Management

«Profilage» des patrons de PME

Aventurier, gestionnaire, uniquement soucieux de la croissance de son entreprise ou désireux de contribuer à des causes sociétales... Bpifrance le Lab, laboratoire d'idées de la banque publique d'investissement, dresse le portrait des dirigeants de PME… Et de leurs entreprises, qui leur ressemblent.

Il existe mille et une façons d'être entrepreneur... Le 16 mars, Bpifrance le Lab, laboratoire d'idées de la banque publique d'investissement, présentait le résultat de son enquête, «Profilage des dirigeants de PME». Mais pourquoi soumettre des agents économiques à une technique que l'on associe généralement à des serial killers ? Une PME, c'est une «méga personne», explique Élise Tissier, directrice de Bpifrance Le Lab, se référant aux travaux d'Olivier Torrès, chercheur et fondateur d'Amarok, observatoire de la santé des dirigeants de PME et des indépendants. Concrètement, la personnalité des dirigeants, leurs aspirations et leurs priorités, imprègnent fortement leur entreprise, leur donnant des orientations qui peuvent être très diverses. Et ce d'autant qu'il s'agit de PME, comme les 1 335 entreprises de 10 à 250 salariés dont les dirigeants ont répondu à l'enquête en ligne de Bpifrance Le lab, en novembre dernier.

Ce dernier a défini plusieurs profils d'entrepreneurs, sur la base de l'importance qu'ils accordent à sept types de motivations différentes. Certaines sont largement partagées. En particulier, «la pérennité occupe une place particulière chez les dirigeants», note Élise Tissier. Elle représente, en effet, le premier critère pris en compte en cas de décision stratégique, devant l'indépendance et même la croissance. Cette dernière «est importante, mais c'est seulement un moteur parmi d'autres. (…) Le premier d'entre eux, c'est l'humain», dévoile Élise Tissier. Offrir les meilleures conditions de travail à leurs salariés : c'est l’aspiration de loin la plus citée par les dirigeants de PME : 35 % la placent en première position, 83 % dans leur top 3. Un résultat en cohérence avec le comportement des chefs d'entreprise, que Bpifrance a accompagné durant la crise, et une précédente étude menée en juillet 2020. Après ce premier critère, les priorités se partagent entre celles de premier rang (innovation, croissance de l'activité, digital) et de second rang (climat, international).

Plus de croissance, plus d'engagements sociétaux, ou les deux....

En fonction de la priorité qu'ils accordent aux différents sujets, Bpifrance Lab a défini quatre profils d'entrepreneurs. Ces derniers sont représentés de manière assez équilibrée au sein de l'échantillon observé : le «gestionnaire prudent» (28 %), le «conquérant aventurier» (28 %), devant le «capitaine humaniste» (26 %), et, en retrait , le «stratège engagé» (18 %).

Concernant le «capitaine humaniste», «ses priorités sont l'aventure humaine et le respect de l'environnement», note Élise Tissier. Sept sur dix d'entre eux considèrent la pérennité de leur entreprise comme une priorité, avant la croissance (12 % seulement). Et près de la moitié (48 %) placent les conditions de travail de leurs équipes comme leur première aspiration en tant que dirigeant. Par ailleurs, ils sont environ huit sur dix à déclarer s’adapter aux enjeux du changement climatique et de l’environnement par conviction.

Le stratège engagé, lui, «active plusieurs moteurs importants», note Élise Tissier. C'est sans doute le profil le plus complet : il considère la croissance comme un sujet important, mais sans en faire dépendre son bien-être personnel, et, prêt à utiliser tous les leviers financiers, il innove... Environ la moitié considère la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) comme importante. Et plus de neuf sur dix ont mis en place au moins une action liée à l’environnement.

Chez les «conquérants aventuriers», 64 % placent la croissance «avant tout (…). Ils ont besoin que leur société soit en croissance pour se sentir épanouis», pointe Élise Tissier. Ils sont donc particulièrement enclins à l'innovation et à l'international. A contrario, «ils sont peu portés sur les considérations sociales et environnementales», poursuit-elle. 37 % d'entre eux estiment que la RSE constitue un sujet important.

Profil un peu à part, le «gestionnaire prudent» s'avère très soucieux de pérennité et de rentabilité. «Pour lui, la croissance est plutôt secondaire, car elle est synonyme de risque. Il est plus dans la gestion opérationnelle que stratégique de son entreprise», note la responsable. Dans cette catégorie, ils sont 78 % à optimiser et stabiliser leur organisation existante, plutôt qu’en expérimenter de nouvelles. Peu motivés par la responsabilité sociétale d'entreprise, ils sont en revanche sensibles à la problématique de l'emploi local.