Sébastien Vicaire sur sa voie verte

Jusqu’à ses 23 ans, le Vandopérien Sébastien Vicaire avait une vie professionnelle classique. Vinrent une introspection personnelle et une recherche de l’entre-soi. Avant le grand virage le menant vers l’entrepreneuriat dans le domaine de l’éco-construction. Un choix de vie convenant à merveille au créateur de l’atelier Terrechaux.

Il est dans l’existence des moments d’intense réflexion personnelle. De ceux vous faisant soudain prendre une trajectoire encore jamais envisagée plusieurs mois en amont. Sébastien Vicaire, natif de Vandœuvre-lès-Nancy, raconte : «J’avais 23 ans. J’exerçais la profession d’éducateur spécialisé. Progressivement, je me suis mis à analyser notre modèle de société, les habitudes nous guidant tous les matins. Je n’y ai plus trouvé de sens.» Il décide de larguer les amarres, s’immerge dans le quotidien d’un éco-village en Ardèche. «J’ai rapidement compris que cette vision des choses plus humaine, basée sur le partage, était ce que je cherchais», poursuit-il. Plutôt manuel, curieux de ce type de vie participatif dépouillé de nombre d’artifices de la consommation, il réussit une formation d’ouvrier spécialisé en éco-construction à la maison familiale rurale de Riaillé, en Loire-Atlantique, centre de formation par alternance dans les métiers de l’environnement, du paysage, du bois et de l’éco-construction. Après plusieurs expériences dans le bâti de maisons en paille, il se tourne en 2016 vers les enduits naturels et décoratifs, effectuant des stages chez des artisans, complétant sa formation aux Ateliers de Vérone en Touraine, trouvant sa quête d’authenticité. Sur son chemin initiatique, il apprend la technique traditionnelle du Tadelakt, cet enduit à la chaux composant les hammams marocains, étanche à l’eau de ruissellement, après avoir été poli au galet et au savon noir.

Retrouver le sens de l’authentique

Logiquement, il crée en 2017 son atelier, dénommé Terrechaux, rencontrant au fil des mois une clientèle prisant cette façon de penser et de réaliser. Sébastien Vicaire fait du sur-mesure pour chacun de ses chantiers, principalement des maisons de particuliers. Avec une palette de prestations éclectiques : enduits en chaux et en terre, isolants écologiques végétaux, confection de vasques, de salles d’eau en Tadelakt. «Je travaille avec des matériaux naturels et peu manufacturés dans un souci de préserver la santé et l’environnement, en favorisant les circuits courts, avec de la paille, du chanvre. Les couleurs obtenues le sont à partir de pigments naturels», détaille-t-il. L’artisan est satisfait du bouche-à-oreille faisant peu à peu son œuvre. L’homme, lui, se dit plus apaisé, en accord avec lui-même. Les mots posés et l’attitude sereine en témoignent. Parallèlement, Sébastien Vicaire dispense des prestations de conseils, des accompagnements sous forme de soutien dans le démarrage ou l’encadrement de chantiers, des mini-formations. «Cela s’adresse aux auto-constructeurs. Le travail de la main et la transmission du savoir-faire de l’artisan contribuent à l’essor de l’éco-construction. Ce n’est pas une mode, mais une lame de fond», continue Sébastien Vicaire. Autour de lui, il fédère un réseau d’artisans mus par les mêmes convictions. Lui, l’autodidacte, ne peut que s’en réjouir, les pieds bien sur terre, des idées plein la tête. «Il ne faut pas rester sur ses acquis, sans perdre ses valeurs pour autant», conclut celui voguant entre Lorraine et Alsace, au gré de ses rencontres avec ce patrimoine auquel il est si attaché.