«Les révolutions réussies sont faites par des gens modérés»

Jean-François Kahn au Club du Lundi, un cadeau avant les fêtes…
Jean-François Kahn au Club du Lundi, un cadeau avant les fêtes…

Journaliste, écrivain, un brin provocateur mais homme entier de convictions affichées et éclairées, Jean-François Kahn était l’invité du dernier Club du Lundi le 11 décembre à la ferme Sainte-Geneviève de Dommartemont. Bilan de Macron, situation internationale, en passant par l’Europe, Johnny Hallyday ou encore Jean d’Ormesson et naturellement l’univers de la presse tout y est passé ou presque. Un cadeau avant les fêtes…

 

Jean-François Kahn au Club du Lundi, un cadeau avant les fêtes…

«J’ai été pendant trente ans chef d’entreprise mais dans une entreprise qui vend son produit en dessous de son prix de revient.» En une phrase, Jean-François Kahn conquit son auditoire et ne le lâchera pas pendant près de deux heures. Le créateur de l’Événement du Jeudi et de l’hebdomadaire Marianne était l’invité du dernier Club du Lundi de l’année, le 11 décembre dernier au restaurant la ferme Sainte-Geneviève de Dommartemont «grâce à Nathalie Griesbeck, députée européenne Grand Est», comme le précise Alain Hénin, le président du Club du Lundi. La députée européenne est une fidèle du club ! Alors que pour Jean-François Kahn, devant un parterre de chefs d’entreprise, de décideurs économiques et autres managers, c’était une première. Bilan des courses : ce fut un moment très enrichissant et ce à tous les niveaux. Le journaliste qui a quasiment tout couvert : guerre du Vietnam, du Liban, des six jours, «on couvre toujours les guerres mais rarement la paix», confie devant l’assemblée celui qui a été «à une lointaine époque», éditorialiste pour l’Est Républicain. Le parcours de l’homme n’est plus à faire «cela prendrait trop de temps pour vous évoquer tout mon pedigree» et c’est sa vision des choses qui était attendue. La presse naturellement, les questions ont été nombreuses sur le sujet et le journaliste-écrivain l’a connaît bien pour l’avoir pratiquée et encore aujourd’hui. Une presse jugée très parisianiste qui donne trop souvent une opinion en décalage avec celle de l’opinion publique.

Révolution politique

 

«En toute liberté et en toute indépendance, les journalistes pensent souvent la même chose et c’est la presse parisienne qui donne le ton.» Sous-entendu que la presse régionale a déserté le national, pas faux ! Les discussions tournent rapidement autour de la sphère politique et notamment la question sur le bilan des six premiers mois de présidence d’Emmanuel Macron. L’homme de médias préfère, au lieu de tirer un bilan (ce qui demeure, il faut bien l’avouer, assez délicat à faire pour le moment), assurer que le pays «est en train de vivre une révolution politique mais pas uniquement et les révolutions réussies ne peuvent se faire que par des gens modérés.» Modéré, Emmanuel Macron ? À voir ! Une chose apparaît certaine pour Jean-François Kahn est que le président de la République avec son élection «a redonné une image au pays.» Un pays au sein d’une Europe, sur laquelle Jean-François Kahn s’est positionné pour le oui au projet de Constitution européenne en 2005, «qui aujourd’hui traverse une double crise : sur ce qu’elle est ou sur ce qu’elle n’est pas ! Il semble que l’on soit à mi-chemin. On a toujours le côté désagréable mais pas encore l’enthousiasmant. Il est nécessaire d’aller vers une Europe réellement fédérale du genre États-Unis d’Europe.» Sur le plan international à la question sur le risque d’une guerre mondiale ? «Je n’y crois pas car il y a la présence de l’Union européenne mais des guerres régionales aux conséquences économiques désastreuses, c’est loin d’être impossible» en mentionnant «que le plus dangereux demeure le conflit chiite-sunnite.» Impossible de ne pas évoquer, l’info du jour sur les décès et les hommages rendus aux deux monuments nationaux : Johnny Hallyday et Jean d’Ormesson. Jean-François Kahn a mentionné quelques vérités, «mais cela ne sortira pas d’ici, nous sommes entre nous.»