Les Français ne sont pas tous convertis au numérique

La perspective d’un basculement complet de la société française dans un usage permanent et intense du numérique devient très proche.
La perspective d’un basculement complet de la société française dans un usage permanent et intense du numérique devient très proche.

La perspective d’un basculement complet de la société française dans un usage permanent et intense du numérique devient très proche.

AVEC 100 % DES 12 À 39 ANS QUI SURFENT SUR INTERNET, LA PERSPECTIVE D’UN BASCULEMENT COMPLET DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DANS UN USAGE PERMANENT ET INTENSE DU NUMÉRIQUE DEVIENT TRÈS PROCHE. POUR AUTANT, DES INÉGALITÉS SUBSISTENT, NOTAMMENT FACE À L’ADMINISTRATION ÉLECTRONIQUE, CONSTATE UN OBSERVATOIRE OFFICIEL.

«40 % des Français se disent inquiets d’effectuer des démarches administratives en ligne»,rappelait Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargéedu Numérique et de l’Innovation, lors d’uneconférence de presse à Bercy, fin novembre.C’était à l’occasion du lancement de l’Observatoirede la société numérique et de la présentationdu baromètre du numérique. Ce dernierdresse le portrait d’une société prête à basculerdans cette nouvelle dimension, mais où persistentdes exclusions et des inégalités, liées àplusieurs paramètres. Une réalité qui questionneles efforts fournis par l’État en matière d’administrationélectronique. Premier constat, donc,au sein des jeunes générations, les usages numériquessont totalement généralisés : 100 %des Français entre 12 et 39 ans sont internautes.La proportion tombe à 78 % chez les plus de 40ans. Tous âges confondus, près des trois quartsde la population surfent sur Internet tous lesjours. Et les usages continuent d’évoluer, induitspar les équipements qui se diffusent : si 85 % desFrançais accèdent à Internet via leur ligne fixe,ils sont déjà 60 % d’entre eux à utiliser leur mobile.Partant, 40 % de la population possèdentune tablette tactile, un chiffre qui a été multipliépar dix en cinq ans. Et près d’un tiers de la populationdispose des trois équipements. Deuxtendances illustrent combien Internet est rentrédans les mœurs : un internaute sur deux déclarequ’il ne pourrait se passer d’Internet plus de deuxou trois jours. Quant au temps moyen hebdomadairepassé sur le Net, il s’approche toujoursplus de celui de la télévision : 20 heures pourcelle-ci, et 18 heures pour le second. L’évolutiona été rapide : en 2012, le temps passé sur Internetn’était que de 13 heures, alors que celui de latélévision est resté stable. De plus, les moins de40 ans consacrent déjà moins de temps à la télévisionqu’à Internet. Là, les usages varient selonl’âge : 84 % des internautes de moins de 40 ansutilisent les réseaux sociaux. Les plus jeunes de12 à 17 ans sont 60 % à se servir des messageriesinstantanées. Leurs motivations : communiqueren groupe, pour les plus jeunes, et à l’international,pour les 18 à 39 ans. Au sein de la populationdans son ensemble, le commerce en lignefigure parmi les usages les plus diffus : 60 % desinternautes achètent en ligne, et un tiers d’entreeux avec une fréquence mensuelle.
ADMINISTRATION ÉLECTRONIQUE PERFORMANTE MAIS PAS POUR TOUS
Mais dans les pratiques les plus courantes sur le Net, les démarches administratives devancent les achats en ligne : 62 % des 18 ans et plus en ont déjà effectué en 2016, un chiffre qui a augmenté de neuf points en un an. «La France faitfigure de bon élève en Europe sur ce plan», note un communiqué de Bercy. Ainsi, en 2014, elle se situe au quatrième rang mondial en matière d’administration électronique, derrière la Corée du Sud, l’Australie et Singapour, et figure à la première place en Europe, d’après une enquête des Nations Unies. Pour l’ONU, ce résultat est le fruit de l’amélioration de la qualité des services proposés, de la forte intégration de sites et de l’encouragement à l’utilisation des services publics en ligne. Cette évaluation positive se retrouve dans les récents résultats de l’Observatoire de Bercy, selon lequel neuf usagers sur dix de l’administration électronique ont trouvé que les démarches étaient simples à effectuer. Le constat doit être nuancé. Plus les personnes disposent d’équipements depuis longtemps à leur domicile, moins elles sont inquiètes vis à vis de la e-administration : 74 % des personnes équipées depuis plus de dix ans ne sont pas anxieuses. À l’inverse, le score descend à 57 % pour les personnes pourvues depuis moins de cinq ans. De plus, 40 % des Français sont préoccupés à l’idée d’accomplir des démarches en ligne. Pire encore, 15 % des adultes se disent incapables de les réaliser, y compris avec de l’aide. Problème supplémentaire, 10 % de la population vit dans des zones géographiques où la qualité de la connexion à domicile n’est pas suffisante pour effectuer des démarches administratives. D’après les personnes interrogées par l’Observatoire, les pouvoirs publics devraient se fixer deux objectifs en matière d’administration en ligne : pour 28 % d’entre eux, ils devraient développer l’aide et l’accompagnement de personnes qui veulent apprendre à réaliser ces démarches, grâce à des lieux de proximité, et quasiment la même proportion souhaite la mise en place de sites Internet plus simples à utiliser.

Anne DAUBRÉE