Territoire

Une fracture territoriale qui ne dit pas son nom dans le Grand Est

Dans une récente enquête, parue fin avril, l’Insee dresse un portrait territorial de la région. Un Grand Est jugé contrasté entre d’un côté des territoires très ruraux et de l’autre des territoires très urbains. Seuls les communes rurales périurbaines voient leur population augmenter. Une donne qui pourrait s’accentuer, liée aux effets collatéraux de la pandémie et une soif de mise au vert.

D’après une récente enquête de l’Insee, les communes rurales périurbaines sont les seuls espaces à voir leur population augmenter.
D’après une récente enquête de l’Insee, les communes rurales périurbaines sont les seuls espaces à voir leur population augmenter.

Quatre habitants sur dix dans le Grand Est vivent dans une commune rurale (89 % des communes de la région) et 16 % dans les communes dites rurales autonomes, c’est-à-dire des communes hors de l’influence d’un pôle d’emploi. La Meuse, les Vosges et la Haute-Marne figurent dans les quinze départements les plus ruraux de France. Ces territoires ne cessent aujourd’hui de perdre des habitants. «Dans le rural autonome, le solde naturel n’est que faiblement déficitaire, mais le solde migratoire négatif entraîne une diminution de la population de 0,3 % en moyenne, soit une baisse de 2 500 habitants par an», souligne l’Insee Grand Est dans son enquête : «Le Grand Est, contrasté entre territoires très ruraux et très urbains» parue fin avril. 

La donne n’est pas nouvelle mais elle ne semble avoir de cesse que de s’accentuer. La désertification devient bien une réalité palpable et inquiétante. «Si dans le Grand Est, 58 % de la population accède à un panier de services de la vie courante en moins de quatre minutes en voiture, cette situation est très hétérogène, selon l’espace de résidence. Dans les communes rurales autonomes très peu denses, une proportion équivalente de la population (57 %) met plus de dix minutes pour accéder à ces services», précise l’enquête de l’Insee.


Les communes rurales périurbaines ont la cote

Une donne complètement différente dans les zones urbaines où «le temps d’accès moyen aux services de la vie courante est inférieure à quatre minutes pour 85 % de la population habitant en zone urbaine.» Cette différence se retrouve au niveau départemental, selon que l’espace y est plus ou moins rural. «Seuls 56 % des habitants de la Meuse et 61 % de ceux de la Haute-Marne accèdent à ces services en moins de sept minutes, lorsque 94 % des Bas-Rhinois et 92 % des Haut-Rhinois sont dans ce cas.» Cette fracture territoriale ne dit pas vraiment son nom mais elle est bien présente et sa taille apparaît tout simplement exponentielle.

La concentration dans les zones urbaines et périurbaines n’est plus à prouver et elle devrait même s’accélérer. Seules zones dans l’univers rural à tirer leur épingle du jeu des mouvements migratoires : les communes rurales périurbaines (des communes rurales qui appartiennent à une aire d’attraction des villes de plus de 50 000 habitants et sous influence d’un pôle d’emploi). «Les communes rurales périurbaines regroupent aujourd’hui 23 % de la population du Grand Est. Ces espaces sont les seuls à voir leur population augmenter. Ils attirent en particulier les couples avec enfant(s).» 

Un état de fait constaté par l’Insee dans son enquête en se basant sur des chiffres étudiés entre 2008 et 2018. Aujourd’hui, il apparaît certain que cette typologie de communes devrait de nouveau voir leur attrait augmenter. Le souhait de mise au vert, souvent évoqué par les populations urbaines lors des différents confinements, devrait entraîner une nouvelle attraction de ces zones. Renforçant ainsi le fossé déjà bien grand avec les communes rurales autonomes. Fracture territoriale, qu’on vous dit.