«Si nous ne sommes pas ensemble, nous sommes foutus.»

«Il n’y a aucune valeur ajoutée au Brexit, c’est du «lose-lose » comme on dit en Angleterre», assure Michel Barnier, le négociateur en chef de l’Union européenne sur le Brexit.
«Il n’y a aucune valeur ajoutée au Brexit, c’est du «lose-lose » comme on dit en Angleterre», assure Michel Barnier, le négociateur en chef de l’Union européenne sur le Brexit.

Invité à l’occasion du congrès national de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) fin mars à Nancy (voir notre précédent numéro), Michel Barnier, négociateur en chef de l’Union européenne sur l’accord du Brexit, est revenu sur cette actualité forte du moment aux conséquences qu’il juge «innommables» pour plus de 4,5 millions de personnes.

«Pour l’Union européenne, le Brexit c’est du passé ! Après 44 ans de vie commune, c’est un divorce qui s’opère aujourd’hui avec les Anglais.» Au cœur du centre de congrès Prouvé de Nancy, à l’occasion du congrès national de la FNSEA fin mars, Michel Barnier, le négociateur en chef de l’Union européenne sur le Brexit donne le ton et avoue que : «l’Union européenne respecte le vote des Anglais mais que nous le regrettons.» Surtout que le feuilleton est loin d’être terminé (voir encadré). Du passé, le Brexit pour l’Union ? Michel Barnier assure devant les agriculteurs réunis à Nancy que la totalité des scénarii sont envisagés et prêts. «C’est aux Anglais de prendre leurs responsabilités. Le Brexit a démontré une chose : l’unité aujourd’hui des 27 membres de l’Union européenne. Depuis deux ans, cette négociation a mis en lumière ce que signifie être dedans et être en dehors de l’Europe. Il n’y a aucune valeur ajoutée au Brexit, c’est «lose-lose (perdant-perdant : ndlr) comme on dit en Angleterre.» Le discours de Michel Barnier va beaucoup plus loin que l’actualité du moment du Brexit. C’est l’Europe en général, la vision, sa vision européenne.

Économie sociale, de marché et compétitive

«Le Brexit aura des conséquences innommables pour plus de 4,5 millions de personnes. La dimension est plus grave : est-ce que l’on peut laisser des gens détruire ce qui a été construit depuis plus de soixante ans ?» Il semble que la réponse aujourd’hui tend vers l’affirmatif et à quelques semaines des élections européennes (le 26 mai en France), le sujet est plus que brûlant. «Le contexte mondial d’aujourd’hui fait que nous devons faire face à de nouveaux défis. En Europe, pour les affronter, il vaut mieux être ensemble. Si nous ne sommes pas ensemble, nous sommes foutus.» Référence faite à la montée en puissance des «États continents», à l’image de la Chine, de l’Inde, des États-Unis, «aucun pays européen n’a la force de faire face à cela seul.» L’Europe, un rempart, une union sacrée nécessaire pour continuer à avoir sa place. Le message n’est pas nouveau mais prend aujourd’hui une toute autre dimension notamment face à la montée des populismes. «C’est vrai, tout n’est pas parfait à Bruxelles ! Lors de la mondialisation, nous avons cédé à un ultralibéralisme qui a montré ses excès. Il nous faut revenir aux bases, aux fondements de l’Union européenne. Il faut mettre tout en œuvre pour retrouver une économie sociale, de marché et compétitive.» Il serait peut-être temps, l’épisode du Brexit pourrait en donner l’opportunité.