Entreprises

Les sociétés en Moselle gardent un cap de stabilité rassurant...

Dans un contexte socio-économique où le nombre de créations d’entreprises en Moselle reste à un haut niveau, où l’entrepreneuriat se décline aujourd’hui entre «quête de sens» et «contrainte», où la micro-entreprise pèse plus de six créations sur dix, la place de l'entreprise en mode société reste une valeur sûre. Ces statistiques montrent une constance remarquable. Redéfinition de la typologie de société et zoom sur sa trajectoire en Moselle.

Dans le process de création, l'entreprise en forme de société demeure un gage de crédibilité.
Dans le process de création, l'entreprise en forme de société demeure un gage de crédibilité.

On le sait, la période de la Covid-19 - qui n’est pas close - a libéré nombre de volontés créatrices en France, comme en Moselle. Derrière les chiffres qui peuvent amener à une euphorie sans recul, il est toujours serein de regarder sous plusieurs angles de bonnes statistiques. Ceci est valable par exemple pour les chiffres de l’apprentissage ou celle de la courbe du chômage. Se féliciter de bonnes données, certes, mais sans tomber dans l’extase non plus. L'économie aime la stabilité.

Quelle réalité de création ?

La création d’entreprise, boostée par l’effet sociologique et psychologique découlant de la pandémie chez de nombreuses personnes, a donc connu un boom jamais vu l’an passé en Moselle : plus de 10 000 entités nouvelles. Une mosaïque de motivations de femmes et d’hommes mêlant souvent histoires personnelles, désir de voler de leurs propres ailes ou d’aller voir si l’herbe est plus verte dans le jardin entrepreneurial que salarial. Cette revendication d’une soudaine indépendance est plutôt positive dans l’émancipation et l’épanouissement des individus. Il ne faut cependant pas omettre que le néo-entrepreneuriat de 2022 est guidé par des réalités bien différentes ,voire disparates, de cette ambition ardente de voir aboutir un projet mûri de longue date ou spontané - notamment dans l’éco-responsabilité et la recherche d'un autre mode de consommation - à cette nécessité de sortir d’une impasse que représente une carrière au point mort, un salariat devenu pesant et sclérosant, ou une position de demandeur d’emploi subie et qui dure. Point commun : trouver une autre porte via l’entrepreneuriat. Dès lors, on peut se poser la question : néo-entrepreneuriat durable ou volatile et éphémère ? Les mois, les années - la fameux cap des 3 et 5 ans - nous apporteront des réponses à court et moyen terme.

Les bons chiffres de la Moselle

En Moselle, comme ailleurs, la micro-entreprise a le vent en poupe. Elle capte plus de six nouvelles créations sur dix. On pourrait penser que dans un paysage où se mêlent un certain hédonisme des créateurs et leurs convictions à proposer, faire vivre, une forme d’entreprise portée par les valeurs de l’éthique et du développement durable, les formes plus classiques d’entreprises sont quelque peu délaissées, que la bonne vieille SARL et consorts subissent une érosion face à ces évolutions sociétales. Il n’en est rien. Ces entreprises nées sous le statut de société résistent à l’air du temps. Elles gardent une marge de fiabilité indéniable, même si leur constitution parfois est plus ardue que d’autres formes d’entreprises. Les statistiques émanant de l’Insee dégagent une constance remarquable depuis une décennie. Sur les 10 premiers mois de cette année, 2 254 sociétés se sont créées dans le département. C’est 23 % du total des créations en Moselle (9 484). Un regard pré-Covid est un témoignage parlant. En 2019, 1 653 sociétés nées, soit 22 % du global. En 2015, 1 414 sociétés nouvelles, soit 21 % des créations. En 2012, 1 397 sociétés portées sur les fonts baptismaux, soit 24 % de l’ensemble des créations. Les structures de type société les plus utilisées sont en général la SAS et la SARL. Les créations de SA sont plus minoritaires car demandant des capitaux plus importants. Toutefois, ces règles de fonctionnement peuvent rassurer des investisseurs avec la présence d’un commissaire aux comptes, des organes de direction… Le Code civil donne une définition de la société : «La société est instituée par deux ou plusieurs personnes qui conviennent par un contrat d’affecter à une entreprise commune des biens ou leur industrie en vue de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. Elle peut être instituée, dans les cas prévus par la loi, par l’acte de volonté d’une seule personne. Les associés s’engagent à contribuer aux pertes.»

Personnalité morale

Pour disposer de la personnalité morale, c’est-à-dire exister et être reconnue comme une personne à part entière, une société doit demander son immatriculation au Registre du commerce et des sociétés (RCS). Dès lors, elle dispose de son propre patrimoine. Elle peut ainsi posséder des biens, s’endetter, ouvrir un compte bancaire, donner des engagements, embaucher des salariés, signer des contrats, engager sa responsabilité… Elle se distingue d’une entreprise individuelle. Dans cette dernière, le patrimoine de l’entreprise et celui de l’entrepreneur sont confondus : ils ne font qu’un. Le risque d’engager son patrimoine personnel est plus important au sein d’une entreprise individuelle, même si la loi a restreint l’étendue de cette responsabilité. Sociétés de personnes, de capitaux, hybrides, à objets civil, commercial ou coopératif, elles composent un arc large pour entreprendre. Dans un décorum entrepreneurial prenant la vague du «monde d’après», elles sont, bien rassurantes, les boussoles et balises du «monde d’avant». Un peu de stabilité et de repères, on ne va pas s’en plaindre par les temps qui courent...