Franck Bouctot chérit le patrimoine

«Il y a une émotion dans mon métier», confie Franck Bouctot, tailleur de pierre.
«Il y a une émotion dans mon métier», confie Franck Bouctot, tailleur de pierre.

«Il y a une émotion dans mon métier», confie Franck Bouctot, tailleur de pierre.

Depuis bientôt trente ans, Franck Bouctot restaure le patrimoine et le bâti ancien lorrains. Tailleur de pierre, dans la plus pure tradition, il a à son actif des chantiers de renom, animé d’un amour indéfectible de son métier.
Tailleur de pierre. Voilà bien un métier teinté d’authenticité. Qui demande autant de méticulosité que de patience dans son approche. Intervenir sur un élément d’église, dans un cimetière, sur une sculpture ou un lavoir de village, dans une maison ancienne… a quelque chose de grisant et tend à suspendre la course échevelée de notre monde dicté à la rapidité. Franck Bouctot en convient aisément : «Oui, dans ce que je réalise au quotidien, il y a une émotion.» L’artisan installé au coeur du village dont il est natif, Vannes-le- Châtel, a cette propension à mener rapidement son interlocuteur au coeur de son univers. De son état, il est restaurateur du patrimoine et du bâti ancien, dans les domaines de la taille de pierre et de la maçonnerie de tradition. Franck Bouctot vous fixe, comme pour mieux chercher dans sa mémoire, l’origine de sa passion, devenue sacerdoce : «J’ai été très jeune imprégné d’une certaine idée du beau. Mon père a travaillé à la verrerie. Je me rappelle mon instituteur, Michel Dinet, qui nous a menés visiter la carrière de Vaucouleurs. Il nous expliqua le monde des sculptures. Cela m’a marqué, ce fut mon déclic.» Comme pour ancrer définitivement cette révélation, Franck Bouctot, lors d’un séjour en Bretagne, se montre fasciné par des statues en granit. Dès lors, plus rien ne peut le détourner de son dessein. Il réalise un apprentissage à l’atelier de sculpture Philippe André à Fougères, valide son CAP de tailleur de pierre en 1988, effectue un tour de France à l’École du Compagnonnage durant quatre ans. Une formation où il acquiert la technicité requise, des valeurs et une éthique qu’il va faire siennes.
Le bâti ancien du particulier
Il raconte la suite : «En 1996, j’ai obtenu mon brevet de maîtrise. Durant 20 ans, je vais occuper des postes à responsabilité dans des entreprises de restauration de Monuments Historiques, particulièrement en Lorraine. Les donneurs d’ordre sont des collectivités territoriales principalement.» La liste des monuments sur lesquels il intervient épouse le grand livre de l’histoire lorraine : place Stanislas, basilique Saint-Epvre de Nancy, cathédrale Saint Étienne de Toul, la citadelle de Rodemack… À leur évocation, Franck Bouctot s’arrête : «C’est vrai qu’il y a une dimension particulière devant ces chefs d’oeuvre. On peut se sentir petit !» En 2013, fort d’une réputation établie, il tourne une page : «Je n’étais plus en phase dans le cadre que l’on me proposait. J’ai tout quitté pour me mettre à mon compte.» Il ne le regrette pas quatre ans après : «J’avais gardé un large réseau dans le public. Et j’ai pu développer une clientèle de particuliers, dont j’apprécie le contact direct. Mes secteurs composent des prestations liées à la rénovation, à la taille de pierre, à la décoration, à la création.» Pour optimiser son action, Franck Bouctot s’est associé avec le Messin René Le Roy, lui aussi professionnel du métier, spécialisé dans le petit patrimoine rural et les pièces de tradition comme les escaliers. Les deux artisans d’art animent un site web qui permet de visiter leur galaxie artistique : www.artetbati.org. Franck Bouctot utilise de la pierre de Meuse, de Jaumont, de Savonnières et véhicule les méthodes «des anciens», comme il appelle avec respect ceux qui perpétuent depuis des lustres cet art intemporel. L’enfant candide a laissé place à l’homme mûr. Un fil d’Ariane relie les deux.

laurent.siatka