Alimentation bio : Commerce éphémère aujourd’hui, coopérative demain

Alimentation bio : Commerce éphémère aujourd’hui, coopérative demain

Une douzaine de producteurs locaux bio sur l’impulsion du maraîcher bouxiérois Gael Mongin tiennent commerce du côté du 53 Faubourg des Trois Maisons à Nancy, de façon éphémère pour le moment jusqu’au 15 janvier dans un local mis à disposition grâce à l’implication de l’association des commerçants du quartier. Une démarche bienvenue en cette période de fêtes de fin d’année mais qui est surtout une réponse construite par ces producteurs bio en recherche d’une véritable filière de distribution adaptée à leurs convictions. Objectif affiché : mettre en place une véritable Société coopérative d’intérêt collectif version produits bio locaux.

 Fruits, légumes, viandes, œufs, produits laitiers, fromages, jus de fruit, confitures, farine, huile, le tout savamment agencé dans une ambiance qui rappelle les épiceries des villages d’antan. Cela sent bon le terroir et ses valeurs du côté du 53 Faubourg des Trois Maisons. Le terroir mais surtout le bio mais le bio version producteurs locaux. Depuis quelques jours et jusqu’au 15 janvier, une association de producteurs menée par Gael Mongin, maraîcher bio à Bouxières-aux-Dames et possédant quelques terres du côté de la Meuse et de la Haute-Marne, a pris possession de ses locaux trouvés grâce à l’implication de l’association des commerçants du quartier. L’occasion pour les habitants de réaliser des achats raisonnés pendant les fêtes de fin d’année. «Les choses ont pris gentiment, le bouche-à-oreille fait le reste. Notre objectif n’est pas de drainer des personnes très éloignées mais de toucher la population du quartier. Si les choses fonctionnent, nous pourrions envisager un commerce pérenne et pourquoi pas en ouvrir un autre dans d’autres zones de l’agglomération nancéienne», explique Gael Mongin. Ce commerce éphémère est surtout une solution «pour créer un véritable réseau de distribution de produits bio locaux. Pour bon nombre de producteurs dans mon cas, la seule alternative demeure la vente directe. Très peu de magasins dits bio travaillent réellement avec des producteurs du cru.»

Filière de distribution

Constat établi par ce maraîcher installé depuis une dizaine d’années sur un secteur économique dont les premiers maillons de la chaîne ne semblent qu’avoir comme alternative la création et le montage de leur propre filière de distribution. «À une époque j’ai voulu fournir des salades à un magasin bio reconnu de l’agglomération. On m’a gentiment dit qu’il n’en avait pas besoin, je les ai distribuées gratuitement aux clients à la sortie de l’établissement. Aujourd’hui il est quasiment impossible pour les producteurs locaux de collaborer avec certaines enseignes.» Derrière l’acte commercial de vente de leur production au plus proches des consommateurs, les producteurs locaux bio recherchent cet équilibre économique indispensable pour continuer à perdurer. «Nous produisons essentiellement des légumes à forte valeur ajoutée c’est-à-dire qui ne nécessitent pas de mécanisation. En fait, nous produisons principalement des légumes qui se récoltent à la main.» Histoire d’offrir une offre variée et riche, le commerce éphémère complète son offre par des approvisionnements extérieurs. «Pour faire étal, les produits locaux purs ne suffissent pas. Pour certains produits, comme les bananes, nous ne nous passons pas des grossistes. Nous nous sommes fixés la règle de 300 km au maximum en matière de distance d’approvisionnement.» Un mix bien pensé et structuré qui semble prendre du côté des habitants du quartier. Si les choses s’avèrent concluantes, l’éphémère pourrait devenir permanent.