Les grands défis des instituts de beauté et spas en Moselle

La Confédération nationale artisanale des Instituts de Beauté et Spas (Cnaib Spa) représente en France plus de 40 000 établissements. Rattachée à la Cnams - l’une des cinq organisations affiliées à l’u2p, elle-même faisant partie des trois grandes organisations patronales en France (avec le Medef et la Cpme), la Cnaib Spa fédère instituts de beauté et de bien-être, esthétique à domicile, spas, centres de formations et écoles et fournisseurs (ceux-ci sous l’égide du Groupement des Entreprises de Marques et Matériels Esthétiques), dans un faisceau de prestations, dont la grande majorité s’articule autour de l’épilation et des soins du visage. On recense aussi, à des degrés divers, soins du corps, prothésiste ongulaire, soins de manucure, UV, maquillage…

L'inquiétude du coût de l'énergie

La branche, largement féminisée dans ses effectifs, jeune, offre une relative stabilité d'emploi avec 77 % de ses salariés en temps plein et 77 % en CDI. Lesquels bénéficient de formations régulières. Pourtant, tout n’est pas un long fleuve tranquille dans un cadre conjoncturel et plus global. En Moselle, la présidente de la CNAIB SPA est Séverine Stano, elle-même gérante d’un institut de beauté à Boulay-Moselle. En cette rentrée, à l’image de ses collègues, celle qui est également présidente de l’u2p Moselle, scrute les semaines à venir avec un lot d’incertitudes, pour dire quelques inquiétudes légitimes, même si l’envie d’aller de l’avant est bien là. Ne pas baisser les bras, faire face aux difficultés : c’est sans doute le leitmotiv partagé ici. Depuis les débuts de la pandémie au printemps 2020 jusqu’à aujourd’hui, rien ne fut facile pour ces artisans. La grande interrogation immédiate est relative au coût des matières premières et de l’énergie. Séverine Stano est réaliste et ne manie pas le déni : «Cela va impacter nos établissements. À un moment, les gens vont devoir faire des choix, et naturellement privilégier de s’alimenter, se déplacer, se chauffer. On sent un ralentissement dans nos instituts.»

Des difficultés de recrutement

À son échelon local, la CNAIB SPA Moselle relaie toutes les informations de sa confédération nationale à son réseau d’adhérents. Cela recoupe les informations légales, juridiques, sociales, de droit du travail. Séverine Stano, en évoquant le quotidien de sa profession dans le département, revient sur un point essentiel : la pénurie de personnel, laquelle n’est malheureusement pas propre au domaine de l’esthétique : «J’ai des collègues qui cherchent depuis un an et ne trouvent pas. On essaie comme on peut d’augmenter les salaires, de garantir de meilleures conditions de travail. Nos charges sont bien là, pas en baisse. Mais, il faut le constater, beaucoup de postulants ne veulent pas travailler le samedi ou en soirée. La recherche est à un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle. C’est une grande difficulté pour nos établissements, cela les empêche de se développer.» Il est un élément, primordial, sur lequel la CNAIB SPA 57 œuvre de concert avec ses instances nationales : une plus grande protection de ses métiers. Dans un marché du bien-être en pleine explosion, découlant des répercussions sociétales de la crise Covid, la clarté des interventions des uns et des autres n’est pas évidente.

Élever le niveau des compétences

Séverine Stano insiste sur ce facteur clé : «Aujourd’hui, un simple titulaire d’un CAP peut ouvrir un institut. Clairement, ce niveau d'entrée n’est pas suffisant. Il faudrait le porter à un niveau brevet professionnel. Des personnes sans expérience, comme d’autres possédant des références anciennes et plus à jour, créent une confusion. Au final, ce sont les instituts sérieux qui en pâtissent. Nous faisons beaucoup de pédagogie vers la clientèle afin de l'inciter à aller vers de vrais professionnels. N’oublions pas que nous touchons aux corps, aux visages et donc à la santé. Pour garantir le maximum de qualité et de sécurité dans les soins à la clientèle, la CNAIB SPA et ses partenaires travaillent actuellement avec les instances ministérielles afin que le cadre soit durci. Les compétences doivent être revues à la hausse, comme le niveau des diplômes.» Sur le périmètre mosellan, la CNAIB SPA entend interpeller les élus et décideurs sur les interrogations de la profession. Pour cela, la mobilisation des adhérents est essentielle. Reste à convaincre les premiers concernés. Pas une sinécure. Séverine Stano fait ce constat : «La CNAIB SPA Moselle compte 30 adhérents sur 700 professionnels répertoriés. On gagnerait à être plus. Si nous voulons pérenniser nos établissements, faire reconnaître nos métiers comme ils le méritent, il n’y a pas d’autres solutions que de jouer collectif et nombreux.» Instituts de beauté et espaces de soins corporels s’inscrivent dans le giron de l’économie de proximité. Laquelle est la plus prolixe en emplois et en interaction sociale. Fragile également quand on sait que 77 % de ces établissements de beauté sont d’abord des indépendants travaillant en solo et que 20 % ont un effectif de 1 à 5 salariés. On mesure là toute l'importance de l'enjeu...