GRTgaz s’inquiète pour la filière biométhane

«Le Grand Est est leader sur le biométhane injecté dans les réseaux de gaz», assure Thierry Daniel, le délégué territorial Nord-Est de GRTgaz.
«Le Grand Est est leader sur le biométhane injecté dans les réseaux de gaz», assure Thierry Daniel, le délégué territorial Nord-Est de GRTgaz.

Inquiétudes affichées de la part de GRTgaz au sujet de l’avenir de la filière biométhane. En ligne de mire, la future PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) qui semble loin d’être favorable au développement réel de la filière. État de fait établi le 7 mars à Nancy par Thierry Daniel, le délégué territorial Nord-Est de GRTgaz, à l’occasion de la présentation du bilan gaz 2018 dans le Grand Est.

 «Nous ne comprenons pas vraiment ce qui se passe au niveau de la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) au sujet de la filière biométhane. C’est la première fois qu’une énergie renouvelable est considérée ainsi. On demande une baisse des coûts de près de 30 % dans les cinq ans au niveau des projets d’installation, c’est tout simplement irréalisable.» Constat établi par Thierry Daniel, le délégué territorial Nord-Est de GRTgaz, le 7 mars à Nancy à l’occasion de la traditionnelle présentation annuelle du bilan gaz 2018 du gestionnaire des infrastructures gazières (voir encadré). Le projet de PPE publié fin janvier par le gouvernement (et qui aurait dû être présenté définitivement le 11 mars mais repoussé pour de nouveaux ajustements et qui doit faire l’objet d’un avis du Conseil d’État pour une présentation toujours prévue au Parlement pour le mois de juin : ndlr) fait des vagues dans la filière biométhane. «Le document du gouvernement précise en effet une trajectoire de 6 TWh injectés en 2023, en net retrait par rapport à la précédente PPE, et de 14 à 22 TWh en 2028, couplée à une baisse des coûts beaucoup trop rapide», précisent les instances nationales de GRTgaz dans un communiqué.

118 nouveaux projets

«Aucune autre filière d’énergies renouvelables aujourd’hui matures n’a vu son déploiement conditionné à de telles conditions dans un tel délai.» L’inquiétude apparaît très forte dans le Grand Est où la filière biométhane s’affiche en pointe et surtout comme un axe de développement économique indéniable et porté notamment par l’exécutif régional. «À la fin 2018, 13 sites de biométhane sont raccordés aux réseaux gaziers dans le Grand Est. Ils représentent une capacité totale de 174 millions de kWh par an (+ 210 % en un an), soit la consommation de 15 000 foyers», précise Thierry Daniel. 118 nouveaux projets sont déclarés dans la région «pour un potentiel de 2,7 milliards de kWh par an à l’horizon 2020-2021, soit la consommation de plus de 230 000 foyers.» Reste à attendre le contenu final de la future PPE pour les périodes 2019-2023 et 2024-2028 et savoir si les choses évoluent dans le bon sens pour la filière biométhane. «La méthanisation s’affiche aujourd’hui comme la voie royale pour la transition énergétique. La PPE dans son état actuel ne semble pas aller dans ce sens.» Aujourd’hui c’est toute une filière qui est en suspens. Verdict dans quelques semaines…