Territoires

La jeune AOC Vins de Moselle entre discrétion et fierté affichées

Depuis l’obtention en novembre 2010 de l’appellation d’origine contrôlée (AOC), Le Moselle (ou vin de Moselle) a su tirer son épingle du jeu en renouvelant son image désormais reconnue pour sa qualité. Avec deux tiers de domaines classés en bio, la filière joue la carte de l’excellence environnementale, signe de l’engagement de la nouvelle génération de viticulteurs.


Sierck-les-Bains. ©Moselle Attractivité - Guillaume Ramon.
Sierck-les-Bains. ©Moselle Attractivité - Guillaume Ramon.

Vingt domaines pour 80 hectares de vignes qui produisent entre 300 000 et 400 000 bouteilles chaque année, selon les conditions météorologiques. Derrière ces chiffres se cache une vraie dynamique pour cette filière encore assimilée à un petit Poucet, par rapport aux autres géants français, mais qui ne cesse de se développer. «Nous n’étions que 15 domaines, il y a encore cinq ou six ans. Depuis, au-delà des reprises, quatre nouvelles installations ont été recensées et deux sont en cours avec des programmes de défrichage sur 10 à 15 hectares. Nous serons rapidement à 90 hectares de vignes», confie Norbert Molozay, le président de l’AOC Le Moselle qui rappelle que le périmètre arrêté en 2017 s’étend sur 670 hectares. Le potentiel est donc grand, même si les candidats ne sont pas forcément encore nombreux, compte tenu des complexités administratives, comme le montre la tendance de certains viticulteurs luxembourgeois présents sur le secteur transfrontalier des Trois Frontières (Sierck-les-Bains et Contz-les-Bains) et qui souhaitent vendre. Six hectares sont d’ailleurs disponibles. «Une bonne nouvelle» pour ceux qui souhaitent saisir l’opportunité. Le Moselle ne bénéficie pas de la même attractivité, ni de la présence de familles installées depuis des générations, comme c’est le cas pour l’Alsace voisine, sachant que le prix du foncier est particulièrement élevé. En revanche, les arguments sont nombreux pour convaincre les futurs viticulteurs de venir s’y installer. «L’image a clairement changé au cours des dix dernières années», se réjouit le patron de l’AOC avec une qualité désormais affichée et assumée. «Les restaurateurs sont fiers de proposer des vins de Moselle sur leurs cartes ce qui n’était pas le cas auparavant», ajoute-t-il. Autre argument de taille : la demande des consommateurs est bien supérieure à l’offre. Les vins se vendent bien et vite avec encore un rapport qualité-prix «très intéressant» à l’heure où d’autres AOC ont vu leur prix flamber en raison notamment des exportations.

Millésime précoce

Le dernier sujet de fierté est le nombre de domaines recensés en bio. Ils représentent les deux tiers de la production totale. «Et aujourd’hui tous les jeunes qui veulent démarrer une activité le font en bio. C’est une question de culture qui change avec des préoccupations environnementales clairement affichées. Nous installons de nouvelles vignes sur des friches non polluées, donc sur un terroir d’exception qui joue un rôle dans la qualité de notre production», analyse Norbert Molozay. Soutenue par le département, la filière viticole déplore aujourd’hui «les bâtons dans les roues» de la Métropole de Metz. Les rapports sont difficiles avec une volonté pour l’agglomération messine de geler 27 % de la surface, soit 50 hectares de terre sur le secteur du pays messin pour qu’elles restent en friche dans le cadre du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi). «Nous ne comprenons pas ce choix. Nous devrions être remerciés pour notre engagement en bio, nous valorisons les terres», rappelle le patron de l’AOC. À quelques jours du printemps, les viticulteurs sont inquiets compte tenu des conditions climatiques particulièrement douces de la fin de l’hiver. Avec un millésime précoce, tous vont «tendre le dos» jusqu’au début du mois de mai en craignant des gelées. Après une année exceptionnelle en 2022, 2023 aura été marquée par les pluies du mois d’août et une perte de 30 à 35 % du raisin. «Ces conditions ne nous permettent pas d’avoir une régularité en termes de production», regrette le chef de file de la filière viticole mosellane.

A.M

Événements festifs
Tous les producteurs Mosellans se retrouveront à Sierck-les-Bains le 5 mai prochain lors de la dixième édition de la fête des vins de Moselle, organisée par le département et l’agence Moselle Attractivité. 5 000 visiteurs étaient recensés l’année dernière contre 6 000 pour l’année record en 2022 à Scy-Chazelles. En attendant, la communauté de communes de Cattenom et Environs (CCCE) proposera les 23 et 24 mars prochain à Rodemack la 25e édition du marché aux vins des plus beaux villages de France où des visiteurs Allemands et Luxembourgeois sont attendus. «Ces rendez-vous attirent les habitants, mais aussi des touristes avec des retombées économiques espérées. Ils sont surtout le signe d’une filière de viticulture désormais identifiée et reconnue dans notre département», s’enthousiasme Rachel Zirovnik, vice-présidente de la CCCE et du département de la Moselle.