Rebond économique

Un Second Souffle pour les entrepreneurs mosellans

Avec un PIB en repli de 8,3 % en 2020, la crise actuelle a déclenché une bourrasque dont beaucoup d’entreprises ont - ou auront - du mal à se relever. S’adressant à celles et ceux qui ont dû cesser leur activité, l’association nationale Second Souffle décline son action en Moselle. Un homme expert dans le monde économique, Cédric Prins, entend mobiliser les énergies pour trouver les solutions du rebond pour tous ces gérants malmenés. Explication du dispositif.

La perte de son entreprise est un cap qu'il convient de ne pas passer seul. Pour surmonter et rebondir.
La perte de son entreprise est un cap qu'il convient de ne pas passer seul. Pour surmonter et rebondir.

«Oui, je m’adresse souvent à des personnes malmenées mentalement, des entrepreneurs n’ayant plus d’argent. Certains ont tout perdu ou presque. À mon niveau, j’essaie de fédérer mes réseaux pour leur trouver des solutions de rebond. Je ne leur apporte pas de pécule, mais un soutien moral, des capacités à relancer leur carrière.» Cédric Prins porte un regard lucide et constructif sur la crise actuelle et ses répercussions systémiques, tout particulièrement socio-économiques. Consultant entre le Luxembourg et la Lorraine, membre de plusieurs organisations d’entrepreneurs, tels la CPME 57 et le Réseau Entreprendre Lorraine, il intervient également auprès de la CCI du Luxembourg sur des programmes d’aides aux entreprises souffrant de l’impact de la crise de la Covid-19.

Pour tout dirigeant

Il fait cette observation : «Le Luxembourg est certes un pays où il y a de l’argent. Mais les entreprises ici ont peu d’aides et de subventions par rapport à la France et à l’Allemagne. Les dossiers dont je m’occupe concernent 80 % de liquidations judiciaires. Actuellement, c’est une catastrophe. Les fermetures sont nombreuses.» À la lecture de ces événements, Cédric Prins a décidé de coordonner en Lorraine un point de relais de l’association Second Souffle. Metz fait partie des 27 antennes implantées sur le territoire hexagonal. Il y a 10 ans, Second Souffle s’est donnée pour mission d’accompagner tous les entrepreneurs, post-liquidation ou post-cessation d’activité. Cela s’adresse à un micro-entrepreneur, un freelance, un indépendant, un dirigeant de TPE-PME avec ou sans salarié.

Des actions concrètes

La démarche intervient avant et pendant les procédures, sans limite de temps, sans critère de sélection. Le but est d’aider ces profils différents, mais partageant la même difficulté matérielle ou psychologique face à la perte d'une entreprise, bien souvent investissement d'une vie. Pour les aider à rebondir avec ou sans leur entreprise, vers une nouvelle activité ou un emploi salarié. Dans la palette d’actions mises en place, c’est tout un écosystème de soutien qui s’articule et s’anime. Parmi elles, la méthode de rebond «1.2.3» déclinée en un leitmotiv : accueillir, accompagner, rebondir. Second dispositif : les journées «24 h pour rebondir». Il s’agit là d’un forum dédié à l’auto-entrepreneuriat. Exposants, tables rondes, offres d’emploi, conférences EntreprenUp, vidéos pédagogiques en composent le corpus. Enfin, l’action #MonCoachEntrepreneur se veut une préparation intensive à la posture de dirigeant destinée aux primo-entrepreneurs et en un accompagnement personnalisé vers les entrepreneurs en activité, en quête d’un élan nouveau.

L'humain d'abord

Cédric Prins, en évoquant la crise actuelle et ses conséquences sur les entreprises, note : «Second Souffle entend s’occuper de gérants de tous horizons et pour tous soucis. Plus que jamais, une approche humaine est indispensable pour appréhender ces situations complexes.» Second Souffle a adapté ces derniers mois ses activités au contexte sanitaire. 28 webinaires hebdomadaires pour «Rebondir après le Coronavirus» et 6 journées «24 h pour rebondir» ont été programmées. Plus de 300 bénévoles, via leur expertise des métiers, ont accompagné les entrepreneurs pour passer la crise, préparer l’après et réussir leur rebond. Depuis une dizaine d’années, le nombre de redressements judiciaires et de liquidations judiciaires directes en Moselle se situe dans un étiage à la baisse.

Agir ensemble

En 2010, le nombre était de 953, en 2015 de 909, en 2019 de 755. Bien sûr, la pandémie mondiale aura dégagé de lourds nuages d'incertitudes, même si les créations d'entreprises restent à un niveau élevé. Quid des défaillances et cessations d’activité dans les semaines et mois à venir ? Il faudra scruter l'horizon prudemment, l’affinage des données de 2020 décèlera une tendance du moment. Même si le plan massif de soutien, sous ses diverses formes, au monde de l’entreprise aura représenté davantage qu’une simple bouffée d’oxygène pour beaucoup. Rien ne dit que janvier 2021 sera semblable aux périodes printanières ou estivales. Les dirigeants mosellans souhaitant contacter Second Souffle peuvent le faire sur le site web : www.secondsouffle.org ou au 06.22.63.43.59. Des solutions spécifiques et locales sont ensuite travaillées en synergie.

«Rebondir est un sport de haut niveau qui nécessite un accompagnement pour développer sa capacité de rebond.»


Second Souffle en chiffres depuis 10 ans

- Plus de 1 300 entrepreneurs accompagnés

- Plus de 11 000 inscrits aux journées «24 h pour rebondir»

- 350 bénévoles au services des entrepreneurs

- 27 antennes en France