simplement les jeter : vous pourrez en retirer un certain revenu tout en prolongeant le cycle de vie de ces appareils.

Cet encombrant e-mail

L’e-mail est omniprésent dans le milieu professionnel, à tel point que les cadres Français y passent en moyenne 5 heures par jour. Au travail, nous recevons environ 39 e-mails par jour, ce qui a également des répercussions sur notre productivité. L’e-mail a pourtant un impact écologique non négligeable. Selon une étude de l’ADEME, envoyer 33 e-mails de 1 Mo à deux destinataires par jour produit jusqu’à 180 kg de CO2 par an, soit l’équivalent d’un trajet Lille-Marseille en voiture. Un seul envoi d'un email avec une pièce jointe de 1 Mo consomme autant d’énergie qu'une ampoule de 60 Watts allumée pendant 25 minutes. Il y a donc de bonnes raisons d’utiliser l’e-mailing de façon plus raisonnée. On peut commencer par limiter le nombre de copies carbone de ses e-mails : cela évite la distribution d’e-mails qui restent non lus. Il est de bonne pratique de limiter l’envoi de pièces-jointes trop volumineuses et de réduire le nombre de chaînes d’e-mails qui peuvent être aisément remplacées par des liens de partage.

C’est dans ce contexte et cette urgence à réduire l’impact environnemental numérique en entreprise que le Cescom accueille le mercredi 17 janvier une Matinale de Metz Techno’pôles. Animée par Sébastien Buannic, directeur technique opérationnel Advanced Mediomatrix, la session abordera plusieurs questions essentielles : comment encourager les comportements numériques responsables ? Comment faire les bons choix de services numériques ? Comment établir une gestion responsable des déchets électroniques ? Comment optimiser son infrastructure pour réduire son impact environnemental ? La participation est gratuite. Renseignements et inscriptions avant le 17 janvier sur : https://www.billetweb.fr/matinale-dexpertise53.

Le programme de la Matinale d'Expertise du mercredi 17 janvier :

8 h 15 - accueil des participants autour d'un café et de viennoiseries

8 h 30 - début de la Matinale

9 h 00 - échanges et débats avec les participants

10 h 00 - fin de la Matinale