Bâtiment

Quelle année 2021 pour l’artisanat mosellan ?

Après une année chaotique et fortement impactée par la Covid-19, le secteur de l’artisanat du bâtiment avance dans ces premiers jours de 2021 avec une légitime prudence. La Capeb a dressé ses prospectives pour les mois à venir. Entre gris clair et gris foncé. Forcément, l’évolution de la pandémie sera un facteur déterminant sur l’activité de la branche. Les milliers d’entreprises mosellanes sont au diapason et guettent l’éclaircie.

Malgré les incertitudes, l'artisanat du bâtiment veut continuer à recruter en 2021.
Malgré les incertitudes, l'artisanat du bâtiment veut continuer à recruter en 2021.

Avec ses hauts et ses bas, dans le contexte d’une crise sanitaire inédite aux lourdes répercussions pour l’économie, l’artisanat du bâtiment hexagonal a vu son activité en 2020 reculer de 9 %. Pour autant, il a généré près de 15 000 postes créés. Les mots de Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, synthétisent bien les mois passés : «L’année 2020 s’est faite en deux temps, un premier semestre effondré (avec – 12 % au 1er trimestre et – 24 % au deuxième) et un second semestre qui s’est redressé. Nos TPE du bâtiment avec leur agilité ont été capables de s’adapter. Grâce à l’organisation de la filière et à la parution du guide sanitaire de l’OPPBTP, notre secteur n’a pas subi de mesures de fermeture administratives. Concernant l’emploi durant cette période de crise, n’oublions pas que dès le début de l’année le besoin de main d’œuvre était encore réel. Après avoir été au-delà de leur capacité de production au second semestre les TPE du bâtiment ont créé d’une part des emplois et d’autre part embauché des apprentis, (plus de 12 %). Le confinement a permis aux clients particuliers confinés de réfléchir au mieux vivre de leur confort et de leur habitat.» 

Sectorisation de l'économie 

Dans ce panorama, quel sera la couleur des mois à venir, tant les incertitudes sont grandes ? C’est la question que se posent les milliers d’artisans du bâtiment en Moselle. Jean-Christophe Repon décrit la vision pour 2021 : «Les chefs d’entreprises redoutent en priorité un confinement total. On assiste à une sectorisation de l’économie entre ceux qui parviennent malgré tout à exercer leurs métiers et ceux qui en sont totalement empêchés. Une telle situation, tôt ou tard, si elle devait se poursuivre, pèsera sur le secteur du bâtiment. De la même manière, la montée du chômage et les baisses de revenus pourraient impacter l’activité de notre secteur. En revanche, nous fondons des espoirs sur la mise en œuvre du plan de Relance qui doit transformer les effets d’annonces gouvernementales en chantiers. Pour ce faire, nous saluons l’expérimentation pour deux ans de la qualification RGE-chantiers. Nous rappelons les autres demandes de la CAPEB : poursuivre le travail engagé, à notre demande, de simplifier les dispositifs des CEE et de mettre en place sur le territoire des facilitateurs pour accompagner les entreprises au quotidien dans leurs demandes de qualifications RGE et de certificats d’économie d’énergie. Si, ce que je souhaite, la pandémie est maîtrisée et si l’économie repart normalement, sans confinement partiel, 5000 emplois a minima pourraient être créés en 2021.» 

Des perspectives d'embauches 

Dans les chiffres, l’artisanat du bâtiment pourrait enregistrer une croissance entre 5 % et 6 %. Cela s’apparente davantage à un rebond technique qu’à une véritable reprise d’économie d’avant la crise de la Covid-19. A titre comparatif, l’année 2018 avait vu son activité globale augmenter de 2,5 %, 2019 de 1,5 %. Avant donc le repli de -9 % l’an passé. Les 5 % – 6 % prévus mèneraient à un retour d’activité similaire à celle de 2017. Autre élément clé, les embauches. Car, ne l’oublions pas, le BTP reste un secteur en tension. En janvier 2021, le nombre d’entreprises souhaitant embaucher est supérieur au nombre d’entreprises envisageant de licencier ou de ne pas renouveler des contrats. 91 % des entreprises prévoient de maintenir l’emploi à son niveau actuel au premier semestre 2021 (contre 88 % au premier semestre 2020). 9,6 % des entreprises pensent embaucher des salariés supplémentaires (contre 7 % un an auparavant). Ces intentions concernent aussi bien des remplacements (départ en retraite, CDD) qu’un surcroît d’activité. 3 % des chefs d’entreprise envisagent de licencier ou de ne pas renouveler les contrats au premier semestre 2021. Ces chiffres laissent envisager la possible création de 5 000 emplois en 2021. La branche de métier la plus encline à embaucher durant ces six prochains mois est celle de la couverture-plomberie-zinguerie. Electricité, maçonnerie, plâtrerie sont aussi bien orientées. C’est moins le cas de la menuiserie et de la serrurerie. Les entreprises de 10 à 19 salariés semblent être les plus porteuses de perspectives d’emploi à venir. Quelles répercussions en Moselle ? La sortie de l’hiver devrait dessiner une tendance qui en dira long sur la suite de 2021.