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Ventes et cessions d’entreprises : net coup de frein sur les transactions en 2020

Les chiffres des ventes et cessions d’entreprises conclues en 2020 montre que la baisse structurelle du nombre de transactions, observée en France depuis cinq ans, s’est accélérée l’an passé avec la crise sanitaire, en particulier pour les fonds de commerce.

Un nombre de transactions en repli de 10,5 %, un prix moyen de cession en hausse de 6,6 % mais qui connaît de fortes variations en fonction des secteurs d’activité, et un vieillissement sensible de l’âge moyen des vendeurs. Tels sont les principaux enseignements tirés des données relatives aux ventes et cessions d’entreprises en France en 2020, publiées fin septembre par le groupe Altares.

Repli en 2020, reprise en 2021

Alors que le nombre de transactions est en baisse continue depuis plusieurs années, la crise sanitaire a porté un coup de frein aux ventes et cessions d’entreprises, en repli de 10,5 % en 2020. De 30 000 en 2017 et 2018, il est passé à 28 291 en 2019, avant de tomber à 25 320 l’an dernier. La crise sanitaire a notamment lourdement affecté l’hôtellerie-restauration, premier secteur en nombre de transactions avec habituellement plus de 10 000 opérations chaque année, or ce nombre est tombé à 8 448, en 2020. Mais si le nombre de transmissions d’entreprises a enregistré un recul dans toutes les régions françaises l’an passé, ces dernières ont également toutes observé une reprise et une hausse de ces transactions au premier semestre 2021.

Un prix moyen en hausse, tiré par les fonds de pharmacie

En dépit de la diminution du volume des transactions, le prix moyen de cession a augmenté de 6,6 % en 2020 et atteint 198 000 euros. Mais cette hausse des prix de vente, tirée par la valorisation des fonds de pharmacie, est très variable selon les secteurs d’activité. Ainsi, alors que le prix de vente médian peine à dépasser 100 000 euros, la valorisation moyenne des fonds de pharmacie s’établit à un niveau dix fois plus élevé.

L’âge moyen des vendeurs augmente

L’étude d’Altares met également en exergue le «vieillissement sensible des vendeurs.» En l’espace de cinq ans, l’âge moyen du vendeur est ainsi passé d’un peu plus de 50 ans à 53 ans. Le «vieillissement de l’acheteur» est en revanche beaucoup moins sensible, puisque son âge moyen reste compris entre 42 et 43 ans.

Le plus grand nombre de transactions concentré en Île-de-France

Avec en moyenne 5 000 ventes et cessions d’entreprises conclues chaque année sur la période 2017-2020, l’Île-de-France reste en tête de toutes les régions en termes de nombre de transactions. Et ce, même si celui-ci enregistre une tendance baissière : il est passé de 5 500 opérations en 2017 à 5 000 en 2019, puis 4 269 avec la crise en 2020. La région continue donc de conserver la première place devant l’Auvergne-Rhône-Alpes (3 553 transactions en 2020), l’Occitanie (2 610), la Provence-Alpes-Côte d'Azur (2 674) et la Nouvelle-Aquitaine (2 523).

En termes de valorisation des fonds de commerce, les Pays de la Loire arrivent en tête pour la première fois au premier semestre 2021, avec un prix de cession de 227 819 euros en moyenne, devant l’Île-de-France (226 705 euros) et la Corse (223 952 euros).

Des fonds de commerce en perte d’attractivité

Selon le directeur des études d’Altares, Thierry Million, «la crise sanitaire a indéniablement impacté la dynamique des transmissions des fonds de commerce de TPE et PME en France» même si «de belles affaires ont été signées.» Surtout, la baisse régulière du nombre de transactions, observée au fil des ans, fait craindre une fragilisation durable «de l’attractivité de nos commerces et, plus généralement, de nos territoires.»

Alors que se profile la fin des dispositifs d’aide mis en place par le gouvernement, «l’emploi et la revitalisation des territoires, la question de la transmission, et donc de la continuité de nos TPE PME, et en particulier de nos petits commerces, pourrait rapidement devenir centrale.» Face à cette perte d’attractivité des fonds de commerce, «redonner de l’élan à leur transmission sera absolument essentiel pour relever les défis de la relance et de la revitalisation de nos territoires.»

Miren LARTIGUE