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Entrepreneure engagée, la Messine Julia Michaux milite pour une mode écoresponsable

Elle en rêvait depuis l’enfance. Au travers d’un parcours d’abnégation, portée par de fortes convictions, Julia Michaux a créé sa propre marque : Ohigo, au carrefour d’une histoire personnelle singulière et un désir d’avenir patinée de prise de conscience environnementale et humaine. Une mode alternative. Un modèle économique maîtrisé ancré sur de réelles valeurs. Plus juste, sans doute. À plus d'un titre.

Julia Michaux a déposé sa marque Ohigo en 2021.
Julia Michaux a déposé sa marque Ohigo en 2021.

Julia Michaux n’a pas 30 ans. La Messine de racines et de cœur affirme et revendique d'authentiques convictions et les a traduit en création d’entreprise depuis quelques mois maintenant. Assurément, un parcours d’abnégation, où tout n’a pas toujours pris les formes d’un long fleuve tranquille. Le personnage a l’allure stylée. La voix est posée. Derrière cette apparence calme se dévoile une battante. Avec cette flamme dans les yeux propres à ceux et celles qui choisissent, un jour, dans leur existence, de sortir des sentiers battus, de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, car c’est une aventure. Julia Michaux le dit elle-même : «Je suis une personne assez timide, ce que je vis actuellement me fait progresser, me donne de l’assurance, chaque jour.» Se remémorant «quand j’étais enfant, j’adorais dessiner. Toute ma famille travaillait dans le droit, moi j’ai pris un autre chemin.»

Comme un phénix qui renaît...

Pour Julia Michaux, sa scolarité au collège est une souffrance : elles est harcelée. Il lui faut alors évacuer cette pression, voir d’autres horizons. Un peu comme une thérapie, le besoin d'un long voyage, pour s’éloigner d’une expérience douloureuse. Sa bulle de sortie la mènera aux États-Unis, dans l’état du Wisconsin, via une association d’échanges. Elle est hébergée durant un an dans une famille d’accueil, s’immergeant dans un autre monde, en 2e année junior collège. «J’ai découvert là-bas l’importance de la culture dans les cursus d’études, ce qui n’est pas forcément le cas en France. Je me suis perfectionnée dans la photo.» Cette expérience formatrice outre-Atlantique aura été dans sa trajectoire personnelle décisive, pas comme une révélation, davantage une confirmation. La suite de son histoire, c’est le retour à Metz, au lycée de Cormontaigne. «Là, tout s’est très bien passé», sourit-elle. Elle y décroche un bac ES (économique et social), avant de partir pour Paris, intégrant CREAPOLE, école de design. Douze mois où elle étudie le stylisme et la mode. Elle a déjà dans son esprit l’idée embryonnaire de lancer sa propre marque, loin d'une mode commerciale et mondialisée. Pour cela, il lui faut consolider sa formation dans le marketing, la communication, la stratégie commerciale, la gestion d’entreprise. Ce sera chose faite au terme de quatre années d’études à l’issue desquelles elle obtient un master 2.

«Consommer, s'habiller autrement»

Julia Michaux est une femme engagée, militante, par les mots et les actes : «La mode est un domaine des plus polluants. J'en ai fait l'expérience en portant de ces vêtements fabriqués au bout du monde, dont ne sait rien des conditions : j'ai ainsi développé un exéma. Je me disais qu’à mon niveau, je devais agir. Aller vers une mode alternative, écoresponsable, fabriquée en France, 100 % artisanale, durable et éthique, soucieuse de la qualité et des droits humains dans toute la chaîne de production. J'ai décidé de créer ma marque de prêt-à-porter pour femmes, Ohigo». Pourquoi Ohigo ? «C’est tout simplement le nom de la maison familiale de mon enfance, en Provence. J'y passais mes vacances à y dessiner.» En 2021, elle dépose officiellement sa marque. Suivent deux années intenses où elle pose les fondations de qui sera sa future entreprise. Un long dédale de démarches administratives et techniques, de la recherche de partenaires à celle des fournisseurs. Le rêve qu’elle nourrissait se concrétise en février 2023 : une campagne de financement participatif qui permet à un porteur de projet de collecter des fonds sur internet, par le biais d’une plateforme en ligne dédiée, auprès d'investisseurs pour financer un projet spécifique, met le pied à l’étrier à Ohigo. Puis, les premières commandes, et d'autres. Effet boule de neige.

La mode en circuit court

Julia Michaux poursuit : «La marque me ressemble. Elle me correspond. Ma production de vêtements et d’accessoires est en série limitée pour éviter surproduction et tout gaspillage. Toutes les pièces sont fabriquées en circuit court, avec des tissus naturels et responsables ou des fins de séries.» Au fil des mois, Ohigo essaime ce process artisanal, prenant en compte les enjeux climatiques, le mariant avec une consommation plus juste et équilibrée. Un contre-pied à la mode fast fashion express et jetable. Dès lors, quelle clientèle est séduite par Ohigo ? : «Des femmes d’une trentaine d’années, urbaines, disposant d’un réel pouvoir d’achat. Elles veulent se faire plaisir en achetant des pièces uniques, cherchent une mode qui ait du sens.» Pour faire connaître sa marque, Julia Michaux est présente sur les réseaux sociaux - Facebook et Instagram -, compte sur plusieurs influenceuses, dispose d’un site web, se greffe à des événements, tels des marchés de créateurs, des défilés de mode, des présences en boutiques partageant ses valeurs, en galeries éphémères (comme récemment aux galeries Lafayette, à Metz)

Investie à 100 % dans son quotidien entrepreneurial

Jeune créatrice, quel bilan fait Julia Michaux des derniers mois ? «Le positif, c’est que ma marque séduit. Elle correspond à une vraie demande. Celle d’acheter autrement. Tout de même, ce qui est frustrant, c’est que beaucoup de femmes intéressées par Ohigo ne peuvent avoir accès à la marque, car leur pouvoir d’achat actuel ne leur permet pas. Quelque part, l’inflation me freine dans mon développement. Mais, je me bats au quotidien, c’est dans mon caractère.» Quand on l’interroge sur l’équilibre à trouver entre son investissement entrepreunarial et la sphère privée, elle répond, sans ambages : «Je n’ai aucun équilibre ! Je vis Ohigo tout le temps et à 100 %. Je fais de la méditation pour apaiser les moments de stress, de tension. Cela me permet de mieux vivre l’instant présent. Mon entourage familial est essentiel, c’est aussi un moteur.» Quant aux perspectives des mois à venir, elles sont tracées : faire connaître plus largement la marque, poursuivre les collections saisonnières. Le dimanche 3 décembre, Ohigo sera représentée lors d’un défilé de mode, au Salon des Miroirs, à Paris. Le 10 décembre, Julia Michaux sera présente à l’événement The Good Event aux restaurants Les Raoudis/Le Vasarely, près de la place de Chambre, à Metz.

Pour aller plus loin : https://ohigo.fr/