Territoires

Valoriser la laine mosellane en local : un atout socio-économique

Relocaliser. C’est le mot tendance dans les argumentaires de nos édiles. Plus simple à dire qu’à faire sans doute. Pourtant, la démarche n’est pas antinomique au contexte de mondialisation. La filière de la laine française est à ce carrefour. Ces dernières années, les initiatives locales se multiplient pour valoriser la laine locale. L’expérimentation réfléchie sur le périmètre des Communautés de communes du Saulnois et de Sarrebourg Moselle Sud est porteur de promesses.

La laine de la filière ovine française demeure encore sous-valorisée.
La laine de la filière ovine française demeure encore sous-valorisée.

6 millions. C’est à quelques têtes près le cheptel de brebis en France. Paradoxe, leur laine reste peu utilisée. Pourtant, cette tonte est obligatoire pour le bien-être des animaux. La Fédération nationale Ovine donnait récemment ce chiffre : «en moyenne, un kilo de laine se vend 70 centimes aux négociants, quand une brebis en produit deux kilos par an.» Autre constat fait par les tisseurs, filateurs et brodeurs qui composent la filière : «quelque 5 000 tonnes de laine sont exportées par an en Chine. Si un quart était transformé en France, cela générerait pas loin d’un millier d’emplois.» La problématique est résumée ainsi : depuis des décennies, la laine est vécue en France comme un déchet.

Les lignes bougent

Pourtant, un changement de paradigme s’opère. Timide au départ, il essaime sur des territoires volontaires. Collectivités et entreprises - il en reste dans notre pays une poignée capables de transformer de la laine - initient des projets tendant vers un même objectif : créer un marché pour atteindre un seuil de rentabilité. C’est la condition pour établir les bases d’une filière. À l’heure où la nécessité d’aller vers des modes de consommation plus éco-responsables ne se discute même plus, mettre en musique localement cette prise de conscience environnementale et la muer en actions concrètes et pérennes demande une opiniâtreté et un schéma directeur mûrement réfléchi.

L'ambition d'un territoire

Cela fait plusieurs années à présent que le Parc naturel régional de Lorraine, la Chambre d’agriculture de Moselle et le Syndicat Ovin œuvrent communément sur un projet de valorisation de laine locale, avec une juste rémunération permettant de créer de la valeur ajoutée dans les exploitations. À l’issue d’une étude de marché et de faisabilité menée sur les périmètres des communautés de communes du Saulnois et de Sarrebourg Moselle Sud, les résultats ont penché pour l’intérêt de mettre en place une unité de feutrage sur cette parcelle de Moselle. Un projet d’usine est donc en gestation depuis plusieurs mois, avec comme pierre angulaire, la production de feutre sur laquelle va se greffer la production d’isolant et la possibilité de développement d’un commerce de fil local. La structure juridique prévisible est une société coopérative permettant au collège éleveur d’être majoritaire et à chaque partenaire d’y trouver sa place.

«Relocaliser, c'est possible»

Financièrement, la concrétisation du projet va dépendre de la mobilisation des éleveurs et des financeurs. Ici, le plan France Relance permettrait un accompagnement possible à hauteur de 40 % de l’investissement. Pour entrer dans le cercle de ce financement et répondre à l’appel à projet «structuration de filières», il est indispensable de fonder une société porteuse. En ce sens, plusieurs réunions d’informations sur le territoire préempté pour faire avancer cette initiative et la faire connaître plus en avant vont se succéder. À l’heure où le terme relocalisation revient dans les débats, et est présenté par beaucoup, comme une solution du rebond d’après-crise, Bruno Le Maire l'avait affirmé lors de la présentation du Plan de Relance le 3 septembre 2020 : «Relocaliser c'est possible.» Pour rappel, le Plan de Relance consacrera d'ici 2022 un fonds de 400 M€ aux projets dans les territoires.


La filière ovine en Moselle

          2 :  Deux grandes zones d’élevage ovin en Moselle, le secteur de Sarrebourg (40 000 brebis
               et celui de Château-Salins.

50 000  :  Le cheptel mosellan de brebis.

      400 :  Le nombre de détenteurs ovins.

          1 :  La Moselle est le 1er département ovin de Lorraine.

        21 :  La Moselle est le 21e département ovin française.

      500 :  Le nombre de brebis de 25 % des élevages mosellans, 44 % entre 100 et 500.